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Niagara

Sep 26, 2022

Par Alexandre Leclerc 

CRITIQUE/Le nouveau projet de Guillaume Lambert (Les scènes fortuites) est bien plus ambitieux que le précédent. Avec une distribution toute étoile et un budget considérable, le film a ouvert le Festival de cinéma de la Ville de Québec plus tôt ce mois-ci, en plus d’avoir eu une bonne couverture médiatique. Est-ce que Niagara remplit les attentes? Pas tout à fait, malheureusement. 

Une ode nostalgique 

Après que leur père (Marcel Sabourin) décède en effectuant un « Ice Bucket Challenge », trois fils tentent de recoller les pots cassés en l’honneur du patriarche. Alain (François Pérusse, dans un premier rôle au cinéma) est un instructeur de taekwondo récemment licencié, et dont la malchance ne cesse de l’affliger. Vivant une petite crise identitaire, il s’embarque avec son frère Léo-Louis (Éric Bernier), récemment cinquantenaire, vers le vignoble familial, situé près de Niagara Falls. Leur voyage en voiture, véritable chemin de croix nostalgique à travers l’Ontario francophone, leur fait se remémorer des scènes de leur jeunesse et rencontrer une serveuse (Véronic DiCaire) et sa fille Penelope (Katherine Levac). 

Niagara regorge de bonnes intentions, mais échoue tristement dans son exécution. La prémisse susmentionnée n’aura rien de novatrice pour les amateurs de cinéma québécois des dernières années, mais alors qu’on serait en droit de s’attendre à un film tragicomique, le récit, séparé en chapitres, peine à trouver son ton. Ou plutôt, il choisit le mauvais. 

Des problèmes de ton 

Les trois premières sections, plus comiques, essaient désespérément d’être drôles, sans jamais nous arracher ne serait-ce qu’un sourire. Les scènes s’enchainent de façon aléatoire et anecdotique, et plusieurs d’entre elles ne servent qu’à pousser un gag à l’extrême. Du lot, on grincera des dents lors du passage des frères à un service à l’auto, ainsi que durant leur arrêt dans un verger franco-ontarien. Cet humour vieux jeu a possiblement son public, mais je n’en fais pas partie.  

La faute revient en grande partie au scénario déficient qui dépeint ses personnages caricaturalement. L’aîné, blasé, contraste fortement avec l’excentrique Léo-Louis, joué très gros par Bernier. Pour une première expérience au grand écran, Pérusse paraît parfois à l’aise, d’autres fois moins, alors que son air nonchalant détonne d’avec l’énergie du film. Rarement, cependant, l’un et l’autre sont drôles, ce qui est surprenant considérant que ce sont des interprètes qui ont basé leur carrière sur la comédie. 

La section dramatique sauve le film 

Niagara prend toutefois son envol à partir du quatrième chapitre lorsqu’il trouve enfin le juste milieu entre la comédie et le drame, un ton qu’il aurait dû adopter dès le départ. Porté par l’excellent tandem formé de Guy Jodoin et Marcel Sabourin, qui interprètent respectivement Victor-Hugo (pourquoi pas ?) et Léopold, le père de la famille, ce second souffle nous montre le potentiel, pour l’instant inassouvi, de Lambert comme scénariste et réalisateur. 

Soit cette seconde moitié est mieux fignolée, soit Jodoin et Sabourin ont su élever la qualité générale du long métrage par leur performance. Quoi qu’il en soit, l’attendue rencontre entre les trois frères et leur tentative de réconciliation d’avec leur mère (Muriel Dutil) devient soudainement un peu plus intéressante, bien que réchauffée. Il y a certes une amorce d’exploration de thèmes comme la famille, le deuil, la nostalgie et la colère, mais toute analyse est minée par une première moitié brouillonne et comique à l’excès.  


Crédit image@Entract Films

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