Valoriser les déchets plastiques au Bénin

Par Maria Camila Gallego

Contribuer à réduire le plastique dans les océans : voilà la mission que s’est donnée Anthony Desrochers, un jeune diplômé en dessin industriel du centre 24-Juin. Épaulé de Matthieu Mehl et de Marie Rameau, deux étudiants en environnement à l’Université de Sherbrooke, il développe un projet qui vise à implanter un système de collecte de déchets plastiques au Bénin. L’objectif : éviter que le plastique utilisé par les Béninois et Béninoises pollue les océans.

Remonter à la source

Tout a commencé lorsqu’Anthony, qui travaillait sur un projet de fin d’année dans le cadre de son DEP, a participé à l’expo MégaGÉNIALE et a voulu donner une dimension plus concrète aux idées qu’il développait. Il s’est alors interrogé sur les façons de réduire la quantité de déchets plastiques dans les océans. Devant l’ampleur de la problématique, son ancien partenaire et lui ont décidé de se concentrer sur les cours d’eau qui débouchent à mer ouverte.

Toutefois, le 26 octobre 2019, l’organisme Ocean Cleanup dévoilait un projet d’envergure lié au nettoyage des cours d’eau. «C’est exactement ce qu’on voulait faire», explique Anthony. Mais l’équipe, renforcée par l’arrivée de Matthieu Mehl, n’était pas prête à abandonner. Alors, comment aller de l’avant? En remontant à la source du problème : intercepter les déchets avant qu’ils ne se retrouvent dans les cours d’eau.

Enactus, un allié de choix

Anthony a rencontré l’équipe Enactus de l’Université de Sherbrooke en août 2019, lorsqu’il s’est inscrit au cours d’entrepreneuriat ACT113. «Enactus nous donne accès à une quantité phénoménale d’informations sur la méthode et les ressources. Ça nous permet d’aborder des aspects de la gestion de projet auxquels on n’a pas été formés,» explique Matthieu. En effet, les équipes Enactus ont de nombreuses possibilités de formation. Par exemple, lors des soirées coaching, des experts de différents milieux viennent les «challenger» et les aident à faire avancer leurs projets. «On rencontre aussi des étudiants qui, comme nous, sont motivés par des projets», renchérit Anthony.

Du potentiel au Bénin

Bien qu’au début, Anthony et son ancien partenaire aient prévu d’implanter le projet au Nigéria, le Bénin s’est avéré une meilleure option pour plusieurs raisons. Ce pays est l’un des plus pauvres du monde et ne possède pas de système de collecte de déchets. «La conscience écologique y est très faible», mentionne Anthony. Le gouvernement essaie de développer des initiatives plus durables, mais rien ne se concrétise. Il s’agit par ailleurs d’un pays francophone qui possède déjà plusieurs liens avec le Québec : de nombreux organismes, comme la fondation Paul Gérin-Lajoie, y travaillent. En parallèle, Anthony rencontrait des étudiants universitaires originaires du Bénin qui lui ouvraient des portes pour établir des contacts sur le terrain. Bref, le contexte était des plus favorables.

L’équipe a alors commencé à étudier la problématique des déchets plastiques dans le contexte béninois, tout en explorant des possibilités de partenariat. Cette étape de réseautage s’est révélée particulièrement difficile, parce que plusieurs associations ne possèdent pas de site internet et certaines adresses courriel ne sont plus valides. Anthony est alors passé par l’Ambassade canadienne et des sites universitaires pour entrer en contact avec les gens sur le terrain. Récemment, un partenariat a pu être établi avec l’association Gbobètô qui, depuis décembre 2019, collecte des déchets plastiques au Bénin, puis les envoie au Ghana — pays voisin possédant les infrastructures nécessaires pour le recyclage et la valorisation du plastique. Gbobètô œuvre à Porto-Novo, la capitale du Bénin, et compte présentement une dizaine d’employés ainsi que des bénévoles.

Un premier voyage en deux volets

L’équipe prévoit effectuer un premier voyage au Bénin vers la fin d’avril avec deux objectifs clairs : aider l’organisme Gbobètô et réaliser une étude sur le terrain. Pour le premier volet, le but sera d’apporter une contribution financière à Gbobètô et d’aider à développer le système afin d’augmenter la quantité de déchets collectés par mois. Pour le deuxième volet, l’objectif sera de faire une analyse du contexte sur le terrain en allant à la rencontre de parties prenantes, de valider les hypothèses formulées et d’acquérir les connaissances nécessaires au développement d’un plan d’action. À long terme, le projet vise à mettre en place un système de valorisation de déchets plastiques directement au Bénin, afin d’éviter de les envoyer vers le Ghana, ce qui permettrait de créer des emplois sur place pour favoriser l’économie locale, tout en offrant un environnement sain aux habitants.

Le projet d’une vie

L’implication dans ce projet est pour Matthieu Mehl et Marie Rameau l’occasion d’acquérir des compétences en gestion de projets et de créer de l’impact, particulièrement dans une perspective internationale, puisque tous deux espèrent lancer leur propre projet plus tard. Marie, par exemple, aimerait s’installer en Afrique pour contribuer à la valorisation de matières organiques. 

Pour Anthony, cette initiative représente la mission d’une vie. Le jeune homme à l’intention de retourner au Bénin pour mettre en place une organisation qui achèterait le plastique à Gbobètô pour le valoriser et créerait des emplois locaux. Ultimement, si le système mis en place fonctionne bien, il souhaiterait exporter le même modèle dans d’autres pays d’Afrique qui vivent la même problématique.

Si vous êtes intéressés à vous impliquer dans ce projet, vous pouvez contacter Enactus Université de Sherbrooke par la page Facebook ou par courriel.


Crédit Photo @ ENACTUS

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