Le conflit oublié de l’est de la RDC 

Par Rémi Brosseau-Fortier 

La République démocratique du Congo (RDC) est aux prises avec de violents affrontements entre les forces gouvernementales et plusieurs groupes armés. Ce conflit, aux racines remontant à 1994 au Rwanda, a vu une recrudescence des tensions depuis le début de 2024. Le nombre croissant de morts et de réfugiés fuyant l’est du pays inquiète l’Organisation des Nations unies (ONU).  

Le pays de près de 100 millions d’habitants est affecté par une crise sécuritaire et humanitaire ayant mené aux déplacements de 2,5 millions de personnes uniquement depuis octobre 2023. Les provinces de l’Ituri, du Sud-Kivu et, surtout, du Nord-Kivu, sont touchées. Frontalières avec le Rwanda, ce sont dans ces régions où le groupe rebelle Mouvement du 23 mars (M23) combattent les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).  

Pour le M23, il s’agit de « défendre » la minorité tutsie habitant la zone, mais plusieurs observateurs pointent dans la direction de l’appât du gain : le contrôle des terres riches en or, en étain et en coltan, ce minerai essentiel pour la transition énergétique et la production des appareils électroniques.   

Le M23 est un groupe rebelle né des cendres d’un précédent conflit entre 2006 et 2009. Créé en 2012, le groupe armé estimait que le gouvernement n’avait pas respecté sa parole d’offrir une meilleure représentation politique à la minorité tutsie. Luttant contre la marginalisation des Tutsis dans l’est de la RDC dans les années 2010, le conflit meurtrier entre le gouvernement et le M23 a repris en 2021 avec une occupation de plusieurs villages et villes dans le Nord-Kivu. Le président de la RDC réélu en 2023, Félix Tshisekedi, a vivement dénoncé les conquêtes territoriales du M23 et a accusé le Rwanda de soutenir ce groupe « terroriste » selon des propos rapportés par ARTE.  

Une crise humanitaire négligée  

La ville de Goma, la capitale régionale du Nord-Kivu sous contrôle du M23, est en proie à une épidémie de choléra et à une famine. Lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la crise, le 20 février dernier, la Représentante spéciale du Secrétaire général en RDC, Mme Bintou Keita, a dénoncé une situation humanitaire « désastreuse » en raison de l’aide insuffisante pour subvenir aux besoins des 400 000 réfugiés dans la ville de 2 millions d’habitants. Cette dernière a aussi rapporté de multiples violations des droits de la personne, des viols et des exécutions sommaires commis par divers groupes armés, notamment le M23 qui recruterait des enfants soldats. 

Le gouvernement congolais et les Nations unies ont déclaré avoir besoin de 2,6 milliards de dollars américains pour répondre à la crise humanitaire. D’ailleurs, ce cruel manque de ressources ne se limite pas à l’est de la RDC : Kinshasa et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) ont déclaré que la survie de 8,7 millions de Congolais « dépend largement de l’aide d’urgence ». Ainsi, la crise sécuritaire et humanitaire semble se répandre à l’ensemble du pays. Malgré les nombreuses tentatives de négociations avec des médiateurs dans les dernières années, le conflit perdure. Aux dernières nouvelles, le président Tshisekedi s’est dit fermé aux pourparlers et s’est opposé aux demandes du M23. 


Source: MONUSCO Photos Flickr

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