La Mosquée : une communauté menacée

Par Maria Métivier

Mercredi dernier a eu lieu la première du documentaire La Mosquée : une communauté menacée. Trois ans après le tragique évènement, 5 cinémas un peu partout au Québec ont présenté le documentaire québécois qui raconte l’histoire de la communauté musulmane de Québec et la façon dont elle s’est relevée au lendemain de l’attentat terroriste à la grande mosquée de Sainte-Foy.

Le 29 janvier 2017, Alexandre Bissonnette est entré au Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) vers 19 h 45. Armé, il a ouvert le feu sur les fidèles : 6 morts, une quinzaine de blessés et près d’une quarantaine de vies changées à jamais. Le tireur serait entré à trois reprises dans le lieu de culte, après avoir été recharger son arme. Les 6 personnes tuées étaient toutes des hommes âgés de 39 à 60 ans, mais ils étaient bien plus que de simples citoyens. Il s’agissait de pères de famille, de frères, d’amis et de collègues estimés. Ces pauvres victimes étaient aussi de braves hommes qui ont tenté d’empêcher le drame, aux risques et périls de leur propre vie. Est-ce que leur sacrifice aura été en vain, ou leur mort aidera-t-elle à changer les perceptions?

De braves victimes

Un an après la tragédie, Nasr veut présenter l’image réelle de la communauté musulmane à Québec. Selon lui, il subsiste encore beaucoup de haine et d’ignorance à l’égard des musulmans au Québec. Est-ce toujours le cas? Nasr nous présente une communauté aimante, forte, ouverte, unie, mais aussi blessée, fragile et traumatisée. Un an après l’attentat terroriste, la communauté musulmane a su se relever de ses blessures, mais avec beaucoup de difficultés et de détermination. Le réalisateur nous présente le témoignage de différents hommes et femmes de la communauté musulmane de Québec. Chacune de ces personnes possède un héritage et une histoire différente qui a été changée à jamais après le premier coup de feu. 

Aymen Derbali est surement l’une des victimes les plus touchées de l’attentat. Il s’est jeté devant le tireur dans le but de le distraire. Aymen Derbali a été criblé de sept balles. Son acte d’héroïsme lui aura valu une médaille de bravoure et de courage, mais à quel prix? Aujourd’hui, Aymen est paralysé des jambes et a recours à un fauteuil roulant pour se déplacer. Handicapé à vie, il ne perd pas espoir. Aymen s’accroche fervemment à la vie, notamment par son courage personnel, celui de sa femme, mais aussi l’amour de ses enfants. Azzedine Soufiane est, lui aussi, une victime de l’attentat. Malheureusement, son héroïsme lui aura coûté la vie. Dans une tentative de désarmer le tireur, Soufiane a perdu la vie en essayant de sauver ses frères. Âgé seulement de 57 ans, Azzedine était apprécié de tous. Il était un père de famille et un mari aimant, et un commerçant de la ville de Québec très apprécié.

Selon la veuve d’Azzedine Soufiane, le tireur n’a pas seulement pris la vit d’Azzedine, mais celle de toute sa famille. Aujourd’hui, la petite famille tente de se reconstruire malgré la douleur. Sans jamais oublier le vide laissé la mort de son âme sœur, Mme Soufiane a vendu le petit commerce de son mari et se concentre désormais sur ses enfants. Elle espère leur assurer un avenir heureux, prospère et sécuritaire.

L’islamophobie, bien présente?

La question de l’islamophobie est bien présente dans le documentaire. Le réalisateur lui-même cherche à savoir si l’islamophobie est bien présente au Québec. Il n’est pas rare d’entendre à la radio ou à la télévision ou de lire dans les journaux de la région de Québec des propos un peu discriminatoires à l’égard des minorités culturelles de Québec. En effet, la région de la Capitale-Nationale est connue pour ses idées plutôt conservatrices et opinions parfois choquantes. Mais qu’arrive-t-il lorsqu’on nie l’existence d’un problème bien présent? Que doit-on faire lorsque le premier ministre du Québec, François Legault, affirme qu’il n’y a pas d’islamophobie au Québec, au grand public?

Boufeldja Benabdallah, président et cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, affirme pleinement que l’islamophobie est présente au Québec. Néanmoins, il croit qu’au lieu de s’enfouir la tête dans le sable ou de fuir ses démons, il faut que nous travaillions tous en coopération pour changer les perceptions. Depuis l’évènement tragique, le CCIQ a organisé plusieurs évènements pour combattre le racisme et la xénophobie à Québec. Malgré la tragédie qui a violemment frappé la petite communauté musulmane de Québec, les victimes de l’attentat gardent toujours espoir. Le soutien et l’amour que la communauté a reçus suite au drame n’ont fait qu’enrichir l’espoir des victimes.

Aujourd’hui, la communauté musulmane de Québec travaille fort pour se reconstruire et briser les préjugés.

Un antihéros malheureusement connu

L’auteur de la tuerie, Alexandre Bissonnette, 27 ans, était déjà connu de ses proches pour être peu tolérant à l’égard des autres cultures. L’un de ses anciens amis s’est confié anonymement à Radio-Canada et a affirmé que Bissonnette «était hostile aux non-Blancs et [aux] non-chrétiens.» Radio-Canada a aussi rapporté que, suite au procès du criminel, ce dernier se serait intéressé aux tueries de masse. Alexandre Bissonnette a été condamné à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 40 ans. Suite au procès de Bissonnette, la Cour a demandé à ce que les images du drame ne soient pas diffusées pour assurer le droit à la sécurité des victimes et aussi pour ne pas glorifier les actions du meurtrier.

Ariel Nasr a réussi à nous présenter un portrait personnel et unique de la petite communauté musulmane de Québec. Cette dernière nous prouve que la résilience et l’espoir sont deux forces qui permettent d’avancer malgré les malheurs de la vie.


Crédit Photo @ La Mosquée, une communauté menacée

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