Par Ema Holgado
Il semblerait bien que la radio ne soit plus en onde avec la population depuis quelques années. Dans les données du centre d’études sur les médias de l’Université Laval publiées pour l’année 2021, on y apprend que l’écoute de la radio chez les moins de 25 ans, mais aussi chez les 50-64 ans, est en décroissance. Seulement 21 % des Canadiens français indiquent s’informer sur l’actualité via la radio et les chaines de radios les plus écoutées sont celles diffusant de la musique de tous genres. De plus, une grande partie de la population consommant du contenu radiophonique le fait aujourd’hui principalement via les plateformes en ligne des différentes chaines de radio. Cette baisse de l’écoute est-elle le symptôme d’une disparition imminente de la radio, et, même, plus généralement, des médias traditionnels ?
La fin des radios traditionnelles
Ce dont il faut se rendre compte, c’est qu’aujourd’hui, rares sont ceux qui ont encore un appareil diffusant la radio chez eux, « une bonne vielle radio ». Le téléphone et l’ordinateur l’ont largement détrôné dans les modes d’écoute de la population. Si 85 % des Canadiens disent écouter encore la radio sur une base hebdomadaire, ce chiffre est chaque année plus en baisse. Cette chute de l’intérêt, les grands groupes de radio la voient comme un danger pour eux, mais aussi pour la culture francophone. Selon eux, l’arrêt de la radio entrainerait l’arrêt de la diffusion de contenu en français qui forge notre culture. Pour pallier le déclin, des chaines ont développé de nombreux projets innovateurs pour essayer de se renouveler. La radio cherche à se transformer pour séduire le jeune public en développant du contenu plus visuel et plus adapté.
L’arrêt de la diffusion en ondes FM ?
En février dernier, la directrice générale de la chaine nationale CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, a annoncé que la chaine se préparerait tranquillement, dans les prochaines années, à abandonner la chaine FM pour passer uniquement en diffusion numérique accessible sur la plateforme en ligne via l’ordinateur et le téléphone. Si le changement est prévu, il ne devrait pas avoir lieu avant de nombreuses années (après 2030) pour permettre une mise en place et une adaptation en douceur. Plus qu’un changement de moyen de diffusion, cette annonce s’aligne aux questionnements qui font rage chez les chaines de radio afin d’adapter ses services et de proposer du contenu plus adapté aux nouvelles générations et à leurs envies.
Le balado et les livres audio détrônent la radio
De plus, les auditeurs de radio délaissent l’écoute en direct pour se tourner vers l’écoute balado, qui permet de contrôler le contenu et la fréquence de l’information qui est partagée avec l’auditoire. De plus, c’est aussi un avantage pour les chaines de radio qui n’ont pas besoin de passer devant le CRTC (Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes) lorsqu’il décide de lancer un balado contrairement aux ondes directes. Le monde du balado a été pris d’assaut par les personnalités et les amateurs de différents sujets qui voient en cette nouvelle forme de réception, une manière de toucher un public plus jeune qui ne se reconnait pas dans la radio traditionnelle. Malgré cela, il ne faut pas s’y méprendre, le monde du balado s’étant développé à travers le monde, il faut être concurrentiel et proposer du contenu qui innove pour trouver sa place dans le média. C’est un principe qu’a parfois plus de mal à comprendre les radios traditionnelles essayant de faire ce virage numérique.
En plus du balado, c’est aussi le livre audio qui détrône la radio dans les oreilles des consommateurs. Considéré comme un genre littéraire à part entière, le livre audio a connu, ces dernières années, un vrai engouement chez ceux qui, les mains vides, veulent pouvoir consommer de la littérature. Entre 2018 et 2022, ce sont 2 000 livres audio québécois en français qui ont été produits dans la province. Cette offre n’est rien comparativement à ce qui peut être proposé aux lecteurs par les mondes américains ou français du livre audio. Riche de diverses manières dont celle de pouvoir apprendre une langue étrangère ou de pouvoir consommer plus de littérature, le marché du livre audio prévoit une croissance annuelle de son chiffre d’affaires de plus de 26 % dans les prochaines années.
L’arrivée d’un nouveau moyen de faire de la radio
En vérité, ce qu’il faut comprendre est que ce n’est pas le contenu audio qui est voué à disparaitre. Au contraire, on estime que, d’ici 2024, les Canadiens consommeront 45 minutes de contenu radiophonique de plus par jour. Nous ne sommes donc pas à l’aube d’un abandon de l’écoute, mais plutôt d’un changement de ce dernier et de sa manière d’être consommé. Les émissions de radio proposant du contenu « parlé » avec des personnalités fortes sur des thèmes d’actualités ainsi que les chaines de musique spécialisée semblent être l’avenir des contenus radiophoniques. Malgré cela, pas de panique, ce n’est en aucun cas la fin de la radio, mais un renouveau qui semble s’opérer pour l’avenir afin que la radio vive et se développe avec la société.
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