La guignolée des médias : de bons et de mauvais côtés

Par Natalie Nguyen

Dans le cadre de La guignolée des médias, bénévoles et médias collecteront des dons monétaires auprès des automobilistes le 6 décembre prochain. Les postes de collecte seront installés à des intersections stratégiques de la ville, le tout sous la supervision du Service de police de Sherbrooke. La guignolée des médias suivra son cours jusqu’au 24 décembre dans les établissements partenaires de la campagne.

Chaque année, la générosité de la population québécoise est sollicitée par le comité organisateur de La guignolée des médias pour des dons en argent, en denrées alimentaires non périssables ou en produits d’hygiène. Le thème de la campagne 2018 s’intitule « Parce que chaque année, la moitié des comptoirs d’aide alimentaire manquent de denrées ».

Nouveauté cette année, les médias de Sherbrooke ont choisi de nommer des ambassadeurs et des ambassadrices dans l’optique de rallier un plus grand nombre d’individus à la cause.

Une noble cause

La cause à l’origine de La guignolée des médias ne peut être remise en question : aider les personnes démunies à mettre quelque chose à manger sur leur table. La campagne se déroule juste avant le temps des Fêtes, reconnue par le comité organisateur comme une période de réjouissances à laquelle tout individu a droit.  Le choix du mois de décembre, mois de célébrations, favorise le battage médiatique annuel entourant cette campagne de grande envergure.

Une implication controversée

Encore cette année, des entreprises québécoises de grande influence se sont associées à la campagne.  Le niveau d’implication de ces Amis de La guignolée est variable. La plupart ne font qu’encourager leur clientèle à faire des dons monétaires ou matériels, sans promettre eux-mêmes de donner autre chose que du temps.  Ainsi, ces entreprises participent à la campagne, sans toutefois donner l’exemple à la population.

La participation de ces entreprises dans La guignolée des médias peut faire l’objet de critiques. Dans un communiqué de presse, le groupe qui détient l’une de ces entreprises affirme faire un chiffre d’affaires annuel d’environ 16 milliards de dollars. Cela va en contradiction avec le paragraphe précédent où l’entreprise appelle la population à faire preuve de générosité et à donner. En effet, certaines personnes sont d’avis que l’entreprise devrait plutôt faire preuve d’humilité et de modestie. Elle devrait donner elle-même à la cause et ne pas exposer ses revenus.

La Guignolée des médias est l’occasion pour les entreprises de retenir l’attention du public sur une cause tangible. Il s’agit d’un moment privilégié pour se démarquer des autres entreprises, par sa générosité, soit en offrant directement aux individus plus démunis d’avoir accès à des ressources leur permettant de vivre un temps des fêtes agréable. Après tout, ce qui importe, ce n’est pas de faire de la publicité, c’est de soutenir ceux et celles qui en ont besoin.

Un exemple paradoxal

Récemment, un communiqué de presse d’un partenaire de La guignolée des médias clamait : « En tant qu’important détaillant en alimentation, nous savons à quel point il est essentiel pour les familles d’avoir de la nourriture sur la table […] ». Ce message peut être mal interprété : est-ce que ce géant de l’alimentation souhaite véritablement venir en aide à la population ou simplement faire davantage de profits en utilisant la campagne comme outil promotionnel? L’entreprise affirme être un important détaillant en alimentation mais fait appel à la générosité de la population pour donner aux individus ayant un plus faible revenu. Quelle image projette-elle véritablement?

D’ailleurs, dans le même communiqué, ladite entreprise propose à sa clientèle d’acheter ou d’apporter des denrées nutritives non périssables dans des bacs prévus à cet effet dans les succursales participantes. Ne serait-il pas plus efficace de donner directement, sans l’intermédiaire des consommateurs et des consommatrices?

La campagne sherbrookoise en bref

Avis aux automobilistes, plusieurs points de collecte éphémères seront établis à Sherbrooke le 6 décembre prochain aux intersections suivantes :

  • King Est & Papineau
  • King Est & Galt Est
  • Portland & boul. Industriel
  • Portland & Jacques-Cartier
  • King Ouest & Belvédère
  • Et plusieurs autres

Des ralentissements de la circulation routière sont donc à prévoir près des points de collecte. Diverses options s’offrent aux individus qui souhaitent faire un don monétaire à la campagne sans avoir à prendre part à un potentiel bouchon de circulation. Il sera possible de faire un don en ligne sur le site web de La guignolée des médias ou par téléphone au 1-866-908-9090. Le don par texto sera également possible : un montant de 10 $ sera prélevé dans le compte téléphonique de chaque individu qui enverra « NOEL » ou « XMAS » via le 20222.

À l’Université de Sherbrooke, les médias étudiants participeront à cet effort collectif. Les équipes du Collectif et de CFAK seront présentes au terminus d’autobus, à l’entrée principale (devant le Centre sportif) et au pavillon Multifonctionnel le jour de la collecte de fonds, soit le 6 décembre, afin d’amasser des dons.

La guignolée des médias est le moment de soutenir les membres de sa communauté qui disposent de peu de moyens pour célébrer le temps des fêtes. Ainsi, bien que l’engouement publicitaire soit requis pour la tenue d’une telle campagne, l’important est de parvenir à offrir de l’argent et des denrées aux familles de la région qui en ont besoin.


Crédit Photo @ La Grande Guignolée des médias

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