Manifestations au Bangladesh : départ de Sheikh Hasina 

Par Meg-Anne Lachance 

La première ministre Sheik Hasina lors du Girl Summit de 2014. 

C’est une victoire pour les regroupements étudiants bangladais. Après plus d’un mois de manifestations, la première ministre Sheikh Hasina a annoncé quitter ses fonctions. Son départ fait suite à un appel de désobéissance civile. 

Le calme était loin d’être présent au Bangladesh. Après avoir affirmé que l’ordre public était « sous contrôle », l’armée bangladaise a fait face à la pire journée de contestation depuis le début du mouvement. 

« Sheikh Hasina devrait non seulement démissionner, mais aussi comparaître devant un tribunal pour meurtres, pillage et corruption », a lancé Nahid Islam, leader de la coalition Students Against Discrimination

Le groupe a refusé, le 3 août dernier, la demande de la première ministre à se rencontrer pour discuter. Les leaders ont par la suite lancé un appel à la désobéissance civile. 

« Cela inclut le non-paiement des impôts et des factures de services publics, des grèves des fonctionnaires et l’arrêt des envois de fonds à l’étranger par le truchement des banques, ont précisé à l’AFP Asif Mahmud, membre de l’organisation étudiante. 

Des millions de personnes ont répondu à l’appel et sont sortis lundi dans les rues de Dacca. Les personnes manifestantes ont envahi le parlement et plusieurs bureaux de Ligue Awami, le parti de Sheikh Hasina, ont été pillés et incendiés.  

Des incendies ont forcé les deux principales chaînes de télévision progouvernementales du pays à cesser toutes activités. Des attaques ont également été menées à la résidence personnelle de Mme Hasina et sur différents bâtiments appartenant à son parti et son entourage.  

Cette dernière avait toutefois fui le pays par hélicoptère, quelques heures plus tôt. 

Retour au calme 

Le chef de l’armée bangladaise, le général Waker-Uz-Zaman, avait annoncé la formation d’un gouvernement intérimaire, quelques minutes suivant le départ d’Hasina.  

Après avoir dissous le parlement, le président Mohammed Shahabuddin a rencontré des responsables du collectif Students Against Discrimination ainsi que de hauts dignitaires de l’armée pour discuter de la suite. 

Le dialogue a finalement abouti à l’annonce de Muhammad Yunus, ancien prix Nobel de la paix, comme chef du nouveau gouvernement intérimaire. 

« J’ai toujours mis la politique à distance […] Mais aujourd’hui, s’il faut agir au Bangladesh, pour mon pays, et pour le courage de mon peuple alors je le ferai », a-t-il écrit à l’AFP.  

Yunus avait été l’un des premiers à dénoncer publiquement les attaques sur les personnes étudiantes du mois dernier. 

Lors de sa cérémonie d’assermentation, Muhammad Yunus a assuré qu’il « défendrait, soutiendrait et protégerait la Constitution », ajoutant qu’il remplirait avec « sincérité » ses fonctions de conseiller en chef. 

Selon certains spécialistes, l’ancien prix Nobel a un important défi devant lui : rebâtir la démocratie au Bangladesh. Le conseiller en chef doit maintenant mener « un processus démocratique » au pays, en vue des prochaines élections. 

Le mouvement de désobéissance civile a fait 132 morts, portant le bilan de décès à 432. Le nouveau chef de la police Mainul Islam a promis mercredi une enquête impartiale sur les manifestations et a présenté ses excuses pour la conduite de ses prédécesseurs.  


Source: Wikimedia Commons

Meg-Anne Lachance
Cheffe de pupitre SOCIÉTÉ at Journal Le Collectif

Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!

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