Qu’en est-il de l’actualité politique en Haïti ? 

Par Médéric Dens 

Une attaque à Pont Sondé a fait 115 décès le 3 octobre dernier. 

Alors que l’attention médiatique est portée vers le conflit Russo-Ukrainien ou le dérapage du conflit au proche et Moyen-Orient, la situation en Haïti est, quant à elle, loin de s’estomper. Le 3 octobre dernier, une attaque sanglante s’est déclenchée à Pont Sondé, faisant état d’environ 115 morts et élevant le bilan total à 3600 décès depuis la prise d’assaut des réseaux criminels au pays.   

Alors que plus de 80 % des quartiers de Port-au-Prince sont contrôlés par les gangs criminels, la situation sanitaire et alimentaire est en chute libre au pays. Une récente étude onusienne a démontré des données frappantes : près de 12 millions d’Haïtiens requièrent une aide alimentaire d’urgence.  

C’est alors que la population, déjà en situation précaire, est visée par une attaque sanglante. Au milieu de la nuit, des membres du gang « Gran Grif » ont ouvert le feu en direction des civils, terrorisant ainsi Haïti, mais aussi la scène internationale. Cette attaque s’ajoute à la longue liste d’offensives déjà lancées sur des civils.  

« Ce nouvel acte de violence, visant des civils innocents, est inacceptable et exige une réponse urgente, rigoureuse et coordonnée de l’État », a déclaré le premier ministre haïtien, Garry Conille, lors d’une visite à l’hôpital de Saint-Nicolas. Les survivants de l’attaque, et les autres civils haïtiens accusent par ailleurs l’inaction des autorités, ayant été avertis des attaques trois jours avant par le gang criminel lui-même.  

Alors qu’Haïti semble être au bord du précipice, le Haut-Commissaire des droits de l’Homme aux Nations Unies demeure optimiste. « La résolution de la crise actuelle n’est pas un défi démesuré, ni en termes de stratégie ni en termes de coût », a-t-il mentionné lors de la 57e session du Conseil des droits de l’Homme.  

Cependant, l’aide internationale semble être dirigée vers d’autres conflits, puisque seulement 39 % du 374 millions de dollars annoncés dans le plan d’aide humanitaire en Haïti ont été amassés.  

Des tensions de l’autre côté de la frontière  

Alors que de nombreux Haïtiens quittent le pays par peur, la République dominicaine a annoncé la déportation de plusieurs milliers de migrants haïtiens sur son territoire. Cette déportation, selon le gouvernement dominicain, se fait par peur de voir une augmentation de la criminalité et de la violence, en lien avec une hausse du taux de pauvreté.   

Une semaine seulement après cette annonce, le gouvernement dominicain a déclaré avoir déporté déjà plus de 11 000 Haïtiens. Pour les Haïtiens vivant en République dominicaine, c’est une véritable tragédie. Certains Haïtiens et Haïtiennes se sont même fait extorquer par les autorités locales, sous peine de se faire expulser du pays, selon des témoins locaux.  

Selon Gandy Thomas, représentant d’Haïti à l’Organisation des États américains, il définit cette vague de déportation comme étant « une campagne discriminatoire ciblant les Haïtiens, en raison de leur nationalité et de leur couleur de peau. De telles actions ne sont pas seulement moralement répréhensibles, mais elles violent également des principes fondamentaux du droit international ». 


Source: U.S. Marine Corps Rawpixel

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