Mer. Mar 27th, 2024

Par Sarah Baril-Bergeron

Cette semaine, nous vous proposons de lire le parcours atypique de Sarah Baril-Bergeron, étudiante en littérature à l’Université de Sherbrooke, mais aussi autrice de livres jeunesse depuis son plus jeune âge. Cette amoureuse de la littérature nous raconte ce qui l’a menée vers le monde de l’écriture, mais aussi ce qu’elle prévoit comme projets. Un témoignage très impressionnant qui prouve qu’avec de la passion, on est capable de tout!

Il était une fois

Depuis aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé raconter des histoires. À vélo dans le dos de ma mère, avant même de savoir pédaler, j’inventais des récits qui se tenaient d’un bout à l’autre. J’ai toujours été fascinée par l’immensité de l’invention, l’infinité des possibilités du cerveau humain.

Au primaire, je dévorais des dizaines de livres par mois. Mes amies me surnommaient affectueusement « le dictionnaire », puisque je connaissais des tonnes de mots et dépassais toujours largement les limites de mes productions écrites. Je me souviens avoir eu comme objectif d’écrire et publier mon premier roman avant d’entrer au secondaire. Si ce désir ne s’est pas réalisé, j’écrivais déjà beaucoup : en passant par les fanafictions aux projets scolaires jusqu’aux histoires originales, j’avais déjà la piqûre.

J’ai même créé et dirigé un journal étudiant durant quelques mois lors de ma dernière année au primaire. En cinquième année, il y avait un concours dans la classe : qui parviendrait à lire 1 000 pages de fiction avant la fin de l’année ? Il fallait non seulement lire les romans, mais également remplir des fiches de lecture. Le gagnant se mériterait une sucrerie mille-feuilles ! J’ai terminé l’année scolaire en dépassant le cap des 20 000 pages.

L’élément déclencheur

La grande école n’a guère calmé mes ardeurs. Au contraire, j’ai été remarquée de mon enseignante de français, impressionnée par le fait que je lisais Le Parfum de Patrick Süskind en secondaire un. Elle m’a approchée en me parlant d’un projet qui allait changer ma vie : le concours littéraire Sors de ta Bulle.

De grande envergure, le programme accompagne les jeunes élèves des écoles secondaires de Sherbrooke tout au long de l’année pour les encourager à rendre un objet littéraire complet, peu importe la forme – roman, recueil de nouvelles ou de poésie, bande dessinée… Le gagnant se mérite la chance d’être publié chez l’éditeur Les Six Brumes. J’étais aux anges.

Malheureusement, après avoir entamé les premières démarches, nous nous sommes rapidement rendu compte que le concours ne s’adressait qu’aux étudiants de secondaire trois et plus. J’étais déçue, mais point découragée. J’ai entamé de ce pas l’esquisse de mon premier roman, Elementa. Une histoire fantastique, dans un monde inventé, alliant magie, mystères et amours, comme le désirait mon cœur de jeune adolescente. Sans l’encadrement du concours, toutefois, ce n’est qu’en troisième année que je suis parvenue à le compléter.

Effectivement, le programme offre des rencontres, le mentorat d’une enseignante et d’un ou d’une lectrice critique, le parrainage d’un auteur, ainsi que des rencontres individuelles avec des auteurs renommés. J’ai personnellement eu la chance de discuter avec Elisabeth Tremblay, Laurent Chabin et Hervé Gagnon. J’ai également eu l’immense honneur d’être invitée à un souper littéraire auquel participait David Goudreault !

Les péripéties

À la fin de mon parcours secondaire, j’avais complété trois romans et un recueil de poésie. Si aucune de mes œuvres ne s’est mérité la première place au concours, j’ai toujours réussi à me retrouver dans le top. D’ailleurs, lors de ma dernière participation, j’ai soumis deux manuscrits qui ont chacun été sélectionnés pour la 3e et 2e place. C’était du jamais vu dans l’histoire du concours Sors de ta Bulle

Je me suis alors retroussé les manches, et j’ai débuté mon envoi de manuscrits dans diverses maisons d’édition. J’ai eu la chance d’être retenue par les éditions AdA, qui ont accepté de publier mes deux premiers romans, Elementa et Nos maux d’hiver. Ce dernier, d’un style complètement différent, est l’histoire d’une jeune femme à la santé mentale fragile qui navigue entre études supérieures, problèmes familiaux et nouvelle histoire d’amour.

Les choses se sont mises à débouler à partir de ce moment. Dès mon arrivée au Cégep, au programme de littérature, j’ai décidé de m’impliquer dans la revue littéraire Chimère. J’étais sur les comités de sélection et de révision des textes, tout en y étant publiée. J’ai aussi participé au Prix littéraire des Collégiens en tant que membre du jury. Je n’ai pas oublié mon premier amour, bien entendu : j’ai continué de m’impliquer au sein de Sors de ta Bulle en tant que lectrice critique pour les jeunes amateurs. D’ailleurs, cette année, j’aurai l’immense honneur d’être jury officiel pour le concours. C’est un grand plaisir pour moi de pouvoir redonner à ce projet qui a été tant formateur dans mon propre parcours.

Le dénouement

J’achève à présent mon baccalauréat au programme de littérature à l’Université de Sherbrooke. Je m’implique aussi dans la revue littéraire Cavale en tant que membre des comités, mais également en tant qu’autrice. J’ai été lauréate de divers prix et bourses au fil des ans, et j’ai été invitée par la ville de Magog à participer au projet « Paroles d’ici », un parcours littéraire formé d’une quarantaine d’oriflammes installées au parc de la Baie-de-Magog. C’est absolument surréel, d’avoir mon nom et mes mots aux côtés de ceux d’Alfred Desrochers, de Richard Séguin ou encore de Vincent Vallières ! Dans les derniers mois, toujours au sein du groupe AdA, j’ai publié mon troisième roman jeunesse, écrit en secondaire cinq, toujours dans le cadre du concours. Liten Walkyrie explore l’univers viking de l’an 860 avec une héroïne féminine absolument redoutable. Il est présentement disponible en librairies et bibliothèques !

Malgré tout l’amour que je porte à mes origines, je pense qu’il est temps pour moi de faire une croix sur la littérature jeunesse. Mon parcours universitaire a été grandement formateur et j’ai le vertige devant l’infinité de possibilités. J’ai bien hâte de me remettre à l’écriture ainsi que de voir ce que l’avenir me réserve quant à mon aspiration de devenir éditrice.


Crédit image @William Pomerleau Hardy

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