La décroissance au festival cinéma du monde à Sherbrooke

Par Dominick Latulippe

Le 3 février dernier, Télé-Québec, en collaboration avec le Cégep de Sherbrooke et le festival du cinéma du monde, a projeté sur le grand écran de la salle Alfred-Desrochers un documentaire sur la décroissance. La journaliste Catherine Dubé et le réalisateur Simon Lamontagne ont créé ce visionnement sur un sujet qui commence à se faire entendre partout au Québec. La journaliste a été inspirée par ses propres questionnements sur la décroissance, aussi appelée «Post-Croissance». C’est pourquoi ils ont décidé d’intituler le documentaire «Prêt pour la décroissance?»

Dans une société où les inégalités sociales et les changements climatiques se font entendre, plusieurs individus voient la décroissance comme nécessaire et obligatoire pour retrouver un certain équilibre planétaire. La solution de la décroissance est une façon efficace pour intervenir dans ces enjeux, mais elle a un coût. Le titre «Prêt pour la décroissance?» vient lancer la question aux téléspectateurs. Sommes-nous prêts pour la décroissance?

Le documentaire contient plusieurs entrevues avec des gens de tous milieux : des économistes, des sociologues, des jeunes au secondaire, des familles de quartier, mais aussi des entreprises. Tous apportent leur point de vue et leurs inquiétudes sur la situation que vit la planète et sur cette fameuse expression : la décroissance.

Qu’est-ce que la décroissance?

Le terme décroissance est à la fois un terme politique, social et économique. Il suggère que la croissance capitaliste est responsable de plusieurs problèmes dans ces différentes sphères. Il y a aussi plusieurs variantes de la décroissance. Certains y voient une décroissance concrète dans l’économie, d’autres y voient une stabilité ou encore une croissance économique qui doit simplement être moins importante que celle souhaitée aujourd’hui.

Changer le système

Plusieurs individus pointent du doigt le système économique en place, qui n’est plus viable. C’est ce que Greta Thunberg critique dans l’un de ses discours les plus mémorables :

‘’People are suffering. People are dying. Entire ecosytems are collapsing. We are at the beginning of a mass extinction and all you can talk about is money and fairytales of eternal economic growth,» said Thunberg. «How dare you!»

Greta éveille la jeune génération qui va subir les conséquences du passé. Cette conscientisation collective permet de se questionner sur la validité du système actuel et sur les changements qui seraient favorables pour le futur. Elle incite les populations à éveiller un esprit collectif plus grand et à penser au bien collectif de la planète.

François Delorme, professeur au département de science économique de l’Université de Sherbrooke, apparait dans le documentaire pour donner son point de vue sur le sujet. Il apporte certaines failles de notre système économique. Par exemple, nous ne payons pas le vrai prix de pollution des objets ou services que nous achetons. Ces prix cachés font en sorte que les individus n’achètent pas de façon éclairée.

Notre système économique est basé actuellement sur une croissance infinie, mais sur une planète dont les ressources ne le sont pas. Ce modèle économique est tenu responsable de plusieurs phénomènes sociaux et environnementaux d’aujourd’hui, comme les inégalités sociales, les changements climatiques et l’individualisme.

L’individualisme

L’individualisme est ciblé comme l’un des phénomènes négatifs dans nos sociétés. C’est une des raisons pour laquelle les individus ont de la difficulté à se priver du bien personnel pour le bien collectif. La notion de perte de liberté individuelle ou de frein à celle-ci crée un état de «fight or flight» qui pousse les individus à pencher vers un côté plus que l’autre.

Ce phénomène encourage les individus à développer un esprit de compétition au lieu d’un esprit de coopération. Elle pousse aussi les gens à prioriser leur bonheur personnel au détriment du bonheur collectif. Lors d’un sondage dans le documentaire, les gens répondaient tous «oui» lorsqu’on demandait s’il faut réduire nos GES (Gaz à effet de serre). Cependant, une bonne partie répondait «non» lorsque l’intervieweur demandait si les individus étaient prêts à payer plus pour contribuer à cette réduction.

Les inégalités sociales

La différence de richesses alimente un système économique qui est malsain. Les individus qui vivent des difficultés financières n’ont pas la même capacité à investir pour le bien collectif. Ils sont occupés à tenter d’avoir une vie meilleure. Ce phénomène d’inégalité est souvent répondu par une solution de collectivisme. Des organismes de quartier et des voisinages qui s’entraident voient le jour de plus en plus.

Dans le documentaire, des solutions comme les cours arrière vertes et des prêts d’objets et véhicules sont favorables pour l’individu et la collectivité. Le temps d’inutilisation des objets est un facteur qui doit être pris en considération. Par exemple, la voiture qui est garée 80 % du temps est une façon gaspiller son utilisation. Si plusieurs familles se cotisent pour acheter des objets ensemble, le temps d’inutilisation sera réduit. Cela veut aussi dire moins de consommation.

La pollution et les changements climatiques

Les enjeux climatiques sont aussi l’une des raisons pour lesquelles les individus se mobilisent pour la décroissance. L’urgence climatique se fait ressentir partout sur la planète. Les citoyens sont inquiets des répercussions actuelles de ces changements sur leurs habitudes de vie et sur leur santé. La décroissance apporte un côté vert qui n’est pas présent dans l’économie actuelle. La taxe carbone n’est pas suffisante pour compenser la pollution produite au pays.

La surconsommation est aussi l’un des phénomènes importants dans le sujet. Par contre, les individus en sont de plus en plus conscientisés. Une vague de réduction de la consommation se fait d’ailleurs ressentir au Québec. Les citoyens réutilisent, recyclent, réduisent, refusent et réinventent leur consommation pour le bien de la planète. Ces décisions économiques de consommation créent une nouvelle demande sur le marché. Cette demande est plus écologique et plus locale.

Ces changements climatiques sont un cri d’alarme pour plusieurs. Le signal a été donné pour que les individus se conscientisent et réorientent leur façon de vivre vers un mode de vie plus vert. Pour toutes personnes intéressées, le documentaire «Prêt pour la décroissance?» sera disponible sous peu sur la chaîne Télé-Québec.

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