Par Jérémy Plamondon
Le 17 avril 2023, la maison mère CBC/Radio-Canada a pris la décision de suspendre l’activité de tous ses comptes sur le réseau social de microblogage Twitter. Cette annonce survient à la suite de la décision du géant des réseaux sociaux d’apposer l’étiquette « média financé par le gouvernement » sur le compte de la CBC, un libellé vivement dénoncé par la société d’État canadienne.
Cette décision de Twitter est en réponse à un communiqué du chef du Parti conservateur du Canada Pierre Poilievre, le 11 avril, qui demandait que les différentes variantes des comptes de la CBC sur Twitter soient étiquetées de cette mention. Ce dernier s’est d’ailleurs réjoui de la nouvelle, réagissant la journée même en écrivant en anglais que « les gens savent maintenant que CBC fait de la propagande de Trudeau, pas des nouvelles ».
Plusieurs opposants politiques n’ont pas tardé à répliquer à ces déclarations. Notamment, le premier ministre Justin Trudeau qui a accusé le chef de l’opposition officielle de s’allier au milliardaire Elon Musk (propriétaire de Twitter) afin de s’attaquer à une institution importante pour les personnes canadiennes.
Une étiquette lourde de sens
Un élément central de cette polémique est la définition qui est donnée par Twitter d’un « média financé par le gouvernement ». En effet, selon l’oiseau bleu, « les médias financés par des gouvernements sont des médias dont les financements proviennent en partie ou en totalité d’un gouvernement, et dont le contenu éditorial est susceptible d’être influencé à des degrés divers par ce gouvernement ». `
Cette définition, selon plusieurs intervenants, n’est pas appropriée pour CBC/Radio-Canada, puisque la Loi sur la radiodiffusion de 1991 stipule que “ la Société jouit, dans la réalisation de sa mission et l’exercice de ses pouvoirs, de la liberté d’expression et de l’indépendance en matière de journalisme, de création et de programmation ”. La journaliste de Radio-Canada, Luce Julien, a d’ailleurs exprimé que cette étiquette contrevenait aux principes fondamentaux des Normes et pratiques journalistiques (NPJ) que sont l’exactitude et l’impartialité.
Twitter reste impassible
Malgré l’opposition à ce genre d’identification, Twitter et son propriétaire Elon Musk ne semblent pas être ouverts à en discuter avec les médias affectés, dont la NPR aux États-Unis et la BBC au Royaume-Uni. En effet, en réponse aux questions de plusieurs médias par rapport à la situation, le réseau social a seulement répondu avec un message généré automatiquement, contenant un vulgaire émoji de fèces.
De plus, face à cette levée de boucliers, Elon Musk a changé le libellé de CBC pour “ financé par le gouvernement à 69 % ”, en réaction au média qui stipulait, selon lui, être financé à moins de 70 % par le gouvernement. Une réponse qui, selon le diffuseur, manque de sérieux.
Crédit image @Twitter