Mar. Mar 19th, 2024

Par Josiane Demers

Réaliser un tour du monde en mer, en quatre étapes totalisant une distance de 27000 milles, à bord d’un voilier fabriqué avant 1988, le tout sans technologie moderne : quelle idée folle! C’est pourtant dans cette extraordinaire aventure que Catheryne Langford, originaire des Îles-de-la-Madeleine, se lancera le 10 septembre prochain, alors qu’elle participera à la Ocean Globe Race 2023. Jusqu’à maintenant, elle est la seule Canadienne à faire partie d’un équipage.

En effet, la jeune femme de 30 ans réalisera cet exploit à bord du navire australien Explorer. Elle et ses coéquipiers entreprendront la traversée d’une vie. Cette course marque le 50e anniversaire de la course originelle Whitebread ayant eu lieu en 1973. Sans outils de navigation modernes tels que les GPS, les ordinateurs et les satellites, l’organisation de la Ocean Globe Race souhaite revenir aux sources et à l’essence même de la voile. Cela permettra à des personnes aventurières, passionnées et rêveuses de se dépasser. Aventurière, passionnée et rêveuse, trois mots qui définissent parfaitement Catheryne Langford!

Une passion indéniable

Ayant grandi en plein cœur de l’océan Atlantique, Catheryne s’est toujours intéressée à la voile. Toutefois, personne dans son entourage ne possédait de voilier et elle n’a pas non plus profité des cours de voiles offerts sur le territoire madelinot lorsqu’elle était au secondaire.

C’est en 2017 que sa passion pour la voile s’est concrétisée. À ce moment, celle qui détenait un baccalauréat en études internationales et langues modernes de l’Université Laval était à la maîtrise et avait entendu parler de l’évènement Course des grands voiliers rendez-vous 2017. Cet évènement regroupait une quarantaine de navires qui ont suivi un parcours de 7 000 milles nautiques, traversant l’Atlantique à deux reprises et s’arrêtant, entre autres, à Québec pour le 150e anniversaire du Canada.

 J’ai commencé avec les grands voiliers en 2017. J’étais supposée partir trois mois. Ça a été ma première expérience de voile et finalement je suis restée 13 mois. En m’embarquant là-dedans, je ne savais même pas si j’allais avoir le mal de mer ou même si j’allais aimer ça, mais j’ai eu la piqûre.

            – Catheryne Langford

Afin de trouver un moyen de rentabiliser sa passion, elle s’est jointe à la marine marchande ou elle a travaillé pendant trois saisons dans l’Arctique Canadien comme cuisinière, matelot de pont et timonière. C’est lors de son récent mandat dans cette région qu’elle a vu l’annonce de la Ocean Globe Race qui mentionnait chercher des gens pour compléter les équipes. Elle a préparé et soumis son dossier et c’est à la mi-mars qu’elle a passé une entrevue et a été sélectionnée parmi 75 personnes candidates.

Elle a donc dû faire face à un défi de taille : une préparation accélérée. « Les équipages se préparent depuis trois ans et plus et, moi, je dois trouver le financement et je me prépare en accéléré et à la dernière minute, mais je ne pouvais pas passer à côté de cette occasion-là », souligne-t-elle.

La course

À la mi-juin, l’aventurière s’envolera vers Sable D’Olonne en France, où elle se familiarisera avec son équipage et avec le voilier. L’équipe est formée de neuf personnes qui feront le trajet complet et de quatre autres personnes qui se joindront à la formation seulement pour des portions de la course.

Le 10 septembre 2023, Catheryne se trouvera sur la ligne de départ à Southampton au Royaume-Uni. Son équipage hétéroclite, formé entre autres de Français et d’Australiens, ainsi que de personnes aux parcours professionnels diversifiés, se dirigera vers Cape Town en Afrique du Sud. Ensuite, elle traversera jusqu’en Nouvelle-Zélande à Auckland, pour la deuxième partie de la course.

La troisième étape s’annonce la plus difficile. « On va traverser le Pacifique et on va passer sous l’Amérique latine et le cap Horn, qui est l’endroit avec les plus grosses mers du monde et qui est réputé pour être le défi ultime des marins, pour arriver en Uruguay à Punta del Este », souligne la seule femme de l’équipage permanent. La dernière étape de la course impliquera une traversée de l’Atlantique, de l’Uruguay jusqu’à Southampton.

Pendant la traversée, Catheryne sera, entre autres, responsable de plonger et d’aller voir sous le bateau si des problèmes surviennent. Elle sera possiblement aussi responsable des systèmes de communication en cas d’urgence, mais elle ne connaît pas encore tous les détails concernant son rôle sur le bateau.

La météo, source d’incertitude

Cette course, qui tente de capturer l’esprit d’antan de la voile, permettra également une accessibilité à des gens qui ont une passion pour la voile de pouvoir vivre l’expérience d’une vie. Elle s’éloigne ainsi des dépenses exorbitantes engendrées par le coût des technologies. Cependant, l’accès limité aux outils modernes de navigation complique les choses en matière d’anticipation du mauvais temps.

On peut se mettre dans des situations plus dangereuses. Ça, ça fait quand même peur. Il y a une différence entre naviguer dans du beau temps et naviguer dans du mauvais temps. Il y a de gros risques, je pourrais mourir. Je pourrais perdre un membre d’équipage si une personne tombe à l’eau.

– Catheryne Langford

Soutien et financement

Catheryne bénéficie du soutien de personnes dont la réputation n’est plus à faire. En effet, le documentariste, photographe et plongeur en eau froide madelinot Mario Cyr est derrière elle. Mylène Paquette, première personne des Amériques à avoir traversé l’Atlantique Nord à la rame en solitaire, l’appui également. Un soutien amplement mérité considérant l’ambition et la détermination extraordinaire dont elle fait preuve en relevant ce défi.

Évidemment, même si les coûts sont réduits à cause de l’absence de technologies modernes, un budget substantiel est nécessaire à un tel projet. Les coûts associés à cette aventure d’envergure approchent les 75 000 $. Catheryne est présentement à la recherche de partenaires à qui elle pourra offrir une visibilité considérable.

De plus, si vous avez envie de l’encourager dans cette extraordinaire épopée, il est possible de le faire par sociofinancement via son GofundMe. Voilà une bonne occasion d’encourager une personne d’ici qui se lance dans un projet qui sort des sentiers battus.

Pour suivre la folle et belle traversée de Catheryne Langford, aimez sa page officielle sur Facebook.


Crédit image @Valery Vasilevsky

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