Lun. Mar 25th, 2024

Par Victor Dionne 

La course à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC) s’annonce intéressante. Au total, huit personnes candidates vont lutter afin d’obtenir la direction de l’opposition officielle. Deux candidats sont toutefois bien en avance d’après un sondage de la firme Léger de début avril. Parmi ceux-ci, un nom qui rappelle des souvenirs aux Québécoises et Québécois : Jean Charest. Qu’on l’aime ou non, son retour en politique fédérale en a fait réagir plusieurs.  

Bien qu’il soit majoritairement connu comme ayant été le premier ministre du Québec de 2003 à 2012, il a tout de même une expérience considérable en politique fédérale. De 1984 à 1998, il a été député à la Chambre des communes sous les bannières du Parti progressiste-conservateur du Canada. Alors que Brian Mulroney était au pouvoir, il a occupé le poste de ministre de l’Environnement pendant deux ans. 

Rencontré par Le Collectif il y a quelques jours, l’ancien député de Sherbrooke en avait long à dire sur les raisons de sa récidive en politique. Même si, depuis 10 ans, il travaillait dans le secteur privé, M. Charest ne semble pas avoir perdu sa flamme de politicien.  

Être Canadien, c’est gagner la loterie 

« Le fil commun de ma carrière politique, c’était vraiment l’idée du Canada. Pour moi, être citoyen du Canada, c’est comme gagner la loterie » dit M. Charest au commencement de l’entrevue. Toutefois, il considère que le pays est profondément divisé depuis les années 1980. Pourquoi vouloir faire un retour en politique, notamment avec le Parti conservateur ? L’ex premier ministre du Québec présente trois principales raisons.  

Tout d’abord, il désire rallier les Canadiennes et Canadiens : « C’est le seul parti (PCC) qui peut faire le pont entre l’est et l’ouest du pays. » Il souhaite ainsi que les citoyennes et citoyens retrouvent un gouvernement (et un Parti conservateur) « à la hauteur » de leurs attentes.  

Ensuite, il veut éviter à tout prix que le Canada fasse de la politique à l’« américaine ». « Honnêtement, beaucoup de gens nous en parlent partout; pour nous, au Canada, de pratiquer de la politique à l’américaine, ça serait désastreux. Compte tenu de notre histoire, de qui nous sommes, ce serait, à mon avis, une vraie catastrophe, et ce n’est pas ce qu’on veut », mentionne-t-il en faisant référence à la tendance populiste de son compétiteur principal, Pierre Poilievre.  

Puis, M. Charest considère le Parti conservateur comme étant celui qui rejoint ses valeurs. Il réitère ses positions conservatrices, entre autres sur les aspects fiscaux et légaux : « L’économie de marché, les politiques économiques qui favorisent la croissance, incluant les questions de ressources, les politiques de soutien des familles et celles qui respectent la loi et l’ordre, et la règle de droit, c’est ce qui me différencie de mes adversaires. » 

S’il devient chef du PCC 

S’il gagne la course à la chefferie, est-ce qu’un retour de M. Charest en tant que député de Sherbrooke est possible ? Ce n’est pas le cas pour le moment. 

« J’ai déjà indiqué que j’aimerais entrer à la Chambre des communes le plus rapidement possible, et la tradition veut que cela se fasse avec une élection partielle et qu’un député de mon propre parti cède son siège. Maintenant, ça ne sera pas un siège au Québec, parce que nous avons dix circonscriptions. Pas question d’en avoir une de moins. » 

-Jean Charest

« J’ai déjà indiqué que j’aimerais entrer à la Chambre des communes le plus rapidement possible, et la tradition veut que cela se fasse avec une élection partielle et qu’un député de mon propre parti cède son siège. Maintenant, ça ne sera pas un siège au Québec, parce que nous avons dix circonscriptions. Pas question d’en avoir une de moins. » 

À plus long terme, il n’écarte tout de même pas l’idée de revenir en Estrie : « Pour ma famille, c’est un point d’ancrage, les Cantons de l’Est. Nous avons toujours une résidence d’été à North Hatley, ce sont mes racines et c’est là que je suis le plus heureux. » 

En devenant chef de l’opposition officielle actuelle, M. Charest considère que l’une des étapes primordiales sous ses commandes serait la réunification du parti. « Le parti a été très partagé depuis les dernières années. Nous avons perdu trois élections consécutives, 2015-2019-2021, donc, ce sera très important pour le nouveau chef de faire le lien entre le caucus et les membres », soutient-il.  

Le candidat à la chefferie énonce que l’économie est l’un des enjeux sur lesquels il voudrait travailler : « Il y aura un travail très important à faire pour que nous puissions revenir à l’équilibre budgétaire. Il faut surtout favoriser des politiques qui soutiennent la croissance économique, et en particulier pour des ressources naturelles. » D’ailleurs, selon lui, le développement des ressources naturelles pourrait se faire en parallèle avec la « décarbonisation » de l’économie. Finalement, il aimerait s’intéresser à l’immigration et à la main-d’œuvre pour intégrer les talents internationaux au sein des emplois canadiens. « Ce sont des choses qui me font penser que le Canada peut devenir un pays qui se démarque », souligne M. Charest. 

Renouer avec la communauté étudiante 

Interrogé sur les évènements du Printemps érable de 2012, M. Charest, premier ministre du Québec à cette époque, affirme toujours que la motivation derrière les décisions en lien avec l’augmentation des frais de scolarité était d’accroître le financement des universités. Néanmoins, il considère que le gouvernement fédéral doit travailler en collaboration avec les gouvernements provinciaux sur les questions étudiantes. 

S’il devient premier ministre du Canada, il aimerait aussi développer d’autres politiques qui permettraient d’accueillir des personnes étudiantes internationales et accélérer leur accès à la citoyenneté canadienne. De même, il souhaiterait que les membres de la communauté étudiante puissent avoir davantage de stages à l’étranger. « Pour les étudiants, j’aimerais leur offrir une vision de l’avenir qui est très ouverte, en fonction de leurs propres ambitions », conclut-il.  


Crédit image @ Équipe Jean Charest

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