Par Elizabeth Gagné
Le film Ce qu’elles disent sorti en salle le 13 janvier a été sélectionné cette semaine pour la 95e cérémonie des Oscars, dans les catégories du meilleur film et du meilleur scénario adapté. Sarah Polley, réalisatrice canadienne originaire de Toronto, nous livre ici une mise en images du roman de sa compatriote, l’écrivaine Miriam Toews.
Un livre inspiré d’histoires vraies
L’auteure Miriam Toews a grandi au sein d’un village de mennonites, une petite communauté religieuse conservatrice isolée du Manitoba. L’histoire qu’elle nous livre, c’est celle d’une communauté mennonite de Bolivie. Durant quatre années, des hommes de la communauté ont violé répétitivement plus d’une centaine de femmes et de fillettes, après les avoir droguées à l’aide d’un produit anesthésiant destiné au bétail. À leur réveil, elles ne pouvaient que faire le constat des bleus sur leurs corps, de leurs mains nouées, de leurs draps souillés de leur sang. La communauté ne voit là que l’expression de l’hérésie féminine ou l’œuvre de Satan, et les réduit au silence. Un jour, deux hommes de la communauté sont pris sur le fait et les femmes se rendent alors compte que les vrais démons sont leurs voisins, leurs oncles et leurs cousins. Dès lors, leur silence se rompt et ces femmes réagissent toutes ensemble pour décider de leur avenir.
En réaction à cette tragédie, qui la touche tout particulièrement, Miriam Toews, qui ne peut s’empêcher de faire des liens avec son héritage mennonite, décide d’écrire le roman Ce qu’elles disent. Selon l’entrevue faite dans Le Devoir en 2019 par Anne-Frédérique Hébert-Dolbec, Miriam Toews raconte qu’elle a « senti comme une obligation d’écrire sur leur réaction, leur résilience, leur vulnérabilité. J’aurais pu être l’une de ces femmes. »
Une discussion entre femmes à couper le souffle
L’intrigue nous plonge au cœur de ce moment intense où ces femmes se sont réunies pour la première fois afin d’en parler. Parler, entre autres, de ce qu’elles devront faire : fuir, se battre, oublier et pardonner ou survivre. C’est ce que la cinéaste Sarah Polley a voulu capter en images, en recréant ce moment puissant de l’œuvre littéraire. Pour ces femmes, parler signifie rendre les agressions réelles. Dès la bande-annonce du film, on perçoit que ces femmes partagent la même blessure et ont toutes un regard différent quant aux actions qui devront être posées. Mais une chose est sûre, l’inaction n’est pas une option.
Un film plein d’émotions à voir absolument
Ce qui émeut dès les premières minutes, c’est la diversité des groupes d’âge de ces femmes et le soutien qu’elles ont les unes envers les autres. Malgré le fait qu’il s’agisse d’un sujet sombre et tragique, le visionnement du film est impératif pour y vivre le combat intérieur de ces femmes. Un film fort à ne surtout pas manquer !
Crédit image @La Maison Du Cinéma