Par Lé Bonneau
Depuis 2017, l’aide internationale canadienne cherche à promouvoir l’égalité entre les genres par le biais de sa Politique d’aide internationale féministe (PAIF). Cependant, le 27 mars dernier, la vérificatrice générale a tranché : Affaires mondiales Canada est incapable de démontrer les effets de cette politique.
Ce sont 3,5 milliards de dollars par année qui sont octroyés en aide au développement dans le cadre de la PAIF. Cette somme considérable est investie dans des projets qui mettent l’égalité des genres de l’avant. Dans l’énoncé de la politique, le gouvernement du Canada reconnait que « le soutien à l’égalité des genres et au renforcement du pouvoir des femmes et des filles constitue le meilleur moyen de bâtir un monde plus pacifique, plus inclusif et plus prospère ».
Il va sans dire que les intentions du Canada sont louables. Cependant, le rapport du Bureau du vérificateur général (BVG) a conclu qu’il était impossible de démontrer en quoi la politique a eu des retombées sur les femmes et les filles qui vivent dans les pays qui ont reçu une aide.
Le rapport a identifié que les méthodes du gouvernement comportent des lacunes importantes. Par exemple, le rapport annuel d’Affaires mondiales Canada ne partageait pas les résultats de la moitié de ses analyses. Autrement, l’intersectionnalité n’a pas été assez prise en considération par le Ministère selon le BVG. En plus de cela, la politique n’a pris aucun engagement lié aux résultats de ses investissements.
La possibilité de rendre des comptes et de s’améliorer
Le Bureau du vérificateur général fournit régulièrement des rapports objectifs et indépendants à propos de beaucoup d’enjeux. Dans ce cas-ci, ce qui est soulevé relève de la nécessité pour le gouvernement de rendre des comptes et d’être responsable devant le parlement ainsi que devant la population.
Le Bureau du vérificateur général a formulé plusieurs recommandations pour améliorer la mesure des effets de la PAIF et rendre compte de manière plus transparente des résultats obtenus. Parmi ces recommandations, il est proposé que le Ministère alloue davantage de ressources à la gestion de l’information, notamment en améliorant ses systèmes et en fournissant une formation adéquate à son personnel. La vérificatrice générale suggère également que les projets soient évalués en prenant en compte les facteurs identitaires pluriels, afin de promouvoir une approche plus inclusive.
La réaction du Ministère
Le ministre du Développement international a rapidement réagi au dépôt du rapport. Dans une déclaration, Harjit S. Sajjan explique qu’Affaires mondiales Canada fournira à la vérificatrice générale un plan d’action qui « énoncera clairement les mesures concrètes que nous prenons pour combler les lacunes cernées par son bureau. » Ainsi, la volonté politique d’améliorer la PAIF semble être présente. Maintenant, seul le temps pourra témoigner d’une amélioration des pratiques.
Crédit image @OXFAM International