De l’électoralisme aux dépens des besoins étudiants
Par Alexandre Guimond, directeur général, et Loïc Bizeul, direction aux finances et services
En automne 2022, la Coalition Avenir Québec (CAQ) n’a étonné personne en promettant à la province une baisse d’impôt. À quelques semaines de la présentation de son premier budget de second mandat, le ministre des Finances Éric Girard a annoncé que le gouvernement allait « respecter ses engagements ». Sans surprise, cette initiative électoraliste devrait voir le jour le 21 mars prochain.
Bien que le ministre se soit défendu en soutenant que la baisse d’impôt allait profiter aux jeunes, le Regroupement étudiant de maîtrise, diplôme et doctorat de l’Université de Sherbrooke (REMDUS) considère que son raisonnement s’avère farfelu et déconnecté.
La baisse d’impôt prévue par la CAQ priverait l’État québécois d’environ 2 milliards de dollars. 2 milliards, c’est énormément d’argent qui pourrait servir à améliorer et à mettre en place certains services et programmes, notamment ceux qui touchent les personnes étudiantes de près ou de loin.
Il est grand temps que le gouvernement mette en place les moyens nécessaires afin de trouver des solutions à la crise du logement. À Sherbrooke, le taux d’inoccupation est passé de 5,2 à 0,9 entre 2017 et 2022 et les prix des logements n’ont fait qu’augmenter. Près de la moitié de la communauté étudiante est donc en situation de précarité financière, puisqu’elle doit consacrer plus de 30 % de son revenu mensuel à son loyer. Ce genre de situation n’aide certainement pas à alléger le fardeau psychologique relié à la situation financière vécue par les personnes étudiantes. D’autant plus qu’à Sherbrooke, 72,4 % des personnes étudiantes locataires ont un revenu annuel inférieur à 20 000 $.
Évidemment, ce ne sont pas les bourses des Fonds de recherche du Québec (FRQ) qui vont permettre aux étudiants et étudiantes en recherche de s’enrichir. À la maîtrise, on y reçoit 17 500 $, et au doctorat, 21 000 $ annuellement. Selon l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), on estime qu’il faut un revenu d’environ 26 000 $ net pour qu’une personne seule vive dignement et hors de la pauvreté. Les montants offerts aux chercheurs et chercheuses sont loin d’atteindre des chiffres raisonnables. Pour valoriser la recherche et s’assurer que ces personnes étudiantes continuent leurs études, des investissements dans les FRQ s’imposent. Ce ne sont pas quelques centaines de dollars retournées aux membres de la communauté étudiante par une baisse d’impôt qui vont permettre d’éviter la précarité financière…
En prévision du chantier de l’Aide financière aux études (AFE), le REMDUS espère que les montants des prêts et bourses soient ajustés au coût de la vie actuelle et que davantage de personnes étudiantes y aient accès. Cependant, le regroupement s’interroge à savoir si le gouvernement va apporter des changements considérables en ce sens. Ce genre d’initiative demande des investissements non négligeables, et, pour se faire, il faut de l’argent dans les coffres de l’État.
Le 21 mars, le REMDUS va écouter les annonces du prochain budget. Il s’attend à des investissements qui vont améliorer la qualité de vie de ses membres. Il soutient que ce n’est pas avec des mesures électoralistes comme une baisse d’impôt que la communauté étudiante va mieux se porter, mais bien avec des investissements dans des biens et services essentiels.