Par Hugo Lapointe Lemonde
Depuis janvier 2023, un mouvement social d’ampleur a émergé en France en réponse au projet de réforme des retraites proposé par le gouvernement d’Élisabeth Borne, sous la seconde présidence d’Emmanuel Macron. Des manifestations ont éclaté partout dans le pays et celles-ci ne semblent pas près d’arrêter.
Sommairement, cette réforme vise, d’une part, à reculer progressivement l’âge du départ à la retraite, de 62 ans à 64 ans d’ici 2030. D’autre part, pour obtenir une retraite à taux plein, la durée de la cotisation est allongée, de 42 ans à 43 ans dès 2027.
Chronologie de l’adoption
Durant l’élection présidentielle en mars et avril 2022, Macron annonce son projet sur la réforme des retraites. Un article dans le journal La Croix rapporte les justifications du président : « Nous sommes dans une société qui vieillit, c’est une chance […] il est donc normal, surtout compte tenu aujourd’hui de la nature des comptes publics, que nous travaillions plus ».
Le 10 janvier 2023, la première ministre, Élisabeth Borne, présente au public le contenu du projet de réforme du système des retraites. Six jours plus tard, Borne engage la responsabilité de son gouvernement sur la réforme des retraites par le biais de l’article 49.3 de la Constitution. Celui-ci permet l’adoption d’un texte de loi sans vote, mais expose le gouvernement à une motion de censure. L’usage de cet article s’explique par l’incertitude du gouvernement à obtenir une majorité des voix à l’Assemblée nationale.
Le 17 mars, deux motions de censure sont déposées à l’Assemblée nationale en réaction à l’utilisation de l’article. Dans ce cas précis, si la motion de censure est rejetée, la loi est adoptée de facto. Cependant, si elle est appuyée par une majorité, le gouvernement est forcé de démissionner. Trois jours plus tard, les 2 motions de censure sont rejetées, dont la première motion par seulement 9 voix d’écart. Cela signifie que la réforme des retraites sera mise en application, mais que la contestation contre ce projet est très forte, et ce, même à l’interne.
De fortes manifestations
Depuis le 19 janvier, des centaines de milliers de personnes ont manifesté à dix reprises en France pour protester contre la réforme des retraites. La Confédération générale du travail (CGT) estime que la manifestation du mardi 28 mars a réuni à elle seule près de 2 millions de personnes manifestantes, alors que le ministère de l’Intérieur évalue plutôt les chiffres à 740 000 individus.
Ces manifestations sont organisées en majorité par une initiative commune lancée par une intersyndicale regroupant huit syndicats de salariés, notamment la CGT, la CFDT, la FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’UNSA, les Solidaires et la FSU. Il s’agit d’un front commun syndical inédit jusqu’à présent, alors que ces groupes font habituellement chambre à part.
Après le rejet de la motion de censure, le 20 mars dernier, un groupe de manifestants accompagné de députés de La France insoumise s’est rassemblé près de l’Assemblée nationale avant d’être dispersé par les forces de l’ordre. Par la suite, les petits groupes dispersés ont continué de manifester durant toute la soirée. Ces manifestations se sont reproduites dans plusieurs grandes villes, notamment à Strasbourg, à Lyon et à Rennes.
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