Par Alexandre Ménard
Face à la pression qui se faisait de plus en plus forte, le président américain Joe Biden a annoncé se retirer de la course à la présidence. Cette décision survient alors que plusieurs démocrates remettaient en question ses capacités à se représenter.
Au cours des dernières semaines, l’homme de 81 ans a subi une forte pression au sein de son propre parti en raison de son âge et de son état mental. Sa performance catastrophique lors du débat avec Donald Trump a déclenché cette remise en question.
Dans sa déclaration de départ, Joe Biden a affirmé qu’être président a été « le plus grand honneur de [sa] vie ».
« […] je pense qu’il est dans le meilleur intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre exclusivement sur l’accomplissement de mes devoirs de président pour le reste de mon mandat. »
Biden a été extrêmement critiqué après une prestation désastreuse lors du débat télévisé contre l’ex-président Trump à la fin juin. Joe Biden s’est régulièrement emmêlé les pinceaux, a perdu le fil et n’a souvent pas pu terminer ses phrases correctement.
Des réserves avaient déjà été émises au sein du parti démocrate et de la population quant à ses ambitions de réélection. Mais après sa performance au débat, les questions sur l’aptitude de Biden ont pris une toute nouvelle ampleur.
Biden a vu sa cote de popularité tombée en chute libre. Plusieurs membres de son parti, de même que certains grands démocrates, ont demandé son retrait. Selon les médias américains, l’ancien président Barack Obama, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ainsi que le chef de groupe des démocrates au Sénat américain, Chuck Schumer, auraient formulé cette demande.
Le président a d’abord tenté de s’en sortir, en expliquant sa piètre prestation par la fatigue. Lors de diverses apparitions, il s’est montré défiant et a assuré, à plusieurs reprises, qu’il ne se retirerait pas. Cependant, l’accumulation de plusieurs maladresses l’a finalement poussé à renoncer à un deuxième mandat.
L’indignation républicaine
Sur son réseau social Truth Social, Donald Trump n’a pas mâché ses mots. « Le corrompu Joe Biden n’est pas assez en forme pour se présenter à la présidence, et il n’est certainement pas en mesure d’exercer ses fonctions — et ne l’a jamais été ! »
Il a également accusé Biden de n’avoir obtenu la présidence que « par des mensonges, des fakes news et en ne quittant pas sa cave ». Trump a profité de cette occasion pour accuser les proches de Biden et son médecin, de savoir que ce dernier « ne pouvait pas exercer la fonction de président ».
Le nouveau colistier de Donald Trump, J.D. Vance s’est lui aussi exprimé sur la question. Comme son collègue il a déclaré que Biden n’était pas en état d’être réélu, ajoutant qu’il devait démissionner « immédiatement » de son poste de président.
Le Speaker de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a formulé la même demande.
« Si Joe Biden n’est pas en mesure de se présenter à la présidence, alors il n’est pas non plus en mesure d’exercer la fonction de président », a écrit Johnson sur la plateforme X. « Il doit démissionner immédiatement de son poste. »
Johnson a qualifié le retrait de Biden comme un moment sans précédent dans l’histoire américaine. « Nous devons être conscients de ce qui vient de se passer », a écrit le républicain. « Le parti démocrate a retiré son candidat du bulletin de vote un peu plus de 100 jours avant l’élection. »
Il estime que faisant ainsi, Biden a « annulé les votes de plus de 14 millions d’Américains » qui avaient voté lors des primaires internes du parti démocrate.
Harris comme future présidente?
Quelques minutes seulement après l’annonce de son retrait, Joe Biden a annoncé soutenir sa vice-présidente, Kamala Harris, comme nouvelle candidate.
« Aujourd’hui, je souhaite offrir mon soutien et mon appui total à Kamala en tant que candidate de notre parti cette année. Démocrates — il est temps de se rassembler et de battre Trump », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux.
Quant à elle, l’ancienne procureure s’est dite « honorée d’avoir le soutien du président » et a garanti avoir « l’intention de mériter et de gagner cette nomination ».
Mais Joe Biden n’est pas le seul à soutenir l’ancienne sénatrice. L’ex-président Barack Obama et sa femme Michelle Obama ont également donné leur appui.
« Nous avons appelé pour vous dire que Michelle et moi ne pourrions pas être plus fiers de vous soutenir et de faire tout ce que nous pouvons pour vous aider à passer cette élection et à entrer dans le bureau ovale », a déclaré M. Obama à Kamala Harris dans une vidéo publiée sur X.
On y entend également Michelle Obama lui dire être fière d’elle et assurée que « cela [la nomination] va être historique ».
Malgré cette vague de soutien, la candidature de la vice-présidente n’est pas coulée dans le béton. La décision à savoir qui représentera le parti démocrate à l’élection présidentielle appartient aux délégués du parti. Il n’est toujours pas exclu que d’autres démocrates de premier plan jettent leur chapeau dans le ring.
La spécialiste de la politique américaine et professeure à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, Karine Prémont, explique que même si Kamala Harris semble a priori avoir suffisamment de délégués et détenir le momentum, rien n’est certain. Des noms, notamment celui de Joe Manchin, circuleraient au sein du parti démocrate comme possible candidat.
Pour le moment, Kamala Harris fait cavalière seule. Cette dernière devrait, dans les prochains jours, annoncer qui sera son colistier. La personne choisie formera avec Mme Harris ce que les Américains nomment un « ticket », et deviendra vice-président si la démocrate l’emporte lors des élections du 5 novembre.
Le sort de Kamala Harris sera officialisé lors de la convention d’investiture du parti démocrate, du 19 au 22 août prochain à Chicago.
Légende : Le président Joe Biden se retire de la course à la présidence et appuie la vice-présidente, Kamala Harris, comme nouvelle candidate.
Source: Rawpixel