Par Rosanne Bourque
Éric-Emmanuel Schmitt, auteur français reconnu pour ses romans et ses pièces à travers le monde, a reçu un doctorat honorifique le 22 novembre dernier à l’Université de Sherbrooke. Avec des œuvres comme Oscar et la dame rose, Le sumo qui ne pouvait pas grossir et Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, l’auteur fait vibrer les salles de théâtre et les librairies avec des mots puissants sur la tolérance. Les œuvres énumérées précédemment font partie d’une série traitant de différentes religions.Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran nous fait voir la beauté du monde à travers le soufisme, à travers la tolérance. C’est avec cette pièce qu’il a conclu une journée historique à l’Université de Sherbrooke.
Moïse a 13 ans et vit avec son père qui est profondément désagréable. Inutile de faire une figure de style ici : désagréable est vraiment le mot. Tous les jours, Momo cuisine pour son père et doit donc aller faire l’épicerie chez monsieur Ibrahim. Une grande complicité nait progressivement entre Momo et l’homme qui deviendra son mentor, son modèle. La pièce illumine nos cœurs pendant 1 h 45, un bonheur vif qui nous suit même à la sortie du Centre culturel de Sherbrooke. Les échanges entre Momo et monsieur Ibrahim forment finalement, dans notre poche, une banque de mots marquants qui nous aident à réfléchir sur la vie.
Loin d’être une pièce moralisatrice, malgré ses réflexions sur les principes de notre existence, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran est une pièce simple. Dans un décor modeste, Éric-Emmanuel Schmitt joue sa pièce seul sur scène vêtu d’un complet noir et d’une chemise blanche. Il accomplit alors un exploit : faire naitre des personnages extraordinaires en chatouillant notre imagination. Soyez sans crainte, vous n’aurez aucun effort à faire pour voir les « autres », Éric-Emmanuel Schmitt vous berce doucement dans son monde. Il joue sans problème un jeune garçon de 13 ans qui ne comprend rien à la vie du haut de sa cinquantaine.
Schmitt est impressionnant, touchant et gracieusement accompagné d’une mise en scène minutieuse. L’espace est bien occupé par un seul homme. La pièce est une chorégraphie qui, on le voit bien, est répétée minutieusement depuis plusieurs années. Effectivement, Monsieur Ibrahim est loin d’en être à ses premières planches, mais on se doute bien que la pièce était aussi bien rythmée à ses débuts. Chaque geste contribue à nourrir l’histoire, à nous absorber dans le souvenir de Momo.
La scénographie est également à souligner. Le montage d’éclairage figuratif et les sons qui s’insèrent subtilement dans nos oreilles pour rendre le tout réel et amusant pour les sens. Lorsqu’on prend le temps de sortir de l’histoire pour analyser la forme, on admire le jeu, la mise en scène et la scénographie, ce qui rend la pièce d’autant plus satisfaisante.
La pièce poursuit sa tournée québécoise dans la prochaine année. Vous pouvez voir les dates sur la page Facebook de Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran.
Crédit photo © Theatre du Chenenoir