Catastrophe ferroviaire aux États-Unis : East Palestine transformée en arène politique

Par William Thériault

La petite municipalité d’East Palestine, en Ohio, doit composer depuis le 3 février avec les conséquences du déraillement d’un train transportant des matières toxiques, incluant du chlorure de vinyle. Ce qui était pour eux une catastrophe environnementale s’est vite transformé en arène de combat politique.

Le 25 février, environ trois semaines après l’accident, le président américain Joe Biden a ordonné à des agences publiques fédérales, notamment celles sur le contrôle et la prévention des maladies et de l’environnement, d’aller à la rencontre des familles touchées dans cette localité de moins de 5 000 personnes. L’objectif est de s’assurer de leur bien-être et de les mettre en contact avec les bonnes personnes-ressources, selon l’Associated Press.

Le soir du déraillement, plusieurs explosions ont été entendues. Les pompiers ont aussi dû provoquer l’incendie contrôlé de cinq wagons afin de se débarrasser du chlorure de vinyle, un produit chimique utilisé pour fabriquer du plastique, ce qui a créé un corridor de fumée noire dans le ciel. Environ 2 000 résidents ont été évacués.

11 des 38 wagons de la compagnie Norfolk Southern qui se sont renversés contenaient des matières dangereuses. En revanche, personne n’a été blessé ou tué. L’entreprise s’est engagée à dédommager les individus concernés.

Environ 1,8 million de litres de déchets liquides ont été récupérés sur le site de la catastrophe. L’Agence de protection environnementale (EPA) a déjà enfoui une partie de ces pertes dans des sites spécialisés au Michigan et au Texas, puis compte également le faire en Indiana et ailleurs en Ohio.

L’affaire est politique

Quelques jours avant l’annonce de M. Biden, Donald Trump s’est rendu dans la communauté d’East Palestine. L’ex-président américain et candidat républicain à l’élection de 2024 a qualifié de « trahison » le fait que les autorités fédérales n’aient pas encore pris l’affaire en charge, lors d’un point de presse.

Il a demandé que les locaux obtiennent des « réponses et des résultats », dans ce qui avait les allures d’une visite officielle. Installé devant les journalistes à moins d’un kilomètre du site du déraillement, Trump arborait fièrement une casquette flanquée du slogan « Make America Great Again ».

Il s’est aussi vanté d’avoir donné des milliers de bouteilles d’eau de marque « Trump water », en addition à « de l’eau d’une qualité bien inférieure », déclaration qui lui a attiré un lot de critiques.

Au Congrès, les démocrates et les républicains utilisent la catastrophe pour se lancer des flèches. Selon le camp, on accuse le manque d’avertissements donnés à Norfolk South par l’administration Biden ou les retours en arrière effectués en matières ferroviaire et environnementale pendant le mandat de son prédécesseur.

Le secrétaire du Département des transports, Pete Buttigieg, a lui aussi été blâmé pour sa lenteur d’exécution par le représentant James Comer, président du comité de surveillance de la Chambre, dans une lettre écrite.

« Le peuple américain mérite des réponses quant à la cause du déraillement, a-t-il écrit. Le DOT doit fournir une explication à l’apathie de ses dirigeants face à cette urgence. »


Crédit image @Shutterstock

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