Par Carolanne Boileau
À maintes reprises dans l’histoire, la Russie s’est retrouvée au cœur d’enjeux politico-sportifs. Les Jeux olympiques d’été de Paris, qui se dérouleront en 2024, ne font pas exception alors que les observateurs s’interrogent sur la possibilité d’admettre les athlètes russes dans la compétition.
Le 3 février 2023, le Comité olympique ukrainien a approuvé une stratégie visant à convaincre les dirigeants sportifs internationaux d’exclure les athlètes russes et biélorusses de toutes les compétitions internationales, selon un article du journal Le Droit. Cette décision a été prise par les membres du Comité après que le Comité international olympique (CIO) ait changé son fusil d’épaule. Précédemment, le CIO avait recommandé d’exclure les Russes et les Biélorusses des compétitions sportives mondiales par souci de sécurité. Dans les dernières semaines, des pressions ont cependant été faites pour inclure ces athlètes à titre « d’athlètes neutres » rapporte Le Droit.
L’histoire se répète
Les Jeux olympiques d’été de 2024 ne sont pas les seuls à avoir subi une controverse politique. De la même manière, les Russes n’en sont pas non plus à leur premier boycottage. En effet, lors des Jeux olympiques d’été de 1980 se déroulant à Moscou, une cinquantaine de pays avaient refusé d’envoyer leurs athlètes en Russie « pour protester contre l’intervention militaire de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en Afghanistan, en décembre 1979 », comme on peut lire dans un article de Perspective Monde. Il semblerait donc que l’histoire se répète.
En 1980, le président américain Jimmy Carter avait demandé au Comité olympique de son pays de ne pas envoyer d’athlètes à Moscou ; sa demande avait été acceptée. Une cinquantaine de pays avaient suivi l’exemple américain et boycotté les Jeux olympiques de 1980 par mesure de protestation. L’URSS a reproduit le geste en 1984 en refusant, à son tour, de participer aux Jeux d’été qui se déroulaient à Los Angeles. Une quinzaine d’autres pays, principalement du bloc de l’Est, avaient suivi le mouvement en boycottant l’événement comme mentionné sur Perspective Monde. L’Ukraine adoptera peut-être la même tactique politique si les athlètes russes et biélorusses sont admis en 2024.
D’autre part, les questions de dopage doivent également être considérées lorsqu’on aborde les enjeux liés à la présence des Russes. Il faut rappeler que les athlètes russes et biélorusses ont déjà été exclus de nombreuses compétitions sportives mondiales à cause de cas de dopage. Cependant, comme le rapporte La Presse, ces athlètes avaient le droit de faire compétition sous une bannière neutre à condition qu’ils n’aient jamais été coincés pour dopage. Dernièrement, la patineuse russe, Kamila Valieva, avait obtenu un résultat positif à un test antidopage lors des Jeux olympiques d’hiver de 2022. Le tribunal arbitral du sport avait finalement statué qu’elle pourrait continuer son parcours, et donc, rester dans la compétition. Une décision qui a fait couler beaucoup d’encre.
À quoi s’attendre pour 2024
Malgré la chute de l’URSS, la Russie se retrouve dans une situation similaire à celle de 1980. En effet, l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes a valu à la Russie de multiples conséquences ; les exclusions des compétitions mondiales en font partie. Au début de 2023, plusieurs pays ont étudié la possibilité de réintégrer les athlètes russes et biélorusses en prévision des Jeux olympiques d’été de Paris, rapporte un article du journal Le Monde. Dans une déclaration, le Comité international olympique explique qu’aucun athlète ne devrait être interdit de compétition sur la seule base de son passeport. Pour éviter cette forme de discrimination, le CIO a élaboré des conditions de participation strictes. Toutefois, la question ne fait pas l’unanimité.
Plusieurs pays ont déjà pris position sur la question. Le Comité olympique canadien (COC) s’est dit ouvert à étudier l’option permettant aux athlètes russes et biélorusses de faire compétition sous une bannière neutre, à condition que ces athlètes respectent les conditions émises par le CIO selon le journal La Presse. Le COC a mentionné dans un communiqué : « Nous reconnaissons que la
décision d’exclure des athlètes uniquement sur la base de leur nationalité va à l’encontre des principes qui sont au cœur du mouvement olympique ».
Du côté des États-Unis, Gene Sykes, nouveau président et directeur général du Comité olympique et paralympique américain (USOPC), a réitéré que son organisation était prête à inclure les athlètes en question, rapporte La Presse canadienne. Les Américains souhaitent affronter les meilleurs athlètes au monde, mais veulent s’assurer que cela se fasse dans un environnement sécuritaire et juste. Gene Sykes a également rappelé que les sanctions contre la Russie devaient être maintenues. Une position qui peut paraître curieuse lorsqu’on se fie aux relations habituelles entre la Russie et les États-Unis.
Malgré l’ouverture des pays nord-américains à l’inclusion des athlètes russes et biélorusses aux Jeux olympiques de 2024, plusieurs autres pays ont brandi la menace de boycottage. C’est le cas notamment des trois pays baltes, la Lettonie, l’Estonie et la Lituanie. La Pologne a, elle aussi, annoncé qu’elle envisagerait de boycotter les prochains Jeux « si les athlètes de la Russie et de la Biélorussie obtiennent la permission d’y participer », toujours selon un article de La Presse. Si ce boycottage se réalise, il s’agirait de la première protestation de cette ampleur depuis les Jeux de Los Angeles en 1984.
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