À l’approche du 1er juillet et de la période des déménagements, la crise du logement au Québec frappe toujours. Alors que certaines personnes peinent encore à trouver des appartements abordables, les prix des loyers ne cessent d’augmenter et certains propriétaires requièrent des dépôts qui sont pourtant illégaux.
Avec la crise, des locataires se sentent obligés de payer une telle somme pour pouvoir se loger. C’est ce que dénoncent des comités de logement, à Montréal, mais également un peu partout en province.
Sur quelques annonces d’offres en ligne, sur Facebook Marketplace et sur Kijiji notamment, les proprios affichent clairement des exigences interdites.
Dans celles-ci, ils demandent des dépôts qui peuvent équivaloir à trois mois de loyer pour assurer le logement aux locataires. Ces derniers acceptent, la plupart du temps, pour ne pas se faire passer devant par quelqu’un d’autre.
Or, réclamer un dépôt pour garantir l’intégrité d’un logement est illégal au Québec, mais c’est une pratique autorisée dans le reste du Canada et aux États-Unis, selon la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ). Les locataires ont cependant le droit d’offrir un dépôt de leur plein gré, s’ils jugent cela nécessaire. Un propriétaire peut, quant à lui, exiger que le premier mois de loyer soit versé d’avance, une fois le bail signé.
Les gens espèrent tellement se trouver un hébergement à prix raisonnable, que souvent, ils mettent de côté l’illégalité de la chose. Selon Margaret Van Nooten, intervenante au comité de logement Genèse dans Côte-des-Neiges à Montréal, les locataires « se rendent alors compte que c’est soit payer ce dépôt, soit ne pas avoir de logement ». Elle constate d’ailleurs une augmentation de ce genre de pratique chez les propriétaires dans les dernières années.
Elle mentionne, dans La Presse, que les dépôts volontaires sont une source d’inégalité, puisque certains locataires peuvent se permettre de l’offrir, tandis que d’autres, non. Les nouveaux arrivants, n’ayant souvent personne qui peut les cautionner et n’ayant pas d’historique de crédit, sont encore plus touchés par ce problème. Ils doivent donc trouver une caution ou alors payer le montant imposé. « Ils ont peur de faire respecter leurs droits et que leur image en soit ainsi ternie », selon Me Julien Delangie, avocat spécialisé en droit du logement.
Et si c’était légal ?
La CORPIQ ne recommande pas à ses membres d’exiger un dépôt aux candidats locataires, mais elle précise que cette somme peut permettre à quelqu’un de « rassurer » son propriétaire, dans l’éventualité où le locataire n’a pas d’historique de crédit ou que le propriétaire ait des inquiétudes concernant la détérioration du logement, peut-on lire dans La Presse.
Martin Messier, président de l’Association des Propriétaires du Québec (APQ), explique que ces sommes sont demandées pour plusieurs raisons, principalement la négligence et les dommages causés par les animaux. « Si une personne a besoin de récupérer un montant, elle peut très bien le faire en s’adressant au Tribunal administratif du logement », exprime-t-il.
Les coûts toujours en hausse
En plus des propriétaires de logement qui se permettent d’exiger certaines pratiques, les loyers ne cessent d’exploser, si bien qu’ils augmentent plus rapidement que l’inflation. Dans le rapport du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Déménager : un cauchemar pour les locataires, une occasion de rêve pour les propriétaires, on observe clairement que les grandes villes québécoises voient le coût de leurs logements monter en flèche depuis quatre ans. Les données montrent qu’entre 2020 et 2024, les loyers disponibles ont grimpé de 50 % à Trois-Rivières, de 44 % à Sherbrooke et de 27 % à Montréal, pour nommer quelques exemples. Pour la même période, l’inflation a augmenté de 17 %.
Bien que plusieurs nouveaux logements se retrouvent sur le marché, la crise ne se résout pas puisque les unités résidentielles fraîchement construites affichent souvent des loyers élevés, ce que plusieurs ne peuvent se permettre.
« Augmenter l’offre sans égard au type de logement construit et à la capacité de payer des ménages locataires ne réglera pas le problème d’inabordabilité qui prend de l’ampleur et qui laisse de plus en plus de locataires sans alternatives », déplore Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
Le co-porte-parole du RCLALQ, Cédric Dussault, explique qu’il ne s’agit plus d’une question de l’offre et de la demande. Les chiffres montrent, selon lui, la nécessité d’imposer un contrôle sur les loyers, surtout lorsqu’il y a changement de locataire. Leur requête ? Des mesures de supervision des loyers pour éviter qu’ils montent plus vite que l’inflation.
Encore plus d’évictions forcées
Au cours de la dernière année, les cas d’éviction forcée ont augmenté de 132 %. Ce que démontrent les données de l’Enquête sociale canadienne de Statistique Canada, publiées en mai, c’est que près de 45 000 ménages québécois ont été évincés de leur logement depuis un an.
Malgré le désir de la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, d’avoir un moratoire sur les évictions pour une durée de trois ans, le RCLALQ regrette qu’il ne prenne pas en compte l’ensemble des types d’éviction, notamment celles dites frauduleuses, qui représenteraient la majorité d’entre elles. Les pressions indues sur les locataires pour les forcer à quitter leur logement ou encore le refus de certains propriétaires d’effectuer des réparations pour les pousser vers la porte font aussi partie de ces évictions.
Source: Facebook
Sarah Gendreau Simoneau
Passionnée par tout ce qui touche les médias, Sarah a effectué deux stages au sein du quotidien La Tribune comme journaliste durant son cursus scolaire, en plus d’y avoir œuvré en tant que pigiste durant plusieurs mois. Auparavant cheffe de pupitre pour la section Sports et bien-être du journal, et maintenant rédactrice en chef, elle est fière de mettre sa touche personnelle dans ce média de qualité de l’Université de Sherbrooke depuis mai 2021.
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