Convoi de la liberté : le procès de deux des principaux organisateurs s’ouvre à Ottawa 

Par Alexandre Ménard 

Le procès de deux des principaux organisateurs du «Convoi de la liberté», Tamara Lich et Chris Barber, s’est ouvert le 5 septembre dernier au palais de Justice d’Ottawa. Tamara Lich et Chris Barber sont tous deux accusés de méfait, d’intimidation, d’entrave au travail de la police et d’incitation à commettre des méfaits. Tous deux risquent jusqu’à 10 ans de prison s’ils sont reconnus coupables.   

L’ensemble de ces chefs d’accusation sont déposés en lien avec le rôle que les deux coaccusés ont joué en tant que principaux organisateurs du « convoi de la liberté », qui a bloqué les rues du centre-ville d’Ottawa pendant trois semaines à l’hiver 2022.  

Ce groupe de manifestants voulait la suppression des restrictions sanitaires liées à la COVID-19 et, dans un cadre plus large, la démission du gouvernement Trudeau. Le procès présidé par la juge Perkins-McVey est prévu pour une durée de 16 jours et de nombreux témoins seront appelés à la barre. 

«Ceci n’est pas le procès des opinions politiques des accusés»  

En ouverture, le procureur Tim Radcliffe a bien mis l’accent sur le fait que la Cour de justice ne fait pas le procès des opinions politiques de Lich et Barber. Il s’agit plutôt d’un débat sur les moyens qu’ils ont pris afin d’atteindre leurs objectifs, ces moyens ayant « franchi la ligne de la légalité ».  

Cette précision est pertinente et intervient alors que, sur les différents réseaux socionumériques, de nombreuses personnes expriment leur soutien aux deux accusés. Majoritairement issus du Canada anglais, ces supporteurs revendiquent que le procès relève de l’inquisition plutôt que de la justice. 

En effet, un utilisateur de la plateforme X s’exclame : « Il s’agit d’une persécution politique ! Si Tamara et Chris sont condamnés, nous saurons que le Canada est à jamais perdu ! Les Canadiens devraient immédiatement demander l’asile dans un autre pays ! La corruption de Trudeau s’abattra sur tous ceux qui s’opposent à leur oppression ! [traduction libre] ». 

Ainsi, bien que pour la plupart des personnes canadiennes, le « convoi de la liberté » est un lointain souvenir, pour d’autres, cette manifestation reste encore d’actualité et représente le combat contre la « tyrannie libérale ». Il demeure toutefois important de ne pas sauter aux conclusions.  

Un verdict incertain 

En effet, il peut être facile d’un point de vue externe de déclarer coupable les deux accusés. Cependant, comme le révèlent de nombreux analystes, la culpabilité juridique des accusés demeure incertaine en raison de disputes juridiques sur l’admissibilité et la divulgation des preuves, notamment le contenu des réseaux sociaux de la page Facebook « Freedom Convoy 2022 ». Celles-ci étant un élément important de l’accusation, le verdict pourrait bien être affecté. 

Bref, il sera intéressant de couvrir ce procès lorsque celui-ci sera terminé et qu’un jugement sera rendu. Il sera également pertinent de s’attarder aux répercussions d’une reconnaissance de culpabilité ou d’un acquittement sur le mouvement d’extrême droite au Canada et au Québec.   


Source: Wikimedia

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