Le 21 février dernier, la Salle Maurice O’Bready a accueilli, pour sa toute première collaboration entre la Production Martin Leclerc et La Comédie Humaine, la pièce Ils étaient dix… adaptée du célèbre roman policier d’Agatha Christie.
Reine incontournable des romans policiers et du meurtre et mystères, Agatha Christie a écrit au cours de sa vie plus d’une centaine de romans et de recueils ainsi que certaines pièces de théâtre. Une vraie machine à écrire. Ces œuvres ont traversé le temps. Elles ont connu de tels succès qu’encore aujourd’hui ses romans font l’objet de films, de séries télé et bien évidemment de pièces de théâtre. D’ailleurs, une des plus récentes adaptations cinématographiques a été réalisée en 2023 par Kenneth Branagh adapté du roman La Fête du potiron.
Née le 15 septembre 1890 en Angleterre, Agatha Mary Clarissa Miller, d’origine, se marie à un colonel du nom de Archibald Christie. Elle avait alors 24 ans. Une union qui a pris fin en 1926 lorsqu’elle a appris, de la bouche de son mari, qu’il allait la quitter pour une autre femme. Après cet évènement, Agatha Christie a disparu durant une semaine et demie avant d’être retrouvée par son mari. Selon un article de journal, relatant la nouvelle, elle aurait complètement perdu la mémoire. On ne saura jamais ce qui est réellement arrivé à l’écrivaine. Selon la rumeur, elle aurait agi ainsi afin que la police soupçonne son mari de l’avoir tuée pour lui faire payer pour son adultère.
Agatha Christie s’est remariée en 1930 avec Sir Max Mallowan qui était de 14 ans plus jeune qu’elle. S’est suivie une grande histoire d’amour et de complicité autour de l’archéologie. Et oui, Sir Mallowan est en fait archéologue. Elle l’a accompagné dans toutes ces expéditions au Moyen-Orient, notamment en Syrie et en Iraq. Elle a fait beaucoup plus qu’accompagner son mari. Agatha Christie a développé un vrai engouement pour l’archéologie. Elle a pris activement part aux fouilles en restaurant et en nettoyant les artéfacts, en cataloguant les pièces trouvées et en s’occupant de l’approvisionnement des camps. Durant cette période, son écriture a été extrêmement prolifique.
On ne peut qu’imaginer que ces expéditions au Moyen-Orient lui ont été d’une grande inspiration. C’est peut-être ce qui a inspiré l’écrivaine à écrire ses plus célèbres romans tels que Mort sur Nil et Le Crime de l’Orient-Express. On lui a décerné, en 1971, le titre de « dame of the British Empire ». Ce qui équivaut, pour son homologue masculin, à être nommé chevalier. Aujourd’hui encore elle fait partie des auteurs les plus lues au monde.
Revenons à la pièce de théâtre…
Sur l’île du Soldat se trouve un chic manoir qui s’apprête à accueillir dix invités bien spéciaux. À première vue on se demande ce que ces personnes ont en commun, si ce n’est pas de leur profond agacement envers les personnes présentes. Ses personnages sont interprétés par Vincent Bellefleur, Vicky Bertrand, Jean-François Blanchard, Stéphane Blanchette, Marc-André Coallier, Maxime Cournoyer, Mireille Deyglun, Élizabeth Duperré, Pierre Gendron et Jonathan Michaud. Outre leurs différences, on commence à se demander ce qu’ils font tous sur cette île? Et quel lien entretiennent-ils avec Monsieur O’Nyme, leur hôte? Pourtant, ils ont tous été soit engagés ou invités par ce mystérieux hôte qu’aucun d’entre eux ne semble connaitre ou même avoir rencontré. Laissant de côté leurs différences, chacun d’entre eux semble amusé d’y voir, sur le foyer du salon, les couplets d’une comptine que tous les invités semblent connaitre. L’atmosphère semble plus détendue et plus conviviale une fois qu’ils ont fini de fredonner la comptine des « dix petits soldats ».
Mais ce moment a été bref. En effet, alors que les invités commençaient tout juste à se détendre, une voix retentit sur les murs du salon. Cette voix méconnue, masquée par le gramophone, accuse chacun des invités et des employés présents d’un meurtre qu’ils et elles auraient commis. Une fois tous les squelettes sortis du placard, un froid glacial tombe sur l’assemblée visiblement sous le choc. À première vue, il ne s’agit que d’une plaisanterie lugubre et de mauvais gout manigancée par leur hôte anonyme. Mais, piégés sur l’île, ils se rendent compte bien vite que leur vie est maintenant en danger à mesure que les petits soldats tombent au combat.
Je ne vous apprends rien en vous disant que meurtre et mystère s’ensuivent avec autant de suspects qu’il y a de suspense. Chaque personnage possède un caractère qui lui est propre. On assiste au développement de la personnalité de chacun, tout au long de la pièce, menant à de choquantes révélations sur la nature de celle-ci. L’être humain est une créature difficile à appréhender et complexe à comprendre.
Si vous ne l’avez pas déjà compris, je suis une admiratrice des meurtres et mystères d’Agatha Christie. J’aime particulièrement les adaptations cinématographiques notamment à cause de leurs esthétiques chics des années 30. J’ai été ravie de retrouver cette esthétique sur la scène. Pour moi, il était important que je retrouve cette atmosphère si caractéristique de l’univers d’Agatha Christie et j’ai bien été servie.
Les réalisateurs Martin Lavigne et Sylvie Longtin n’ont pas cherché à réinventer ce classique culturel à mon plus grand plaisir. Le jeu de certains des comédiens me paraissait plutôt forcé à prime à bord. Mais à mesure que l’intrigue augmentait, la qualité de leur jeu augmentait également. Dans l’ensemble, j’ai trouvé que la distribution avait fait un très bon travail à interpréter ce classique. La configuration du décor m’a également beaucoup plus. Elle permettait une multitude de scènes qui pouvaient se dérouler au même moment sans que les acteurs se marchent sur les pieds.
Dans l’ensemble, j’ai passé un bon moment à regarder la pièce. Je me suis surprise à être plus investie dans l’intrigue que ce à quoi je m’y attendais. En revanche, n’espérez pas voir une pièce révolutionnaire. Il s’agit d’une interprétation fidèle du classique littéraire à quelques exceptions près. Vous prendrez plaisir à découvrir quelques références aux œuvres de la reine du roman policier comme l’allusion de ce célèbre détective, monsieur Poirot.
Source: Production Martin Leclerc
Elizabeth Gagné
Étudiante à la maîtrise en histoire, Elizabeth a toujours été passionnée par les arts et la culture. Travaillant de pair avec ses collègues depuis 2022 à promouvoir le programme des Passeurs culturels à la faculté d’éducation, elle travaille également depuis un an au Centre culturel de l’Université de Sherbrooke. Intriguée par tout ce qui nous rend profondément humains, elle souhaite élargir et approfondir le sens de la culture en proposant des articles parfois hors normes.