Par Zoé Nadeau-Vachon
Nous serions tous gagnants à ajouter un peu plus de philosophie à notre quotidien. En effet, cette discipline développe notre capacité à réfléchir calmement à tous les aspects d’une question de façon à se forger notre propre opinion ou de simplement en saisir toute la complexité. Du moins, c’est la position que défend Jérémie McEwen dans son dernier ouvrage, Avant je criais fort, paru en février aux Éditions XYZ.
Dans cet essai, l’auteur livre à ses lecteurs une multitude de réflexions teintées d’anecdotes personnelles et d’idées de penseurs connus et moins connus sur une grande variété de sujets d’actualité. De prime abord, la pensée d’avoir un livre de philosophie comme lecture de chevet peut en faire sourciller plus d’un. Toutefois, Jérémie McEwen parvient si bien à synthétiser, à vulgariser et à ancrer dans notre réalité des théories philosophiques que son livre se lit merveilleusement bien. Cela n’est d’ailleurs pas étonnant lorsque l’on sait qu’il est également professeur de philosophie au Cégep et chroniqueur à Radio-Canada depuis quelques années. Rendre cette discipline accessible fait partie de son quotidien.
Philosophie appliquée
Avant je criais fort se divise en 33 chapitres abordant chacun un sujet distinct. L’anonymat, l’intelligence artificielle, le mensonge, l’amitié ou les accommodements religieux en sont quelques exemples. Le fait que les chapitres soient très courts et que les points de vue des philosophes soient interprétés dans des situations contemporaines rend la lecture facile et divertissante. Le texte demeure léger, parfois humoristique, et ce, malgré la profondeur des réflexions soulevées. Au fil des pages, Jérémie McEwen invite René Descartes, Thomas Hobbes, John Locke, Emmanuel Kant, Aristote et plusieurs autres à prendre la parole. Certaines personnalités publiques comme P.K. Suban, Marc Labrèche ou même Donald Trump ont aussi leur mot à ajouter.
L’opinion au Québec
L’auteur commence son essai en force en dressant un portrait navrant du journalisme d’opinion au Québec. Selon lui, trop nombreux sont les chroniqueurs, les animateurs ou les éditorialistes qui prennent une position sans nuance et exposent des arguments prémâchés et un contenu à la pertinence douteuse. Il s’agit souvent plus de « débat-spectacle » que de réel journalisme d’opinion. Ce modèle est loin d’être viable, car le but du journalisme d’opinion devrait être d’informer et de donner aux gens des outils pour nourrir une réflexion collective. C’est donc avec la motivation de transmettre aux lecteurs l’envie de s’informer davantage avant de prendre une position catégorique sur un enjeu (et de la partager sur les réseaux sociaux!) que Jérémie McEwen nous a livré ce texte.
Somme toute, après avoir plongé dans Avant je criais fort, on en ressort grandi et la tête pleine d’idées. Il s’agit d’un ouvrage parfait pour apprendre et nourrir sa culture tout en se divertissant!