Par Victor Dionne
* Au moment d’écrire ces lignes, la libération de Raif Badawi n’avait pas encore été annoncée.
Le 17 juin 2012, Raif Badawi est arrêté en Arabie Saoudite pour des motifs reliés à la liberté d’expression. Selon les autorités saoudiennes, il avait mis en place un site Web compromettant la sécurité nationale, notamment car il critiquait l’omniprésence du religieux dans le pays. Dix ans et 1000 coups de fouet plus tard, le blogueur et créateur du site Free Saudi Liberals n’est toujours pas sorti de prison, bien qu’il ait purgé sa peine.
Sa femme, Ensaf Haidar, et ses trois enfants attendaient avec impatience sa libération qui devait avoir lieu entre le 28 février et le 3 mars. Pour l’instant, aucune nouvelle concernant son relâchement n’a été rapportée, au grand désespoir de sa famille. L’organisme non gouvernementale (ONG) Amnistie internationale a aussi exprimé son mécontentement par voie de communiqué.
Ce n’est pas fini…
Devant l’hôtel de ville de Sherbrooke, ville d’accueil de la famille Badawi, des manifestants se sont rassemblés pour une 375e vigile. Malgré l’espérance que la 374e ait été la dernière, Mme Haidar et sa famille semblent prêtes à continuer selon son entourage. « On prend ça une vigile à la fois. On n’a pas commencé ça en se disant : on va être là pour dix ans. On a commencé parce qu’on y croyait et notre soutien est important pour eux aussi. Raif me l’a dit à quelques reprises, Ensaf aussi et même les enfants le disent comme c’est important pour eux de se sentir moins seuls », mentionnait la manifestante Monia D’Amours à La Tribune le 4 mars.
La famille Badawi doit aussi faire face à d’autres obstacles. Lorsque M. Badawi sortira de prison, il ne pourra pas voyager pendant dix ans, ne va pas pouvoir travailler dans les médias et devra payer une amende de 335 000 $. Amnistie internationale va continuer à faire pression pour s’assurer qu’il puisse rejoindre sa famille. De plus, Mme Haidar espère avoir de l’aide du premier ministre Justin Trudeau et de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly pour « libérer Raif à 100 % », confiait-elle à La Tribune.
Pression d’Amnistie internationale
Le 5 mars, Amnistie internationale a partagé un communiqué réclamant la libération immédiate de l’homme de 38 ans. Demandant du même coup la levée de l’interdiction de voyager pour que M. Badawi retrouve sa famille, la directrice régionale de l’ONG, Heba Morayef, dénonce le mépris de l’Arabie Saoudite envers les libertés : « la poursuite de la détention de Raif Badawi révèle le mépris total des autorités saoudiennes pour le doit à la liberté, à la liberté d’expression et même pour leur propre législation. »
Rappelons que M. Badawi a été proposé en 2015 et 2016 pour le prix Nobel de la Paix et a gagné le prix Reporters Sans Frontières dans la catégorie net-citoyen en 2014. Il a également obtenu un doctorat honorifique de l’UdeS en 2017 pour son apport exceptionnel à la défense de la liberté d’expression.
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