Dune, œuvre sans date de péremption

Par Victor Dionne

Dune par-ci, Dune par-là… Le dernier film de Denis Villeneuve est partout dans les médias depuis sa première le 3 septembre dernier. Pas étonnant, car l’œuvre de Frank Herbert (et celle du cinéaste québécois) est riche en enjeux politiques encore d’actualité un demi-siècle plus tard.

Même s’il s’agit d’une fiction, Dune a clairement quelque chose à démontrer concernant les différents phénomènes politiques des dernières années. Pour décortiquer les symboles et les critiques environnementalistes et féministes de l’œuvre, Le Collectif a fait appel à la professeure et Vice-doyenne au développement et à l’international de l’Université de Sherbrooke Isabelle Lacroix, qui a rédigé le livre Les enseignements de Dune, publié en 2020.

L’Épice et l’environnement

Lorsqu’on lit ou que l’on regarde Dune, on constate l’importance de l’Épice, une ressource essentielle au fonctionnement des communautés intergalactiques. Chacun en est dépendant, puisqu’elle est à la base de l’économie impériale. La professeure Lacroix explique qu’il s’agit d’une critique environnementale.

Ce qu’elle entend par là, c’est que lorsqu’« on exploite une ressource, il y a nécessairement des communautés qui sont dépendantes de l’environnement. » Ce phénomène engendre la surexploitation de l’Épice tant convoitée, puisqu’elle est nécessaire à la survie des différentes sociétés. Ainsi, « quand on surexploite nos ressources, on fragilise nos propres communautés », tant aux points de vue économique, politique et culturel.

L’auteur de Dune critique la dépendance humaine aux ressources naturelles et la surexploitation que l’on fait de ces dernières. Isabelle Lacroix précise qu’« il n’y avait pas de COP [en 1965] pour nous parler des changements climatiques, et pourtant, Frank Herbert va illustrer de façon très parlante cette interdépendance entre les communautés et leur environnement. »

Dame Jessica et le féminisme

Dans le livre Les enseignements de Dune, madame Lacroix a écrit un chapitre sur le caractère féministe de l’œuvre. Bien qu’elle considère que le film de Villeneuve présente surtout « la fragilité » de Dame Jessica, ce personnage est tout de même une figure féministe « forte, brillante, qui n’a pas peur d’exercer le pouvoir. » Son fil, Paul Atréides, l’élu, réussit notamment à devenir un grand homme de pouvoir grâce à sa mère. « C’est elle qui va le former à gouverner; ce n’est pas son père, ce n’est pas les militaires autour de lui, les combattants », précise la chercheuse.

Toutefois, Le féminisme de Dune n’est pas qu’ancré dans Dame Jessica. Professeure Lacroix mentionne qu’à la fin du tome 6, « on se retrouve avec un pouvoir féminin assumé » et que « le salut de l’humanité repose sur une guerre entre deux institutions où il n’y a que des femmes ». Donc, le sexe féminin est très présent dans le politique de l’œuvre. Elle mentionne même que « rendu là, on se demande même plus si c’est des hommes ou des femmes, c’est des humains qui détiennent le pouvoir. »


Source photo @ LSGG

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