Par Alexandre Ménard
Henry Kissinger, ex-diplomate américain emblématique, s’est éteint. Le centenaire est décédé paisiblement chez lui, dans le Connecticut, selon un communiqué de Kissinger Associates, la firme de conseil qu’il a fondée. Il laisse derrière lui des traces hautes en couleur.
Né Heinz Alfred Kissinger en 1923 dans la ville de Fürth, en région franconienne, il immigre aux États-Unis avec sa famille juive en 1938 pour échapper à la persécution nazie. Son parcours remarquable débute peu de temps après son arrivée dans le pays de l’Oncle Sam, où il maitrise rapidement l’anglais à la suite de ses études secondaires et à son service dans l’armée. Ensuite, il entreprend des études à l’Université Harvard en science politique. Durant ses études, il est reconnu au sein du département de science politique d’Harvard comme « un élève brillant, doté d’une capacité d’analyse impressionnante, comprenant rapidement des notions complexes ».
Devenu docteur en science politique en 1954, il ne quitte pas Harvard puisqu’il y enseigne les principes des relations internationales. En plus d’enseigner, Kissinger se bâtit un important réseau de contacts s’étendant jusqu’à la Maison-Blanche, conseillant sur une période occasionnelle les figures les plus influentes de Washington de l’époque comme Dwight Eisenhower ou John F. Kennedy. Finalement, il est nommé par Richard Nixon comme conseiller à la sécurité nationale en 1969, avant de devenir secrétaire d’État de 1973 à 1977.
Une carrière politique tout aussi incroyable que controversée
L’œuvre majeure de Kissinger a été l’établissement de liens entre les États-Unis et la Chine. Kissinger a effectué une visite secrète à Pékin, préparant le terrain pour une visite historique de Nixon et la normalisation des relations bilatérales. Acclamé comme l’architecte du rapprochement entre la Chine et les États-Unis, Kissinger a toutefois vu sa réputation entachée par son implication dans le coup d’État de Pinochet au Chili, ainsi que dans les bombardements sur les populations du Cambodge et du Vietnam.
Henry Kissinger a également été reconnu comme étant le médiateur principal pour résoudre la guerre du Yom Kippour dans la région du Proche-Orient durant les années 1973 et 1974. Son engagement impliquait de multiples voyages entre Israël, l’Égypte et la Syrie, ce qui a donné naissance à la notion de « diplomatie de la navette ».
Une « retraite » bien occupée
Lorsque Jimmy Carter a pris ses fonctions de président en 1977, Henry Kissinger a quitté son poste au sein du gouvernement américain. Il a apporté son soutien à Ronald Reagan durant les élections de 1980 et a repris un rôle de conseiller à la suite de la victoire de ce dernier. À partir de 1982, Kissinger a pris la tête de Kissinger Associates, sa propre firme de conseil. Cependant, cela ne l’a pas empêché de continuer à être un analyste respecté des affaires internationales.
Récemment, soit en juillet 2023, il a même été accueilli à Pékin par le président chinois Xi Jinping. Kissinger s’est aussi distingué en tant qu’auteur, publiant plusieurs ouvrages sur la politique internationale et ses années au sein du gouvernement américain.
Source: Wikimedia Commons