Par Émilie Lalonde
Alors que la première neige envahissait les trottoirs, Chloé Robichaud, scénariste et réalisatrice, est venue à l’Université de Sherbrooke. Pendant une heure le 21 novembre dernier, elle a parlé avec beaucoup de douceur de son métier. Elle a expliqué aux quelques curieux sur place quel chemin elle avait emprunté pour en arriver à son deuxième long-métrage Pays.
Les premières images
Lorsqu’elle était jeune, Chloé ne connaissait pas l’existence de son futur emploi, malgré la présence importante qu’il avait dans sa vie. Au secondaire, elle a créé une vidéo promotionnelle pour son équipe de basketball. Le personnage principal de son film Sarah préfère la course vivait même déjà dans sa tête. Les premières répliques n’avaient pas encore été écrites! Elle s’est donc inscrite au cégep à Québec en cinéma. Elle a continué son parcours à McGill et est ensuite allée à l’Inis, qui est un centre de formation professionnelle en cinéma, télévision et médias interactifs. Elle s’est donné des outils pour maîtriser son art.
Les premiers succès
Chloé savait, par contre, que le milieu cinématographique n’en était pas un facile. Pour obtenir des subventions, elle devait prouver de quoi elle était capable à diverses institutions. Elle a alors créé le court-métrage Chef de meute inspiré, entre autres, des déboires du pug dont elle venait de faire l’acquisition. Son équipe et ses moyens étaient extrêmement réduits. Malgré cela, son film a été sélectionné au Festival de Cannes pour la palme d’or. Le financement pour Sarah préfère la course, ce projet qui germait dans sa tête depuis des années, a finalement été autorisé. Quatre mois après son retour du continent européen, Chloé capturait les images de son tout premier long-métrage.
La jeune femme savait qu’elle vivrait un deuil à l’aboutissement du tournage. Il était, en effet, synonyme d’une étape importante de sa vie. Elle a donc commencé à rédiger Pays. Un processus qui lui a pris trois ans. Chloé avoue humblement qu’au départ, elle ressentait la pression de son premier succès, mais qu’ensuite, sa plume s’est libérée de ces attentes. Elle décrit son procédé d’écriture comme étant spontané. Pour elle, il est primordial de laisser nos instincts agir. La musique est également quelque chose qui nourrit beaucoup son imaginaire. Les couleurs, les textures, les sons : ce sont tous des éléments qui permettent aux spectateurs d’avoir de vives émotions.
Les derniers instants
Une chose est certaine, quel que soit le projet, Chloé en parle avec passion, que le budget soit grand ou petit. Elle admet que les moyens pour ses deux films ne pouvaient pas être plus opposés. Pays s’est fait octroyer 42 millions de dollars, alors que Sarah préfère la course avait eu droit à un très maigre 800 000 dollars. Ce qui compte le plus pour la prometteuse réalisatrice et scénariste, c’est le sentiment qu’ont les gens lorsque les lumières de la salle de cinéma se rallument et que le générique défile. S’ils ont été touchés : mission réussie!
Crédit photo © Huffington Post