Ces murs qui divisent le monde

Par Estelle Lamotte

9 novembre 1989, le mur de Berlin tombait. Alors que Wind of Change ponctuait une difficile réunification allemande, le souvenir de ces années houleuses donne à voir l’aspiration d’un monde nouveau. Pourtant, de plus en plus nombreux, il y en a une soixantaine autour du globe aujourd’hui, d’après les estimations rappelées par Le Monde. Est-ce un symbolique retour d’un monde divisé entre mondialisation et repli identitaire?

Un appel à limiter l’immigration

Si la construction d’un mur entre les États-Unis et le Mexique répond au besoin de contrer l’entrée de milliers d’immigrants clandestins, du trafic de drogue et d’êtres humains, l’érection plus récente de murs au sein même de l’Europe et de l’Asie pointe notamment du doigt une volonté de matérialiser le passage de certaines frontières.

En août dernier, alors que le retrait des troupes américaines en territoire afghan avait pour but de « mettre fin à cette guerre », d’après Joe Biden, la Grèce a annoncé avoir terminé l’érection d’une quarantaine de kilomètres de murs à sa frontière avec la Turquie. Un bouclier symptomatique, selon Les Echos, afin d’éviter l’afflux de migrants ayant marqué la crise migratoire de 2015. La dimension symbolique du mur se matérialise notamment par l’élévation de grillages ou de barbelés, à l’instar de la clôture érigée entre l’Autriche et la frontière slovène.

Repousser la menace terroriste

Écarter les menaces liées au terrorisme constitue l’une des quatre raisons évoquées par le gouvernement pour justifier la construction de murs. Au début des années 2000, le gouvernement israélien s’est détaché physiquement de la bande de Gaza, avec la construction d’une muraille de sécurité, en pleine Intifada. D’une longueur de 730 kilomètres, cette barrière « antiterroriste » a pour objectif la protection de la population israélienne en empêchant « toute intrusion de terroristes palestiniens », d’après Eyes on Euro. Cette même ambition est portée par les 3200 kilomètres de murs érigés par l’Inde avec sa frontière bangladaise en 2013.

« Les murs de la paix »

En Irlande du Nord, les alentours de Belfast sont marqués par des murs de séparation afin de délimiter les violences entre quartiers catholiques et protestants. Alors qu’un projet lié au démantèlement de la séparation devrait se tenir en 2023, le souvenir de cette époque justifie pour certains le maintien des « peacelines ». « J’ai toujours vécu ici, et je ne les verrai pas tomber. Il y a trop de divisions entre nous », confie Benedit, sexagénaire, lors d’un reportage mené par RFI.

Une efficacité à questionner

À Calais, l’édification du mur « anti-antrustions », à quelques dizaines de kilomètres de la « jungle » de Calais, avait pour but l’étanchéisation des points de passage vers l’Angleterre. Présentement, « Les associations présentes à Calais regrettent un tel investissement pour un équipement qu’elles jugent totalement inefficace », estimant que le mur ne fera que reporter les tentatives d’intrusions dans des camions sur l’autoroute A16, avec un danger encore plus grand en raison de la vitesse, d’après l’OBS.


Crédit photo @ Claudio Schwarz

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