Le président iranien Ebrahim Raïssi est mort 

Par Alexandre Ménard 

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, est mort dans un accident d’hélicoptère le 19 mai dernier. Selon le ministre iranien de l’Intérieur, l’hélicoptère de la flotte présidentielle aurait effectué un «atterrissage brutal» alors qu’il revenait d’un voyage dans la province iranienne de l’Azerbaïdjan orientale. 

Le ministre des Affaires étrangères, Hossein Amirabdollahian, a également perdu la vie dans l’accident. Selon des sources iraniennes, l’hélicoptère s’est écrasé dans un épais brouillard. L’épave calcinée du transport a été retrouvée le matin après des heures de recherche dans des conditions similaires à celles d’une tempête de neige, sur un terrain montagneux à la frontière avec l’Azerbaïdjan. Raïssi et Amirabdollahian revenaient d’une rencontre avec le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, où ils avaient inauguré ensemble un barrage. 

Qui était Raïssi? 

De nombreux Iraniens se souviendront surtout de Raïssi comme symbole de la répression en Iran. Peu après la révolution de 1979, il a été nommé procureur à Karaj malgré son manque de qualification. Dans cette fonction, il était responsable en 1988 des condamnations à mort de milliers d’opposants au régime. 

Moins de vingt ans plus tard, en tant que chef du pouvoir judiciaire, il a prononcé des condamnations à mort contre ceux qui protestaient contre la réélection controversée du président de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad. Le Mouvement vert a été l’une des plus grandes vagues de protestation en Iran, des centaines de milliers de personnes sont alors descendues dans la rue. 

Depuis août 2021, Raïssi dirigeait les affaires du gouvernement en tant que président. Ce partisan d’une ligne dure ultraconservatrice était considéré comme le deuxième homme politique le plus puissant d’Iran, derrière Ali Khamenei, le chef spirituel et politique de la République islamique. 

Quel impact? 

Le véritable pouvoir en Iran est détenu par le Guide révolutionnaire Khamenei et par les Gardiens de la révolution, l’influence du président étant donc limitée. C’est la raison pour laquelle les experts ne s’attendent pas à une crise d’État. Néanmoins, la recherche d’un successeur pourrait s’avérer difficile, considérant que Raïssi était également pressenti pour succéder à Khamenei. L’actuel chef religieux a assuré que les activités du gouvernement ne seraient en aucun cas perturbées, malgré le décès des deux hommes d’État. 

Durant le mandat de Raïssi, les relations de l’Iran avec l’Occident se sont encore détériorées, notamment parce que le pays a poursuivi son programme d’armement nucléaire en dépit de toutes les sanctions. En contrepartie, la République islamique a développé sa coopération économique et militaire avec la Chine et la Russie. Téhéran a ainsi fourni des drones à la Russie pour la guerre en Ukraine et des milices armées dans la région.  

Ces derniers temps, l’Iran a fait de plus en plus la une des journaux, notamment en raison de la menace d’une guerre régionale face à Israël. D’un point de vue géopolitique, la mort des deux hommes devrait entraîner des conséquences. Amirabdollahian était considéré comme l’architecte du rapprochement avec des États comme l’Arabie Saoudite et parlait couramment l’arabe — une rareté en Iran, où la langue officielle est le persan. Cependant, il reste trop tôt pour saisir complètement les conséquences de la mort du président et du ministre des Affaires étrangères iranien. 


Source: Wikimedia

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