Par Henri Dionne
Depuis plusieurs mois, pratiquement tout le Québec est conscient de la pénurie de main-d’œuvre actuelle. Plus de 94 % des entreprises répondent positivement à une difficulté en lien avec son effectif selon le Conseil du patronat du Québec. La solution du gouvernement en place est simple : la formation et l’éducation afin de boucher les trous.
« Il te faut un diplôme pour réussir »
L’avenir de la formation et de l’emploi sourit à ceux désirant s’instruire avec des études postsecondaires, mais semble tourner le dos à ceux qui priorisent la formation professionnelle. Le Québec de 2021 est axé sur l’économie du savoir. Marie-Michèle Pariseau, chargée de cours au département d’orientation de l’Université de Sherbrooke et conseillère en orientation, explique que l’économie du savoir est le passage d’« une économie professionnelle où on doit être capable de faire son unique tâche, à une autre où on doit être capable de transposer dans des milieux où on n’a jamais été. Donc, les connaissances sont mises de l’avant et un diplôme prouve théoriquement l’acquis de ces connaissances. » Elle explique ce changement par la mondialisation et la tertiarisation, entre autres.
Alors, est-ce que les diplômes d’études professionnelles (DEP) seraient encore d’actualité? Emploi Québec affirme que « depuis 1976, l’emploi total a augmenté de 55 % et celui du secteur des services, de 88 %. En revanche, la production de biens a perdu 47 000 emplois (-5 %) malgré́ les gains observés dans les secteurs de la construction et des services publics. » En général, les secteurs primaires et secondaires, soient la production et la transformation, requièrent un diplôme d’études secondaires (DES) ou un DEP. La baisse dans ces secteurs concorde avec la prévision pour 2028, où « il est prévu que la majorité des nouveaux emplois en 2028 nécessiteront minimalement un diplôme d’études collégiales (DEC) », explique Mme Pariseau.
« C’est payant, aller à l’université »
En pratique, ces observations sont visibles; les domaines de la santé et de l’éducation souffrent de la pénurie de main-d’œuvre et ils nécessitent des études supérieures. Le gouvernement investira plus de 2,9 milliards de dollars sur les cinq ans afin de contrer la pénurie d’employés dans la belle province. Cet argent servira « à former, requalifier et attirer des travailleurs dans des domaines d’activité clés » selon le ministère des Finances. Pour les Universités et les Cégeps, 1,7 milliard ira en bourses d’études dans les secteurs les plus recherchés, dont l’éducation et la santé, évidemment.
Avec ces bourses et le nombre d’emplois après la formation, les études postsecondaires semblent plus alléchantes et nécessaires que jamais. Peut-on considérer que le DEP sera désuet dans quelques années? « La pénurie est encore plus forte dans les secteurs professionnels, mais malgré la dévalorisation de ces diplômes, c’est là où il manque vraiment le plus de monde actuellement », conclut la conseillère en orientation. Est-ce donc réellement l’ultime solution au manque de main-d’œuvre?
Crédit photo @ William Wendling