Manifestation anti-avortement à Sherbrooke : faut-il craindre?

Par Victor Dionne

Depuis le 22 septembre et jusqu’au 31 octobre, l’organisation chrétienne Campagne Québec-Vie tient une manifestation devant une clinique d’avortement de Sherbrooke. Le groupe, qui se positionne contre l’avortement et le mariage homosexuel, soutient qu’il s’agit de démonstrations pacifiques pour sensibiliser et informer la population sur les effets de l’avortement.

Au même moment, ce groupe manifeste aussi à Montréal sous le thème des « 40 jours pour la Vie », poussant un programme teinté de croyances chrétiennes conservatrices. Cette situation se présente quelque temps après le maintien de la loi SB8 au Texas, qui restreint de manière importante l’avortement. Cette nouvelle a été couverte par une collègue au Collectif, Josiane Demers, le 12 septembre dernier.

Rouvrir le débat?

Bien qu’il soutienne qu’il s’agisse de « sensibilisation de rue » via son site web, le groupe Campagne Québec-Vie présente tout de même sur sa page une photo avec des militants tenant une banderole où l’on peut lire « Prions pour la fin de l’avortement ». Bien sûr, ce n’est évidemment pas la première fois qu’un groupe religieux s’impose devant une clinique pour manifester son mécontentement envers les lois sur l’avortement; mais est-ce une coïncidence que les manifestations aient commencé seulement quelques jours après l’adoption de la loi au Texas? Font-ils pression pour rouvrir le débat?

À la suite de l’élection du 20 septembre dernier, il est clair que le gouvernement de Justin Trudeau n’abordera pas la question de l’avortement; du moins pas pour restreindre sa pratique. Erin O’Toole, chef du Parti conservateur, s’était aussi positionné lors de la campagne électorale en mentionnant qu’il était pro-choix.

Toutefois, il faut être vigilant face au mouvement pro-vie. Lors du congrès à la direction du Parti conservateur du Canada (PCC) de 2020, la candidate Leslyn Lewis misait sur l’interdiction de certains avortements comme élément central de campagne. Elle était soutenue par le groupe antiavortement Right Now et avait recueilli près de deux millions de dollars en dons. Elle s’était aussi illustrée en menant le vote populaire lors de la course à la chefferie jusqu’au vote subséquent.

De plus, dans sa plateforme électorale 2021, le PCC mentionnait qu’il voulait « protéger le droit de conscience » des spécialistes de la santé, leur permettant de refuser la pratique d’un acte médical quelconque. Était-ce une façon de restreindre l’avortement?

Et quelles sont les lois en matière d’avortement?

L’avortement est décriminalisé au Canada depuis 1988. La Cour suprême avait légiféré en invoquant la Charte canadienne des droits et libertés, mentionnant que « Forcer une femme, sous la menace de sanction criminelle, à mener le fœtus à terme […] est une ingérence profonde à l’égard de son corps et donc une atteinte à la sécurité de sa personne. » Néanmoins, le législateur peut tout de même restreindre ce droit pour protéger le fœtus, soutient la Cour. La pratique de l’avortement est gratuite, accessible à tous (tout dépendant des situations) et sans délai maximal.


Crédit photo @ Jenn Farr

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