Par Raphaël Roy
Le gouvernement Trudeau annonce cette semaine l’envoi de près de 90 millions dollars de matériels militaires en Ukraine s’inscrivant ainsi dans la tendance de plusieurs pays européens qui s’accordent pour accélérer les livraisons d’armements. Anita Anand, ministre de la Défense du gouvernement, explique que le Canada fournira 200 véhicules blindés à l’Ukraine ainsi qu’une aide financière de 500 millions selon un article de Radio-Canada publiée le 18 janvier 2023. Cette aide financière, militaire et humanitaire, représente près de 5 milliards depuis le début du conflit.
L’Amérique et l’Europe comme armurier de l’Ukraine
Les pays comme la France, le Canada, l’Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni fournissent ou sont sur le point d’envoyer des armes plus puissantes à Kiev comme les véhicules de combat Bradley, les chars légers français AMX-10 RC ou bien les véhicules blindés de transport de troupes (VBTT) Senator fabriqués en Ontario. Pour ce qui concerne ces types d’armes, il s’agit d’abord et avant tout d’armes répondant à des buts défensifs.
Or, le gouvernement de Volodymyr Zelensky fait pression sur ses alliés depuis plusieurs semaines pour obtenir des armes offensives comme des chars lourds et des missiles de longue portée. Dès lors, il y a un dilemme éthique pour les pays occidentaux, car comment tracer la ligne entre la nécessité de livrer des armes aux troupes ukrainiennes afin qu’elles défendent leur territoire et alimenter une possible escalade des tensions avec la Russie qui pourrait voir une menace imminente dans le déploiement d’armes offensives à ses frontières ?
Menace réelle ou bluff
Il y a une réelle question stratégique concernant la livraison des chars léopards allemands à l’Ukraine. Dans cette optique, si la Russie est poussée trop loin ou trop vite du territoire ukrainien, le président, Vladimir Poutine, pourrait dégénérer et, dans le pire des cas, entraîner des conséquences difficiles à prévoir. En effet, monsieur Poutine menace depuis le début du conflit les puissances occidentales qui voudraient s’ingérer dans cette guerre avec des déclarations outrageuses comme celle-ci tirée d’un article de La Presse du 24 février 2022 : « À tous ceux qui envisageraient d’intervenir de l’extérieur : si vous le faites, vous ferez face à des conséquences plus importantes que celles auxquelles vous avez été confrontés dans l’histoire ».
Malgré ces menaces, l’ingérence occidentale soutenue n’a entraîné aucune conséquence militaire jusqu’à maintenant, tout comme la demande de la Suède et de la Finlande d’adhérer à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Au-delà du théâtre des opérations militaires en Ukraine, on assiste à un affrontement politique, économique, diplomatique, culturel et géostratégique qui oppose l’Occident à la Russie et ses alliés.
Par conséquent, est-ce que l’Occident est en mesure d’insister pour que ses armes ne soient pas utilisées pour attaquer la Russie ? Car sans l’aide occidentale, le peuple ukrainien est laissé à lui-même, confronté au froid et à la faim par la destruction des infrastructures énergétiques du pays. Avec ses armes offensives, est-ce que l’Ukraine fait face à une potentielle menace nucléaire sur son territoire ?
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