Par Chloé Gueydan
Jeudi 4 octobre, un lieu unique à l’ombre des lumières de la Wellington nous ouvre ses portes : La petite boite noire. C’est dans un cadre intime et chaleureux que la salle diffuse de nombreux nouveaux talents à Sherbrooke. Ce soir c’est la découverte du rappeur français Lord Esperanza accompagné de sa prod Majeur-Mineur, avec en première partie, une touche Montréalaise : le rappeur Miles et les beats vibrants de Key Watch. Une nébuleuse artistique qui proche de son public, le tout mijoté par Smoking Camel, la société de production qui organise la tournée de Lord au Québec ainsi que de nombreux artiste, avec la volonté de fusionner le monde du Rap Européens à celui de l’Amérique du nord ! Le Collectif s’est donc entretenu avec l’artiste de passage à Sherbrooke.
Salut Lord Esperanza, bienvenu au Québec! Comment trouves-tu ton expérience ici ? Ça fait combien de temps que tu es arrivé ?
On est très heureux d’être ici, très beau lieu. C’est un trip qui a commencé le 10 septembre au Mexique dans le cadre d’un tournage vidéo puis New York. On est arrivés au Québec le 24 septembre, la tournée commence ce soir et se poursuit sur Québec et Montréal les jours qui suivent.
D’où vient ton pseudo ?
Esperanza vient de « Vendredi ou la vie sauvage » de Michel Tournier, la réécriture de Robin Crusoé, un roman très étudié au lycée en France qui parle du mythe de l’aviateur qui se perd sur une ile sauvage et qui doit tout construire autour de lui à partir de rien. « Esperanza » est donc le nom qu’il donne à l’ile pour garder espoir. « Lord » c’est une particule qui s’est rajouté ensuite pour contrecarrer avec la partie plus engagée, plus ego trip, plus consciente de mon personnage. Esperanza va plus correspondre aux morceaux romantiques, assez doux et Lord aux morceaux plus toniques.
Tes clips et tes textes sont parfois très frappants et satiriques sur la société, comme par exemple le morceau « l’insolence des élus », ton but là-dedans est-il de choquer le public ?
Choquer non, provoquer une émotion oui, quelle soit positive ou négative, c’est là le but premier de la musique. En l’occurrence, avec « l’insolence des élus » le but du morceau était vraiment de remettre en contexte notre place dans la société. Ma démarche de manière plus générale, comme mon nom l’indique à pour but de pousser les gens à croire en eux, tendre vers l’espoir.
« Lord » c’est une entité supérieure, le seigneur, quelle place laisses-tu à l’égo-trip dans ton art ?
C’est vraiment la dualité qui m’intéressait. Quand j’étais plus jeune, j’aimais bien ce coté un peu divin, mais avec le temps j’apprends à m’en détacher, je préfère être simple même si parfois j’ai mes démons qui vont ressortir dans certains morceaux actuels qui vont plus animer la partie « Lord ». C’est un spectacle qui à une forme assez schizophrène.
Est-ce qu’il y a des artistes ou des personnes qui t’inspirent plus que d’autres et pourquoi ?
Pour moi la beauté est inspirante, on trouve de la beauté de partout, dans l’art bien sur, la peinture, la poésie, le cinéma, la photographie, la mode aussi, je parle souvent d’Alexandre Mac Queens qui a réussi à théâtraliser ses défiler de mode avec des masques et de la musique électro.
Et il y a-t-il des rappeurs Français ou d’autres nationalités qui t’ont inspirés ?
Oui, Mc Solaar quand j’étais jeune, Doc Gynéco. Au Québec en ce moment j’aime beaucoup Loud aussi.
Justement, est ce qu’on peu espérer une nouvelle création en lien avec le Québec ?
Je vais faire un morceau avec Fouki. Le concept c’est « Lord Esperanza dans ta ville » où on invite un artiste dans chaque ville pour tourner un clip et donc à Montréal c’est Fouki. Je l’ai contacté sur instagram, en quelques messages il y avait déjà un bon feeling entre nous, il m’a envoyé un son pour qu’on travaille ensemble. Le but c’est de développer les publics dans chaque coin comme on l’a fait à Mexico et à New York et apprendre de nouvelles manières de travailler, d’autres cultures. C’est un peu le principe de 1+1 = 3.
Ton rap est de plus en plus chanté, qu’est ce que tu veux apporter à ta musique en chantant ?
J’ai l’impression d’avoir fait beaucoup de rap, de Freestyle et finalement artistiquement je ne m’y retrouvais plus, j’ai besoin de nouveauté, de challenge même si j’ai encore beaucoup à apprendre mais je pense qu’être artiste c’est être capable d’évoluer.
Tu es venu au Québec avec ta prod « Majeur-mineur », quel est votre collaboration ?
Oui c’est mon pote Hugo qui fait les intrus. On travail ensemble depuis 2 ans, il m’a appris à travailler sur différents terrains, il écoute énormément de style différent. J’ai crée mon label il y a quelques mois que j’ai signé à 21 ans, ce qui permet d’avoir un champ beaucoup plus large tant au niveau de la communication que du financement. C’est la première fois qu’on sort de l’Europe, ça laisse l’opportunité de s’ouvrir.
Qu’est ce qu’on peu te souhaiter pour l’avenir maintenant ?
Ce qu’on peu me souhaiter ça pourrait être une nouvelle tournée au Québec sold-out et puis surtout la santé, l’amour, les belles femmes, la bonne nourriture, vivre simple quoi (rire). Plus sérieusement, j’ai un entourage proche qui me permet de me projeter sereinement dans l’avenir. Pour moi la projection est très importante, on est ce qu’on pense donc c’est en pensant grand qu’on devient grand, faut se laisser surprendre par soi même. Le mot de la fin c’est surtout de dire que c’est que le début.
Crédit Photo @ Jason Piekar