Par Mathieu Bouchard Racine
Il y a quatre ans, le public québécois a vu l’humoriste Gad Elmaleh faire soi-disant « un emprunt » à plusieurs humoristes québécois. On parle notamment de Louis-Josée Houde, de Martin Petit, de Patrick Huard et de Martin Matte, qui ont vu quelques-unes de leurs blagues être utilisées dans certains spectacles de Gad Elmaleh. La polémique était grande à l’époque, mais le Centre Bell affichait complet pour le spectacle de Gad Elmaleh prévu au début novembre. C’est un retour assez triomphal pour l’humoriste né au Maroc, qui n’avait pourtant pas plu au public québécois dans cette controverse.
Maintenant, la question se pose, y a-t-il encore de la place pour l’humoriste dans le marché québécois ? Considérant l’offre et la demande, la réponse ne fait pas de doute, vu sa vente de billets très respectable. Par conséquent, le plagiat très clair offre réellement une légitimité sur les activités de l’humoriste qui se poursuivent ? Après avoir avoué les accusations lui étant portées, il s’était prononcé sans aucun regret sur la situation. « Je ne le referais pas, mais je ne le regrette pas parce que je n’ai jamais été dans une démarche malicieuse ». Il n’y aurait pas eu de démarche malicieuse derrière, mais qu’en est-il des artistes qui ont fait leur bosse dans le milieu et qui ont créé ces œuvres artistiques volées ?
Les réactions en couleur des humoristes locaux
Certaines salles se sont dissociées de Gad Elmaleh pour ces raisons, alors que le Bordel Comédie Club l’a simplement banni de sa liste d’invités. À l’époque, Mike Ward avait mis le doigt quelques années plus tôt sur un enjeu touchant Gad Elmaleh et ce pour quoi sa controverse se fait relativement dans le silence encore aujourd’hui. « Le problème avec Gad, c’est qu’il est tellement riche, tellement puissant que tout le monde a peur de le confronter. » Cette réalité vient expliquer pourquoi son retour au Québec ne fait pas l’objet d’une grande polémique actuellement.
En sachant qu’aucune sanction n’a été portée contre Elmaleh sur ses œuvres volées, la situation aura été prise avec humour, ces dernières années. Mike Ward disait ironiquement ne pas craindre de se faire voler son matériel, vu toutes les controverses qu’il s’est lui-même attirées. En outre, le célèbre et annuel Bye Bye s’était bien amusé à rire de l’artiste surtout populaire en France. Dans un sketch avec Yannick De Martino, Louis Morissette disait qu’un spectacle d’humour, ça ne se reprend pas par n’importe qui, à moins d’être un Français. Le tout pour dire que l’ironie est au rendez-vous derrière un artiste qui utilise les travaux des autres pour jouir d’un succès.
En ce sens, il est difficile d’empêcher Gad Elmaleh de connaître du succès en humour dans la province québécoise. Si la demande est là pour voir en œuvre l’humoriste, rien d’illégal n’a été causé pour le priver de telles activités. Cependant, il s’agira de voir à quel point le public est capable de passer à autre chose, quatre ans après sa fameuse controverse.
Crédit image @Audrey Ako