Par Samuel Bédard
En raison des changements climatiques attribuables aux activités humaines, la fenêtre pour limiter à 1.5 °C la hausse des températures est presque fermée, selon une étude parue mercredi dans la revue Earth System Science Data.
Cette dernière souligne l’urgence d’agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). D’après les conclusions des scientifiques, le réchauffement causé par l’empreinte humaine a augmenté à un rythme de 0.26 °C entre 2014 et 2023. Cette accélération rapide est inédite depuis que ces données sont comptabilisées. L’étude a été réalisée par près de soixante chercheurs par l’entremise des méthodes du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
Des données recueillies dans une perspective de changement politique
Les scientifiques impliqués ont annoncé leur volonté de fournir des données quotidiennement afin d’alimenter les négociations des conférences mondiales sur le climat. La décennie actuelle est jugée décisive pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris de 2015, qui s’engage à contenir le réchauffement climatique en dessous de 1.5 °C.
Un moment critique avant la Conférence de Bakou de 2024 sur les changements climatiques
Cette publication coïncide avec la réunion des représentants du monde entier à Bonn, en Allemagne, pour préparer les négociations climatiques avant la COP29. Celle-ci se tiendra à Bakou en novembre prochain.
Des niveaux records de GES
Le réchauffement est largement attribué aux émissions de gaz à effet de serre résultant de l’utilisation massive des énergies fossiles, dont le pétrole, le gaz et le charbon. Ces émissions ont généré à elles seules environ 53 milliards de tonnes de CO2 par an entre 2013 et 2022. La climatologue Valérie Masson-Delmotte a rappelé que l’accélération du réchauffement augmente les risques de canicules, de sécheresses et de pluies extrêmes à travers le monde.
Un réchauffement qui se fait déjà sentir
Selon un rapport du centre climatique de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC) dévoilé le 28 mai dernier, les changements climatiques ont causé en moyenne 26 jours de chaleur extrême supplémentaires à travers le monde au cours des douze derniers mois. Plus de 78 % de la population mondiale a connu au moins 31 jours de canicule durant cette période.
Au total, ce sont plus de 76 vagues de chaleur extrême qui ont été recensées dans plus de 90 pays. L’Amérique latine est la région du monde la plus touchée. Le Suriname, l’Équateur, la Guyane française, le Salvador et le Panama constituent le top 5 des pays avec le plus grand nombre de vagues de chaleur.
Un appel à l’action malgré un optimisme prudent
Malgré ces niveaux records, le rythme d’augmentation des émissions de CO2 a ralenti dans la dernière décennie par rapport aux années 2000. Piers Forster de l’Université de Leeds et auteur principal de l’étude, voit dans ce rapport une mince pointe d’optimisme, suggérant que les émissions mondiales pourraient atteindre leur pic et commencer à décliner significativement.
Source: Pixabay