Par Jacob Desrosiers
Tout récemment, l’ONG IDEA (Institute for Democracy and Electoral Assistance) a publié l’édition 2021 de son rapport sur l’état global de la démocratie à l’international. Parmi les faits les plus marquants du rapport se trouve une observation indiquant que la démocratie américaine serait « en recul ».
Ce constat est d’autant plus intéressant lorsqu’on prend en compte le fait que traditionnellement, la démocratie américaine figure parmi les piliers de l’exceptionnalisme américain, concept abordant que le peuple américain s’illustre à travers le monde par des éléments comme sa culture et sa démocratie. Sachant la fierté qu’ont les Américains pour leur démocratie, il est tout à fait pertinent de se demander ce qui peut expliquer ce déclin.
Les raisons du recul
En premier lieu, il est important de savoir qu’au sein de ce rapport, les 150 États participants sont classés au sein de quatre catégories : démocraties, démocraties en recul, gouvernements dits « hybrides », et finalement, les régimes autoritaires. Les É-U figurent dans la catégorie « démocratie en recul ».
Les premières données démontrant un recul de la démocratie en sol américain auraient été collectées en 2019 durant l’administration Trump. Plusieurs éléments permettent d’expliquer ce dernier. La contestation des résultats aux élections présidentielles à l’automne dernier par l’ex-président Trump sans preuve à l’appui et l’assaut de supporters pro-Trump au Congrès le 6 janvier dernier dans le but d’empêcher le gouvernement de reconnaître la victoire électorale du parti démocrate en sont des exemples.
Parmi les autres éléments cités par l’IDEA permettant d’expliquer le classement attribué à la démocratie américaine, on retrouve l’importante polarisation des élus politiques américains, la chute de la qualité de la liberté de presse et d’association (notamment dans la foulée des manifestations contre la brutalité policière à l’été 2020). Les lois électorales perçues comme discriminatoires envers les minorités visibles dans certains États américains sont aussi mentionnées.
Les éléments cités ci-haut prennent de l’ampleur lorsque l’on considère que les tendances autoritaires du président Trump semblent avoir eu une influence sur d’autres régimes à l’international, selon l’IDEA. Par exemple, nous avons pu assister au cours de l’année dernière à plusieurs démonstrations militaires antidémocratiques dans de nombreux États comme le Pérou et le Myanmar : une tendance qui semble semer beaucoup d’inquiétudes…
Qu’est-ce que cela veut dire?
Le classement de la démocratie américaine comme « en recul » signifie que plusieurs événements ou décisions passés ont affecté l’efficacité du système démocratique américain. Notons cependant qu’il est possible pour le gouvernement américain d’améliorer son classement, comme l’ont fait l’Ukraine et la Macédoine du Nord l’an dernier. Reste maintenant à voir si l’administration Biden saura rectifier le tir
Par contre, le fait demeure que le recul de la démocratie est une tendance qui prend beaucoup d’importance à l’international (notamment dû à la pandémie). Le cas des É-U permet de voir que nul n’est à l’abri de comportements antidémocratiques même si le régime concerné est l’un des plus célébrés à l’international.
Crédit photo @ Raul Najera