SYLLAD : des arbres aux étoiles 

Par Elizabeth Gagné 

Dans la vague du 60e anniversaire, la galerie d’art Antoine-Sirois de l’Université de Sherbrooke souligne l’occasion avec une nouvelle exposition. L’artiste multidisciplinaire Sylvie Rochette et l’artiste photographe Ladislas Kadyszewski allias SYLLAD présente Des arbres aux étoiles 

Sylvie Rochette est une figure active sur la scène culturelle québécoise et canadienne depuis la fin des années 70. Elle a mené une double carrière d’artiste multidisciplinaire et de consultante dans le milieu culturel. Elle a entre autres collaboré à plusieurs publications et a été formatrice en développement de carrière artistique auprès des conseils de la culture, d’associations professionnelles en arts visuels, en métiers d’arts et en arts vivants tels que l’Union des artistes et en piste pour les arts du cirque. L’artiste a présenté ses œuvres en Colombie-Britannique, au Québec, et a conçu des œuvres intégrées à l’architecture. Son nom figure au Dictionnaire des sculpteurs du XXe siècle

Ladislas Kadyszewski est un nom d’artiste qui puise dans les origines polonaises de son grand-père. Il a un esprit aventurier qui l’a mené aux quatre coins du monde, un cœur tourné vers les autres et surtout un regard sensible sur la beauté du monde. Ladislas Kadyszewski crée des œuvres d’art photographiques qui saisissent la rencontre épique entre l’homme et la nature, telle que dans son projet La 5e Saison. Né en France, il vit au Québec depuis 1992. Des Canadiens de Montréal aux grandes corporations dont l’Aéroport de Montréal, l’artiste s’est taillé une place de choix autant auprès des corporations et fondations pour leur besoin promotionnel qu’auprès de son public qui apprécie ses œuvres personnelles et sensibles.  

Symbolique 

Ayant tous deux mené une carrière individuelle, ils se sont rejoints dans leurs valeurs, leur vision, leurs sensibilités et dans leurs intérêts à aborder des thèmes qui questionnent notre présence au monde. Ainsi, ces amis de longue date travaillent ensemble sur la thématique de l’arbre depuis 2020 à Sherbrooke. L’arbre se situe au centre de leurs recherches, par ses qualités esthétiques et architecturales, ses bienfaits, sa résilience, sa sagesse et sa capacité d’adaptation. « L’arbre constitue la symbolique principale de cette réflexion ainsi que l’univers et la place de l’être humain sur terre », exprime Suzanne Pressé, commissaire de l’exposition 

Les deux artistes, par le fil conducteur entre les racines des arbres et le ciel, tentent de percevoir le lien organique qui unit le matériel et l’immatériel, l’ancré et l’éthéré, le visible et l’invisible. Ce fil directeur omniprésent dans leur art est représenté par une forme sculptée nommée RACIEL, un néologisme provenant de la contraction des termes racines et ciel. Les RACIEL sont des figures formées de branches de diverses essences de bois et de fibres naturelles symbolisant la circulation de l’énergie à souffle de vie. 

« En fait, les racines et le ciel, donc des arbres aux étoiles c’est la continuité de l’élévation qu’on se doit d’avoir », explique Ladislas Kadyszewski.  

Des sculptures nous représentant sont également présentes dans l’exposition. « C’est surtout pour remettre l’humain à sa place dans l’univers. Le but du jeu avec les sculptures de Sylvie, c’était de nous représenter le plus petit possible face aux étoiles », dit Ladislas Kadyszewski. « Dans une position de contemplation et d’humilité », ajoute Sylvie Rochette. 

Démarche presque scientifique 

Les deux artistes ont adopté une démarche multidisciplinaire, regroupant des experts de tous horizons, dont l’astrophysicien, Yves Gro Didier ; le fondateur de l’ASTROLab à Mégantic, Bernard Malenfant ; la professeure de chimie, Johanne Roby, qui est l’une des investigatrices des nuits étoilées ; ainsi que l’astrophotographe, Remi Boucher, et bien plus encore. Malgré une démarche presque scientifique, les artistes ne veulent pas adopter cette posture. « On ne veut pas jouer les scientifiques, on veut avoir un lien poétique et si on s’embarque trop dans la science et dans la technique on va perdre ce lien », dit Ladislas Kadyszewaki.  

Les deux artistes ont également beaucoup lu afin d’enrichir leurs connaissances et leur réflexion. Une réflexion qui a mené les deux amis à réaliser un manifeste écrit par leur ami Marc-André Rivard, « un homme de lettres », selon Sylvie Rochette. Celui-ci a transformé tout ce que les deux artistes avaient échangé et tout ce qu’ils avaient écrit en un manifeste. Il est possible de lire le manifeste dans la présente exposition à la galerie d’art Antoine-Sirois. C’est un manifeste fondamental pour leur travail. « On se réfère toujours à ça quand on est en train de développer de nouveaux projets, car un manifeste sert à prendre position et à déclarer notre intention ferme », développe Sylvie Rochette.  

L’exposition est une installation qui met en rapport les arbres et les étoiles dans un langage poétique et imaginatif. Les artistes partagent, dans une atmosphère paisible, leur vision du monde par un regard photographique épuré et par un apport minimal de matière. Les astrophotographies, les sculptures en terre cuite, carton et bois ainsi que la mise en scène d’une canopée de petite échelle invitent à la contemplation et à la réflexion sur notre monde. « Tout le bois utilisé pour faire les structures est du bois recyclé qu’un de nos amis nous a donné », dit Sylvie Rochette. 

La puissance de l’exposition s’observe dans la qualité et la diversité des œuvres et dans les nombreux niveaux de lecture. Une œuvre en réalité virtuelle ajoute à l’expérience. De plus, l’inattendue et subtile collaboration de deux artistes renommées, notamment  l’artiste multidisciplinaire Carole Simard-Laflamme et l’artiste Marie-Renée Otis, spécialisée en arts textiles et broderie d’art complète l’exposition. 

Les artistes proposent une classe de maître, le mardi 29 octobre, de 9 h à 10 h, à la galerie d’art Antoine-Sirois. L’exposition, quant à elle, se tiendra du 26 septembre au 21 décembre. L’accès à la galerie est gratuit pour les étudiants de l’Université de Sherbrooke. 


Crédits: Ladislas Kadyszewski

Elizabeth Gagné
Cheffe de pupitre CULTURE

Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.  

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