Par Ema Holgado
Le dimanche 17 septembre a eu lieu la 38e cérémonie des prix Gémeaux. Comme chaque année depuis 1987, l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision récompense l’excellence de la télévision francophone à travers le pays. Les gagnants de prix reçoivent une sculpture du sculpteur Scott Thornley en plaqué or, preuve de leur reconnaissance par l’industrie et le public.
Durant cette soirée, plusieurs événements ont eu lieu. Voici les tenants et les aboutissants.
Le sacre des meilleures séries
Les séries sont à l’honneur dans ce gala annuel où se sont affrontées séries dramatiques annuelles et quotidiennes, comédies dramatiques, émissions spéciales, séries humoristiques et pour enfants ainsi que tous leurs acteurs et actrices respectifs. Pour n’en citer que quelques-unes, étaient présente Avant le crash, une série sur le milieu de la bourse d’investissement, Chouchou, une histoire d’amour entre une professeure de français et son nouvel élève de 17 ans, La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, écrite par Xavier Dolan à propos d’un trio inséparable séparé par un accident, ou encore Mégantic, la série sur la terrible tragédie qui a ravagé la ville de Lac-Mégantic en 2013. Étaient aussi en lice les séries quotidiennes à succès Stat, une série médicale appréciée qui met en scène des amis occupant des postes dans un hôpital de Montréal, et Indéfendable, une série judiciaire qui nous plonge au cœur d’un cabinet de défense criminelle.
Un gala aux résultats que personne n’attendait
Réunis au Théâtre Maisonneuve, à Montréal, et devant leurs télévisions, les spectateurs ont pu être les témoins privilégiés de grands rebondissements lors de cette cérémonie. Stat, la série médicale, a remporté de nombreux prix. Dans un premier temps, Geneviève Schmidt a remporté le prix du meilleur premier rôle de soutien pour une série dramatique quotidienne. Suzanne Clément a, quant à elle, aussi remporté le premier prix de meilleur 1er rôle dans une série dramatique quotidienne. C’est aussi Stat qui a remporté, par l’entremise de Marie-Andrée Labbé, le prix du meilleur texte pour une série dramatique quotidienne.
Malgré cette acclamation certaine du jury, au moment de remettre le prix de la meilleure série dramatique quotidienne, le Graal pour les séries canadiennes, c’est Indéfendable qui a raflé la statuette à la grande surprise de tout le monde. Ce prix ultime est arrivé alors que la série n’avait rien gagné tout au long de la cérémonie. La même chose est arrivée avec la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé qui avait gagné de nombreux prix durant la cérémonie, comme celui de meilleur rôle de soutien dans une série dramatique pour Anne Dorval ou encore le prix du meilleur 1er rôle dans une série dramatique pour Patrick Hivon. Pourtant, à nouveau lors de la remise du prix de meilleure série dramatique, c’est Avant le crash qui a obtenu le prix sans avoir gagné quoi que ce soit avant le grand prix. Cela ne pose aucun problème au réalisateur de La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, car la série sur le milieu bancaire est une réussite. Malgré cela, les critiques vont bon train accusant le jury d’avoir voulu contenter tout le monde à la manière d’un professeur de primaire qui cherche à ne favoriser aucun élève par rapport à un autre.
La bonne surprise de la cérémonie
Alors que les prix semblaient se jouer entre deux séries, La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé et Avant le crash, un prix a suscité la surprise de tous. C’est la série Chouchou qui a reçu le prix du meilleur texte pour une série dramatique. Cela n’est pas surprenant, Evelyne Brochu et Lévi Doré se partagent l’écran à merveille dans cette intrigue d’amour interdit et de passion. La série de Simon Boulerice est une petite pépite de la télévision québécoise.
Les galas n’ont-ils plus la côte ?
Malgré tous les rebondissements de la soirée, il semblerait que les galas de remise de prix ne soient plus les soirées préférées des spectateurs. Si le gala des prix Gémeaux accuse une cote d’écoute encore très bonne (950 000 en 2022), il semble tout de même chuter drastiquement d’année en année. Certains le trouvent trop long, trop pompeux, avec ses longs discours de remerciement, les tapis rouges à n’en plus finir et de l’animation parfois peu drôle. Il semble que les grands groupes télévisuels soient aussi au courant de la tendance, car le Gala Artis n’a pas été retransmis à la télévision l’année dernière et Radio-Canada a évincé le Gala Québec Cinéma.
De plus, même si les galas de l’ADISQ et Les Oliviers fonctionnement bien pour le moment, leur distributeur ne promet pas leur maintien en onde sur le long terme. Ce qu’il faut comprendre, c’est surtout que, bien que les séries télévisées québécoises fonctionnent bien sur les publics plus âgés, elles ont du mal à accrocher chez les plus jeunes qui peinent à trouver leur compte dans les feuilletons quotidiens et les séries dramatiques d’ici. S’il est vrai que les choses tendent à évoluer pour le mieux ces dernières années avec le développement des plateformes de diffusion en ligne, il reste du chemin à faire pour rivaliser avec les séries américaines et leurs galas.
Crédits: Prix Gémeaux