Le féminisme au service de la solidarité internationale

Par Dorian Paterne Mouketou, Stage en coopération internationale au Sénégal

L’égalité femme-homme (ÉFH) est, plus que jamais, un aspect fondamental faisant partie de la coopération internationale. C’est, en effet, une composante de l’approche genre et développement (GED) visée par les politiques de développement international du gouvernement du Canada et des organismes de coopération internationale. Comment s’assurer de cette ÉFH, au quotidien, lorsqu’on participe à un projet à l’international?

Concevoir la femme comme étant l’égale de l’homme

« La femme sera l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente », avait écrit Françoise Giroud, femme politique, journaliste et écrivaine française. Cette citation provocatrice ironise tristement notre société, où l’on est obligés d’avoir des « quotas » de « représentativité » pour nommer des femmes à des postes de pouvoir. L’être humain ne serait-il pas assez perspicace pour nommer naturellement une femme (parce qu’elle est) compétente à un poste de gestion?

L’auteure Marie Donzel écrit : « À l’heure où face à l’échec des démarches incitatives en faveur de l’égalité […] on prend le parti de la contrainte pour avancer enfin et obtenir des résultats, en fixant la règle et en sanctionnant sa transgression. » Finalement, on considérerait des femmes à des postes d’importance non pas seulement parce qu’elles sont compétentes, mais parce qu’elles sont des femmes. La discrimination positive engendrée par les « quotas » est paradoxale, en ce sens qu’elle occulte une réelle inégalité entre les femmes et les hommes.

« L’égalité d’accès des femmes et des hommes aux responsabilités et aux instances de décision, ajoute Marie Donzel, est une question de principe. La conditionner à des exigences de compétence supérieures pour un genre est fondamentalement injuste. » Ainsi, la société ne doit pas imposer des critères supplémentaires à une femme pour prouver ses compétences. De même que la société ne doit pas concevoir l’accession des femmes aux postes importants comme une contrainte ou une discrimination positive; elle doit considérer la femme simplement comme l’égale de l’homme et lui donner les mêmes chances, en toutes circonstances.

Le woman empowerment, plus que jamais fondamental

Ainsi, être coopérante et coopérant volontaire illustre sans doute une volonté d’améliorer les choses, la condition de vie des gens et l’environnement dans lequel ceux-ci vivent. Toutefois, les femmes n’ont pas accès aux mêmes privilèges et tribunes dans certains pays. De ce fait, l’approche GED visant l’égalité entre les femmes et les hommes compense certaines inégalités de représentativité dans certaines communautés.

En ce sens, il faut impliquer les femmes sur quatre plans. Elles doivent être, dans un premier temps, des bénéficiaires de l’aide au développement ou de la solidarité internationale. En ce sens, notre action les vise directement. Aussi, elles peuvent participer à l’action en y travaillant directement. Ainsi, elles peuvent faire la différence dans leur communauté. En outre, les femmes doivent être consultées dans le cadre des activités qui visent leur milieu et dont elles peuvent être bénéficiaires. Elles ont une connaissance du milieu et peuvent, enfin, être au cœur de l’action en tant que planificatrices et décideuses.

Pour soutenir cet effort, l’Organisation des Nations unies a mis en place des objectifs de développement durable (ODD) pour 2015-2030. Le cinquième voudrait « parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles ». Ainsi, il faut cibler les secteurs clés des principaux besoins des femmes. L’autonomisation des femmes doit d’abord se faire sur le plan politique : il faut manifester la volonté de placer la femme au cœur des enjeux de société et de la politique. Ensuite, il faut permettre une autonomisation sur le plan économique, où la femme peut également jouer un rôle essentiel.

« Les femmes sont le plus gros réservoir inexploité de talents du monde », disait Hillary Clinton, ex-Première Dame, ex-candidate à la présidence et ex-secrétaire d’État des États-Unis sous la présidence de Barack Obama. En effet, le pouvoir économique des femmes est aussi bénéfique à la société. Mieux : il est une richesse! Évidemment, sur les plans environnemental et social, l’on ne peut exclure les femmes non plus. Enfin, cette autonomisation doit se poursuivre sur le champ familial, où le rôle des femmes est plus que primordial.

L’actrice française Coline Serreau a écrit : « Le travail des femmes n’est pas un cadeau pour les femmes, c’est un cadeau pour la société. » Elle avait vu juste.  En 2019, nous ne pouvons pas concevoir le monde uniquement d’un point de vue masculin. Bref, en tant que coopérantes et coopérants volontaires, nous avons une lourde et noble responsabilité : celle de placer les femmes et les filles, souvent vulnérables dans certains pays, au centre de nos préoccupations et de nos actions. Surtout, souvenons-nous des propos d’Emma Watson, actrice américaine : « Aucun pays dans le monde ne peut aujourd’hui se prévaloir d’être parvenu à installer l’égalité entre les hommes et les femmes. »

En tant que membres de la communauté universitaire, nous avons la chance d’être exposés à l’ouverture, à l’étranger, à celle ou celui qui vient d’ailleurs. Nous avons également le privilège de questionner, d’analyser ou de remettre en question nos modèles de société. Par-dessus tout, nous avons le privilège de voyager, de découvrir et d’aller œuvrer au sein de communautés dans le besoin. En ce sens, nous pouvons mettre notre vision de l’égalité politique entre les femmes et les hommes au service de la solidarité internationale.

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