Question d’orthographe : les réformes orthographiques atteignent-elles leurs cibles ?

Par Marilys Beaudoin

Le jeudi 19 mai dernier, les chargées de cours Amélie-Hélène Rheault et Mireille Elchacar se sont envolées vers la Belgique afin de présenter, dans le cadre d’un colloque sur les questions d’orthographe, leur étude concernant les réformes orthographiques (RO).

C’est à l’aide de 400 textes de motivation de 150 à 200 mots écrits dans le cadre du cours Maîtrise du français écrit donné à la TÉLUQ, une université à distance où les personnes étudiantes sont majoritairement des adultes n’ayant pas suivi un cheminement classique, que les deux enseignantes ont créé un corpus.

Dans un but initial de cibler les différentes règles auxquelles chaque personne étudiante allait devoir faire attention tout au long du cours, les textes ont été recensés et étudiés dans l’optique de répondre aux questions suivantes : quels sont les types de fautes d’orthographe faits par les étudiants et les étudiantes dans un registre standard au Québec, les fautes sont-elles des exceptions mises de côté par les rectifications orthographiques et jusqu’à quel point la réforme de l’accord du participe passé cible-t-elle les fautes commises par la communauté étudiante inscrite au cours.

Un bref historique

D’abord, les rectifications orthographiques ont initialement été proposées en France en 1990 et avaient notamment pour but de simplifier certaines graphies et de supprimer des anomalies, des exceptions ou des irrégularités de l’orthographe française.

Plusieurs propositions ont été faites pour améliorer et régler certains problèmes de l’orthographe. La recherche effectuée par nos deux enseignantes s’intéressait plus particulièrement aux deux plus récentes, soit les rectifications orthographiques de 1990 et celles proposées pour réformer l’accord du participe passé. Plusieurs critiques se penchaient sur le fait que les RO ne touchaient pas beaucoup l’orthographe grammaticale qui est pourtant une des sources d’erreurs majeures.

De plus, différentes causes ont été identifiées en tant que frein à l’adoption des rectifications orthographiques, notamment le fait qu’elles soient très partielles : est-ce que les éléments ciblés par les RO sont réellement des sources de fautes d’orthographe et les règles telles que formulées, avec énormément d’exceptions, permettaient-elles réellement de réduire le nombre d’erreurs et de régler les confusions ?

En chiffres

L’analyse du corpus démontre que 30 % des erreurs sont des fautes d’orthographe lexicale et 70 % sont des erreurs d’orthographe grammaticale. Il est cependant important de préciser que la présence majoritaire de femmes (72 %) a impacté les résultats concernant l’accord du participe passé. Il est également ressorti de la recherche que les erreurs les plus souvent commises par les étudiants touchent à des éléments qui ne sont pas couverts par les rectifications orthographiques.

Durant leur recherche, Amélie-Hélène Rheault et Mireille Elchacar se sont particulièrement intéressées aux erreurs concernant l’accord des participes passés, lequel constitue la deuxième plus grande source d’erreurs dans les textes. Elles en viennent à la conclusion suivante : le scripteur reste toujours devant un choix : dois-je accorder ou non ? C’est devant cette interrogation, cette ambivalence, que les erreurs surviennent. Ainsi, bien que la réforme d’accord du participe passé cible une réelle source d’erreurs, la présence du questionnement reste la cause principale de ces fautes.


Crédit image @ Pixabay

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