Maintien des exigences de la loi 96 pour les étudiants autochtones 

Par Samuel Bédard 

Le gouvernement de François Legault reste intransigeant. Les exigences de la loi 96 en matière de français s’appliquent sans exception à la population étudiante autochtone fréquentant les cégeps anglophones.  

Cette loi oblige les membres des Premières Nations à réussir au moins trois cours de français dans leur parcours scolaire. La communauté étudiante qui habite sur une réserve depuis au minimum un an peut remplir un formulaire pour en être dispensée. Cette conviction du gouvernement, représentée par le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, a suscité de vives réactions de la part des cégeps et des regroupements autochtones. 

L’ancien ministre de l’Éducation défend la position du gouvernement en affirmant que les exemptions accordées sont raisonnables et que les cours proposés sont adaptés au niveau scolaire de la communauté étudiante autochtone. Le ministre a profité de l’occasion pour critiquer les établissements anglophones pour leur méconnaissance des exigences gouvernementales. Selon lui, les cours de français imposés dans le cadre de la loi 96 se fondent sur une évaluation préalable du niveau académique des élèves. Cela devrait, en principe, prévenir les risques d’échec. 

Une position qui ne passe pas chez les principaux intéressés  

Cinq cégeps anglophones ont fait front commun dans une lettre adressée au Premier ministre François Legault. Ceux-ci demandent l’exemption totale de la communauté étudiante autochtone des exigences de la loi 96. Ils craignent que ces contraintes incitent les élèves à déménager en Ontario ou à abandonner leurs études.  

Les cégeps anglophones soulignent les difficultés supplémentaires que la loi impose à la population étudiante autochtone. Les directrices des collèges Dawson et John Abbott ont exprimé leurs préoccupations quant à l’impact de ces exigences sur la rétention et la réussite des élèves. Selon elles, le français est souvent la barrière de trop pour les membres des Premières Nations.  

Des regroupements autochtones comme l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL) et le Conseil en éducation des Premières Nations (CEPN) contestent ces obligations par l’entremise d’une action judiciaire. Pour eux, cette loi adoptée en 2022 constitue un frein à la réussite scolaire et professionnelle des autochtones, ce qui nuit à leur survie culturelle et économique. Ces organisations soutiennent que la loi impose des obstacles systémiques et discriminatoires, particulièrement en matière d’éducation. Le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, a appelé le gouvernement à rencontrer les étudiants et les étudiantes autochtones et à être transparent dans ses démarches.  

Le gouvernement répond 

Le ministre des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a rappelé qu’une loi spécifique pour protéger les langues et les cultures autochtones avait été proposée. Celle-ci avait cependant été rejetée par l’APNQL. Le cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, a réaffirmé sa sensibilité à la question de l’accessibilité aux études pour les peuples des Premières Nations. Selon le ministre, les allègements réglementaires mis en place pour adapter les cours de français au niveau académique de la population étudiante s’inscrivent dans une volonté réelle d’assurer la réussite des élèves de ces communautés.  


Source: Facebook François Legault

Scroll to Top