Par Meg-Anne Lachance
La Société Radio-Canada a versé plus de 18 millions en prime, en 2023-2024. Après une année marquée par les coupures, le Syndicat des travailleuses et travailleurs de Radio-Canada (STTRC) voit ses primes comme « indécentes ».
CBC/Radio-Canada se retrouve dans l’eau chaude. Des documents obtenus grâce aux lois sur l’accès à l’information montrent que 1194 personnes employées ont touché des primes pour l’exercice 2023-2024.
Des 18 millions, 10.4 M ont été versés à 631 gestionnaires et 4.6 M à 518 membres du personnel. Les 3.3 M restants ont été versés à 45 cadres, ce qui représente une prime moyenne de 73 000 $, soit un montant supérieur au revenu familial médian après impôts en 2022.
Malgré les importantes coupures, le montant total des primes représente une augmentation par rapport à l’exercice 2022-2023. Cette année, 141 personnes ont été licenciées et 205 postes vacants ont été éliminés.
« Rémunération au rendement »
Radio-Canada s’est défendue en expliquant que certains contrats d’emploi promettent des paiements liés à l’atteinte d’objectifs précis de l’entreprise.
« Bien que le terme “primes” ait été utilisé pour décrire la rémunération au rendement, il s’agit en fait d’une obligation contractuelle envers les employés admissibles », précise le porte-parole de CBC Leon Mar.
Dans un communiqué diffusé lundi, ce dernier explique que la « rémunération à risque » est souvent utilisée au sein des ministères, sociétés d’État et entreprises privées, pour aider à atteindre les objectifs.
La PDG Catherine Tait a été convoquée à deux reprises devant le comité du patrimoine de la Chambre des communes pour discuter des coupures.
Elle a également été interrogée par des députés pour savoir si elle accepterait une « prime » en fin d’année. Mme Tait s’était alors indignée et avait déclaré être « très frustrée » que les députés désignent ces versements comme des « primes ».
Malgré l’opposition de sa PDG, le conseil d’administration a reconnu l’octroi de primes de cette année comme négatif et a débuté un examen de son régime de rémunération.
Le Syndicat offusqué
Selon Pierre Tousignant, président du STTRC, les cadres de Radio-Canada devraient être gênés.
« Radio-Canada, ce n’est pas une mine de sel. Mais il y a toujours bien des limites. Il y a quelque chose d’indécent entre verser des primes de 18 millions et de couper comme ça un peu partout », s’insurge-t-il.
L’an dernier, le syndicat avait demandé à ce que les primes ne soient pas destinées au personnel cadre. Cette demande avait été faite alors que Mme Tait avait parlé d’une possible suppression de postes par « manque d’argent ».
« On s’est fait répondre par des patrons à Radio-Canada qu’ils considéraient ces primes comme faisant partie intégrante de leur rémunération ! On leur a dit qu’ils ne devaient alors pas appeler ça des primes. Il y a un détournement de sens », continue M. Tousignant.
Radio-Canada a déclaré que sa situation financière s’était améliorée depuis les récents licenciements et réductions des coûts opérationnels. En mai dernier, la PDG a annoncé au comité du patrimoine que le déficit était dorénavant de 20 millions de dollars.
Crédits: Jean Gagnon
Meg-Anne Lachance
Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!