Qu’est-ce qu’on lit ce soir ? 

Fée, Eisha Marjara 

Par Sarah Baril-Bergeron 

C’est tout d’abord la magnifique couverture du roman de Eisha Marjara qui a retenu mon attention. On y voit en gros plan un dessin de femme sans sourire, étendue dans un lit orné de fleurs roses. Le matelas semble « fondre », comme un gâteau oublié trop longtemps sur le comptoir. Le titre, Fée, a piqué ma curiosité. Après que j’aie parcouru la 4e de couverture, le roman m’a raccompagnée chez moi. L’histoire raconte la descente aux enfers de Lila, une jeune femme punjabi affligée de la maladie d’anorexia nervosa, qui l’amène tout droit à l’hôpital psychiatrique où elle reste confinée durant une année complète. Le récit, raconté à la première personne, relate les évènements depuis son enfance qui l’ont menée à fêter son 18e anniversaire loin de sa famille, entourée seulement des infirmières et des médecins de l’hôpital. Le roman présente des thématiques de l’image du corps et du contrôle. Il aborde des sujets comme le deuil, le racisme, la dépression, l’abus d’autorité, ainsi que les idées suicidaires, tout cela à l’aide d’une écriture tantôt photographique, tantôt faite de métaphores de contes de fées. Le lectorat se voit embarqué dans le tourbillon de pensées du personnage, mêlant nombre de calories, heures d’entraînement et chiffres sur la balance. L’importance du message reste mise de l’avant grâce à une plume plutôt simple, mais efficace et touchante. Si je n’avais qu’une seule critique à faire de ce roman, ce serait que j’ai trouvé l’épilogue un peu court, me laissant sur ma faim. J’en aurais pris plus. En tous cas, Fée est un roman sensible et riche, qui se lit rapidement, une journée pluvieuse, boisson réconfortante à la main.  

Annulé(e) : Réflexions sur la cancel culture, Judith Lussier 

Par Nathan Lévesque 

À l’ère numérique, un plus grand nombre de personnes ont eu le pouvoir de s’exprimer publiquement, donnant enfin une voix aux personnes issues de diverses réalités. Il est devenu apparent que le paysage de la communication d’aujourd’hui est plus glissant et épineux que jamais. Ce glissement de terrain a donné naissance à un espace discursif complexe qui sème un risque pour quiconque souhaite s’y frotter. La cancel culture, ou « culture du bannissement », est un phénomène dans lequel une personne est dénoncée publiquement et souvent exclue de ses milieux professionnels et sociaux. C’est selon cette tendance que l’essai Annulé(e) : Réflexions sur la cancel culture, illustré par Mathilde Corbeil et écrit par la journaliste, auteure et chroniqueuse Judith Lussier, met de l’avant les réflexions de cette dernière sur la cancel culture. L’essai place le lectorat dans une position d’exploration et de réflexion sur ce concept aux aspects ambiguës en plongeant au cœur des dynamiques de pouvoir liées au phénomène social. Grâce à cette lecture, j’ai eu l’opportunité de remettre en question mes positions sur divers aspects de la société, de mieux cerner les limites floues de cette troublante cancel culture et de repartir avec une vision complètement différente et approfondie sur le sujet. Cet essai québécois est un véritable trésor pour les amateurs d’essais sociopolitiques ou pour quiconque souhaitant élargir son éventail de connaissances (et d’arguments…).  

Fusibles en microdoses, Marido Billequey 

Par Ema Holgado 

Disponible depuis le 13 septembre 2023, ce recueil de poésie de Marido Billequey nous a été directement envoyé à la rédaction et ce n’est pas sans raison. Au travers des pages, la poète s’adresse à différentes femmes du milieu artistique qui ont marqué les sociétés de leur art et leur force. On y retrouve des poèmes pour, entre autres, Patti Smith, Marguerite Duras, Virginie Despentes, Nelly Arcand et même la propre mère de l’artiste. Ces mots sont entremêlés de l’apport artistique de Deborah Davis et de la designer graphique Louise Marois. La femme est donc à l’honneur dans ce recueil coloré, vif et joyeux, même s’il aborde des thèmes forts et durs qui touchent nos sociétés d’aujourd’hui. C’est un recueil touchant, plein de féminité qui vous exaltera dès les premières lignes. À lire et à relire sans modération.  

Lettre d’une inconnue, Stefan Sweig 

Par Ema Holgado 

« Rien n’existait pour moi que dans la mesure où cela se rapportait à toi ; rien dans mon existence n’avait de sens si cela n’avait pas de lien avec toi. » Voici, entre autres, les mots que peut lire un aristocrate viennois dans une lettre qu’il trouve devant chez lui. Dans son roman, Stefan Sweig nous plonge au cœur d’une passion amoureuse dévorante gardée secrète toute une vie durant. Lettre d’une inconnue est l’histoire d’une femme qui s’est donnée tout entière à un homme qui ne l’a jamais reconnue. Arrivée à la fin de sa vie, elle se doit de lui écrire pour lui raconter à quel point elle l’a aimé à la folie depuis sa plus tendre enfance. Bien que ce roman ne soit pas tout jeune (il date de 1922), il reste un chef-d’œuvre de la littérature et permet de comprendre entièrement le génie de Stefan Sweig. Lourd, puissant, passionné, ce roman est un incontournable de la littérature et chacun se doit de lire cette histoire au moins une fois dans sa vie. Attention, larmes garanties !  

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