Mer. Avr 17th, 2024

Par Bianca Lahaye 

Il n’est pas rare de se retrouver dans des schémas relationnels répétitifs solidement installés et difficiles à briser. Ces interactions interpersonnelles sont teintées d’une certaine couleur, d’un certain style. C’est ce qu’on appelle les styles d’attachement.  

Audrey Brassard, professeure titulaire à l’Université de Sherbrooke, concentre ses recherches autour de la théorie de l’attachement. Elle détient un baccalauréat régulier en psychologie de l’UQAT ainsi qu’une maitrise en psychologie du couple et de la famille de l’UQTR. C’est dans ce contexte que Mme Brassard a connu la théorie de l’attachement. Cependant, c’est principalement durant son doctorat en psychologie clinique adulte spécialisé au niveau du couple et de l’attachement qu’elle a développé son expertise.  

La racine de l’attachement 

Alors, comme l’explique Audrey Brassard, « l’attachement est un concept qui remonte à l’enfance, donc chaque enfant qui nait va développer, avec ses premières figures d’attachement [sic] soit les parents, un tuteur ou quelqu’un qui en prend soin […], une représentation des autres et de lui-même. Ces représentations-là, dépendamment de comment les parents ou les figures d’attachement ont été disponibles, présents, sensibles et aussi constants, fiables et rassurants, l’enfant va apprendre un petit peu à se faire une idée. On appelle ça des représentations internes de soi et des autres autour des questions suivantes [sic] : est-ce que moi je suis digne d’être aimé ? Et, est-ce que j’ai de la valeur ? » Dans cette optique, les styles d’attachement sont le reflet de la qualité du lien affectif développé dès le plus jeune âge.  

Style d’attachement préoccupé versus évitant 

S’il y a présence de beaucoup d’anxiété d’abandon, on se retrouve face au style d’attachement préoccupé. Plus l’anxiété est élevée, plus les personnes vont avoir un doute dans leur estime et dans leur valeur personnelle. Cela occasionne des personnes jalouses et demandant d’être régulièrement rassurées. Ces personnes peuvent être intenses et émotionnelles, voire colériques. À l’inverse, si l’enfance est marquée par des parents non disponibles, on peut se retrouver devant un style évitant. Ces personnes vont avoir tendance à fuir lorsque la relation devient trop intime. Elles ont tellement appris à ne compter que sur elles-mêmes. Elles désirent être pleinement autonomes et se détachent émotionnellement pour éviter d’être blessées. Cela peut donner lieu à des relations détachées, voire instrumentales, qui ne font que combler certains besoins. Ces deux styles se retrouvent sur un axe allant de la peur de l’abandon à la peur de l’évitement. En d’autres mots, il est possible d’être un peu dans l’anxiété d’abandon, dans le milieu du spectre ou, à l’opposé, dans l’évitement. 

Le style sécurisant 

En cas d’une enfance marquée par des parents présents et à l’écoute, le risque de développer un style d’attachement sécurisant ou sécurisé est augmenté. Les styles d’attachement varient également selon la représentation des autres c’est-à-dire sur la base des interactions avec les parents. Si durant l’enfance, les besoins primaires ont été répondus, il y a plus de chances qu’une fois adulte, il y ait peu d’évitement et peu de peur d’abandon. En d’autres mots, c’est un style d’attachement sécurisant. « On pense qu’il y a environ [sic] une personne sur deux qui va avoir développé une sécurité d’attachement », exprime Audrey Brassard. Ça ne veut pas dire qu’elle ne vivra jamais d’anxiété, mais plutôt qu’elle a une bonne sécurité d’attachement. Dans ces cas-là, on retrouve une bonne estime de soi ainsi qu’une bonne confiance en nous et les autres. Les relations sont plus fluides et faciles.  

Style d’attachement craintif 

Le dernier style d’attachement combine le style préoccupé et détaché. À la fois, il y a la peur de l’abandon et le désire de rester détaché. Cette couleur d’attachement peut être teintée d’un passé tumultueux où des abus ont été commis ou d’une enfance difficile. Les gens qui ont ce style d’attachement sont susceptibles de développer plus de peccadilles au niveau relationnel en raison de leur ambivalence. Par moment, c’est l’anxiété et la peur de perdre la validation qui prennent le dessus, alors qu’à d’autres moments c’est la fuite qui est privilégiée.  

Les styles d’attachement au gré du temps 

Audrey Brassard a bien mis l’accent sur l’aspect évolutif des styles d’attachement. Ce n’est donc surtout pas pathologique. Le style d’attachement qui s’est forgé avec le temps a été la meilleure façon de s’adapter à son environnement durant l’enfance. Un peu comme une stratégie de survie. Cela dit, il est possible qu’à l’âge adulte, notre style d’attachement apporte son lot de défis. Selon les études, si nous sommes en contact avec un style sécurisant, nous aurions tendance à nous rapprocher de ce style. Cependant, l’inverse est aussi vrai. Donc certaines relations peuvent venir activer chez soi un style d’attachement qui diffère de notre style habituel ou modifier celui que nous avons actuellement. 

Pour plonger en profondeur dans le sujet 

Afin de bien plonger dans le sujet et d’en apprendre plus, la psychothérapie individuelle ou de couple est une avenue intéressante. De plus, Audrey Brassard recommande certains livres comme Fondement de la psychologie du couple sous la direction de Yvan Lussier, Claude Bélanger, Stéphane Sabourin sur le couple en général, Dis-moi qui tu aimes et je te dirai qui tu es de Marc Pistorio concernant les styles d’attachement ainsi que leurs appariements et Serre-moi fort écrit par Sue Johnson, l’auteure de la psychothérapie du couple centrée sur les émotions.  


Crédit image @Canva

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