Par Alexia G-Tremblay
La santé mentale est un aspect très important de notre bien-être global. Le gouvernement canadien affirme d’ailleurs qu’« une bonne santé mentale vous permet de vous sentir, de penser et d’agir de façon à vous aider à apprécier la vie et à faire face à ses défis ». Alors qu’en est-il lorsque cette dernière n’est pas au rendez-vous ?
Selon Statistique Canada, cette fois, à l’automne 2020, « un peu plus de la moitié des personnes ayant eu besoin de consultation ou de thérapie, soit 51 %, ont indiqué que leurs besoins avaient été satisfaits ». Par conséquent, il est possible de se questionner sur la pertinence des différents services offerts, et ce, pour une myriade de personnalités distinctes avec des besoins qui leur sont propres. Heureusement, de nombreuses formes de thérapie existent et aident quotidiennement de nombreux patients. Bien qu’elles puissent parfois paraître restreintes ou peu accessibles, il est possible de constater qu’en réalité, de nombreuses avenues moins connues existent et s’offrent à vous si vous en ressentez un jour le besoin. Dans cette optique, je me suis intéressée à l’une d’entre elles, l’art-thérapie.
La nécessité de l’art
D’abord, l’association des art-thérapeutes du Québec décrit cette pratique comme étant « une démarche d’accompagnement thérapeutique qui utilise les matériaux artistiques, le processus créatif, l’image et le dialogue, et vise l’expression de soi, la conscience de soi, et/ou le changement de la personne qui consulte ». Les approches utilisées peuvent énormément varier, selon les besoins exprimés par la personne qui souhaite explorer cette forme de thérapie. En effet, les rencontres peuvent être conduites en groupe ou individuellement.
Une formation enrichissante
Pour explorer cette discipline, j’ai eu la chance de m’entretenir avec Marie-Ève Yergeau, art-thérapeute et copropriétaire du Centre d’Art-Thérapie de Sherbrooke (C.A.T.S) qui a eu la gentillesse de m’accueillir dans ses locaux et de me présenter l’art-thérapie selon sa perspective à elle. Au début de l’entrevue, elle m’a expliqué que sa collègue, Sara Giard-Pagé, qui possède une maîtrise en psychoéducation et en art-thérapie, ainsi qu’elle-même avaient décidé d’ouvrir le centre pour joindre leurs forces respectives en un seul et même endroit. Sa collègue a la chance d’avoir de l’expérience en centre jeunesse.
Mme Yergeau, quant à elle, se trouve où elle est aujourd’hui à la suite d’un retour aux études. En effet, initialement, elle a complété un baccalauréat en psychologie et elle a ensuite travaillé dans le domaine de l’administration. Quelques années plus tard, elle a décidé de poursuivre ses études universitaires et de compléter la maîtrise en art-thérapie. Elle précise que les parcours qui peuvent mener à la profession sont nombreux. Par exemple, il serait également possible pour quelqu’un ayant une formation de premier cycle en art et des préalables en relation d’aide de poursuivre à la maîtrise, afin de pratiquer l’art-thérapie.
Pour ce qui est de son cheminement professionnel, elle mentionne que l’art a toujours eu une place importante dans sa vie et qu’elle s’en est éloignée pendant quelques années. Puis, elle a recommencé à en faire et c’est à ce moment-là qu’elle a entendu parler du programme en art-thérapie. C’est un programme qui s’offre seulement à deux universités au Québec, soit à l’UQAT (Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue) et à Concordia. De son côté, elle a suivi les cours qui s’offraient à l’UQAT où elle a d’ailleurs rencontré sa collègue. Contrairement à d’autres professions, il n’y a pas d’ordre qui régit l’art-thérapie. Par conséquent, Mme Yergeau met les gens en garde et les invite à s’informer des qualifications des différents art-thérapeutes présents dans le domaine et à se référer au répertoire de l’Association des art-thérapeutes du Québec.
Pratiquer l’art-thérapie
Les pratiques s’inscrivant dans l’art-thérapie peuvent être nombreuses. Cependant, Mme Yergeau explique qu’en Amérique du Nord, on distingue l’art-thérapie de la musicothérapie, de la dramathérapie, de la danse-thérapie, etc., alors qu’en Europe, ces différentes modalités ou professions se regroupent sous le terme d’art-thérapie. Elle précise qu’au Québec « seule une poignée de gens possèdent, en ce moment, la certification de danse-thérapeute professionnel(le) ». La copropriétaire du centre, elle-même passionnée de danse, n’hésite pas à intégrer cette discipline durant des séances. Évidemment, elle s’assure que la technique est adéquate pour les besoins du patient, mais elle aime amener « l’exploration de soi » par la danse ou la musique lorsque cela peut être pertinent.
Elle décrit son approche générale comme étant inspirée par le courant humaniste. En effet, elle la décrit comme étant guidée par le processus ; elle se concentre sur « l’ici et maintenant ». Elle doit également s’adapter aux différents besoins des clients. Par exemple, elle travaille parfois avec des clients concernant le deuil ou la violence conjugale. En plus de demeurer attentive à ce qu’ils ressentent, elle peut leur laisser la liberté de choisir le matériel qu’ils souhaitent utiliser. Tout comme elle peut les guider davantage, mais cela demeure tout de même un processus personnel.
Mme Yergeau est parfois amenée à collaborer avec différents intervenants, et même des artistes. Par exemple, elle a pu collaborer avec l’artiste Amélie Pomerleau dans le cadre du projet Apparaître ; un projet de sculpture avec des femmes ayant vécu de la violence conjugale. Ce fut un projet très révélateur pour elles. À la fin de l’entrevue, Marie-Ève Yergeau m’a mentionné qu’elle souhaitait que les personnes qui en sentent le besoin connaissent davantage les différentes formes de thérapies qui s’offrent à elles, afin qu’elles puissent opter pour celles qui sont les plus appropriées pour leurs besoins.
Bref, l’art-thérapie est une forme de thérapie parmi tant d’autres qui mérite d’être explorée pour ceux qui se sentent interpelés par celle-ci, car elle permet, à travers la création, d’explorer ce qui nous habite. Finalement, l’art peut être un important agent de bien-être. Par conséquent, il peut être intéressant de l’intégrer à sa routine, afin d’en ressentir les effets bénéfiques. Mme Yergeau recommande simplement de pratiquer ce qui nous fait du bien pour prendre soin de soi. Par exemple, elle intègre la danse et la musique à son quotidien, car c’est ce qu’elle aime.
Si cette approche a suscité votre intérêt, n’hésitez pas à visiter le site internet du Centre d’Art-Thérapie de Sherbrooke : https://www.catsherbrooke.com/
Crédits: Marie-Ève Yergeau