Jeu. Avr 18th, 2024

Par Victor Dionne 

Le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) nous alarme encore une fois sur la crise climatique. Le 28 février dernier, l’organisme international publiait son nouveau rapport. Les résultats et les anticipations sont dignes d’un film catastrophe. Les gouvernements québécois et canadiens doivent prendre des mesures au plus vite pour éviter le pire. Le document l’affirme : « l’étendue et l’ampleur des impacts des changements climatiques sont plus importantes qu’estimées dans les précédentes évaluations. »  

Puisque ces recherches sont divisées en trois groupes de travail distinct, chacun d’entre eux a un objectif précis. La nouvelle publication provient du deuxième groupe de recherche, qui travaille sur les conséquences des changements climatiques, sur la vulnérabilité aux changements climatiques et sur l’adaptation face à ces derniers. Les 90 scientifiques qui ont contribué à la rédaction ont constaté plusieurs faits problématiques, obligeant les élites politiques à réagir.  

Des impacts effrayants 

Vagues de chaleur, acidification des océans, montée des eaux, érosion côtière, insécurités alimentaires, arrivées de maladies (entre autres des zoonoses, comme la COVID-19) et coûts financiers sont toutes des conséquences des changements climatiques qui risquent de s’amplifier durant les prochaines années.  

Selon les données du rapport, entre 3,3 et 3,6 milliards d’individus vivent dans des conditions de vulnérabilité aux impacts des changements climatiques. Malheureusement, les facteurs socioéconomiques, politiques et historiques (colonialisme) des différents territoires sont interdépendants avec le niveau de vulnérabilité. L’ouest, l’est et le centre de l’Afrique, le sud de l’Asie, l’Amérique centrale et du Sud ainsi que l’Arctique sont les plus touchés par la crise. « Depuis le cinquième rapport d’évaluation du GIEC publié en 2014, il y a de plus en plus de preuves que la dégradation et la destruction des écosystèmes par les humains augmentent la vulnérabilité des personnes », soutiennent les experts dans le résumé destiné aux décideurs.  

Depuis 2010, les inondations, les sécheresses et les tempêtes ont causé 15 fois plus de décès dans les régions à risque. La crise climatique affecte déjà aussi la santé physique et mentale des différentes populations. 

En se fiant aux données du rapport du GIEC sorti en août 2021, la température globale devrait avoir augmenté de 1,5 °C d’ici la fin de la décennie. Cette augmentation devrait conduire à une inévitable gradation des problèmes climatiques, impliquant un nombre important de risques pour les populations et écosystèmes d’ici 2040. Des effets collatéraux de cette hausse entraineraient possiblement des émissions de gaz à effet de serre (GES) supplémentaires. Par exemple, la forêt amazonienne émet davantage de carbone qu’elle en récupère, selon les renseignements de La Presse. D’ailleurs, les experts du GIEC prévoient que si ce scénario venait à se réaliser, les mesures d’adaptation pour contrer les changements climatiques perdraient de leur efficacité.  

Messieurs les ministres… qu’allez-vous faire? 

Avec le cri lancé par le GIEC, les gouvernements fédéraux et provinciaux se devaient de réagir. Dans une entrevue qu’il a donnée à La Presse la journée de la sortie du rapport, le ministre canadien de l’Environnement et des changements climatiques Steven Guilbeault a déclaré que ce nouveau rapport « ne fait que renforcer la volonté de notre gouvernement » d’agir contre la crise climatique. Selon lui, il ne faut plus s’arrêter qu’à des investissements en transports collectifs, en énergies renouvelables ou en technologies propres; l’élimination de l’exploitation des énergies fossiles est capitale.  

Si telle est la vision d’Ottawa, que faire avec le projet pétrolier Bay du Nord? Le ministre Guilbeault devait décider s’il allait de l’avant avec la construction de cette plateforme flottante d’extraction de pétrole et de gaz avant le 6 mars. Finalement, le gouvernement a statué qu’il allait attendre 40 jours de plus avant de rendre sa décision. L’ancien d’Équiterre et de Greenpeace se défend en mentionnant qu’il y a plusieurs autres positions pour l’action climatique, comme la tarification sur le carbone, la réduction des émissions de méthane et le plafonnement des GES.  

À Québec, le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques Benoit Charrette s’est contenté de dire à La Presse qu’il avait retenu principalement les passages démontrant l’impact disproportionné des changements climatiques sur les populations vivant dans la précarité financière. Voyant les résultats du rapport, les partis d’oppositions ont critiqué le gouvernement Legault. La députée libérale Isabelle Melançon a déclaré que la CAQ n’avait qu’un « demi-plan » pour l’action climatique, puisqu’il n’a répondu qu’à 50 % de ses objectifs. Manon Massé de Québec Solidaire demandait à ce qu’il abandonne le tunnel Québec-Lévis et qu’il renonce aux indemnisations prévues pour l’arrêt des activités des entreprises pétrolières et gazières. Puis, plus d’investissements à l’adaptation aux changements climatiques ont été réclamés par le péquiste Sylvain Gaudreault. 

Encore une fois, la désinformation 

Dans son rapport, le GIEC consacre une section complète à la désinformation et au clivage dans sa publication dédiée aux Nord-Américains. La rhétorique discréditant la science a amené une portion d’individus à croire des informations erronées concernant les changements climatiques. Le phénomène s’est répandu particulièrement en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et aux États-Unis.  

Toutefois, ce sont les territoires du Québec, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique qui sont les plus persuadés de l’existence de la crise climatique, devant tous les États américains.  


Crédit image @ Marcus Spiske

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