Par Yanick Pinard
Puisque le mois de février est dédié à l’histoire des personnes noires, une rencontre avec le professeur Patrick Dramé s’imposait. Forte d’une longue feuille de route en enseignement de l’histoire dans les réseaux universitaires français et québécois, l’histoire de Patrick Dramé avec le Québec symbolise toute la richesse de l’interculturalisme.
Le coup de cœur pour le modèle québécois
C’est à la suite de l’obtention de son doctorat en histoire moderne et contemporaine de l’Université Paris IV-Sorbonne en 2003 que Patrick Dramé, Sénégalais d’origine, est venu s’installer au Québec l’année suivante, en 2004. S’il a d’abord enseigné à l’Université de Montréal, grâce à l’initiative du professeur Samir Saul, puis à l’Université de Rimouski, c’est véritablement à Sherbrooke que l’enseignant et chercheur a fait son nid, en y fondant une famille avec sa femme et dorénavant leurs enfants. Aux dires de monsieur Dramé, c’est l’environnement des études québécoises, notamment le dynamisme des universités québécoises par rapport au modèle plus classique des institutions françaises, qui a fait pencher la balance dans l’intention de s’installer au Québec et d’y consolider une carrière de professeur à l’Université de Sherbrooke.
D’ailleurs, lorsqu’on le questionne sur son enseignement aux précédentes cohortes du département d’histoire de la Faculté des lettres et sciences humaines, le professeur Dramé est tout sourire en évoquant qu’il en retient principalement les échanges passionnés entre la culture ainsi que les sports québécois et les sujets variés traités dans ses cours sur l’histoire africaine, dont l’invitation en classe d’un griot et le visionnement de la lutte sénégalaise. Un transfert gagnant pour le professeur et les étudiants qui favorise ainsi l’échange interculturel.
Un chercheur actif
C’est la pensée de l’épanouissement qui a poussé Patrick Dramé à persévérer dans le milieu universitaire québécois, lui qui a notamment été au cœur de la création de la chaire de recherche Lucienne-Cnockaert en étude contemporaine des rapports entre l’Europe et l’Afrique, conjointement mise sur pied en 2007 par les universités Sherbrooke et Bishop’s. Reconnaissant que le mois de l’histoire des Noirs aide certainement à obtenir une meilleure reconnaissance pour plusieurs spécialistes noirs qui s’intéressent aux questions relatives aux personnes de couleur, le professeur Dramé est enthousiaste à l’idée de voir arriver davantage de professeurs noirs dans le paysage québécois.
Ses recherches sur l’Afrique coloniale et postcoloniale, précisément sur le maintien de l’ordre en Afrique, lui ont permis de voyager dans de nombreux pays et de rencontrer des acteurs clés. De nombreuses publications scientifiques en ont d’ailleurs émané, à l’instar des livres écrits en collaboration avec Jean Lamarre pour 1968, Des sociétés en crise : une perspective globale (2010) , Maurice Demers pour Le Tiers-Monde postcolonial : espoirs et désenchantements (2014) et un ouvrage en solo intitulé Afrique postcoloniale en quête d’intégration : s’unir pour survivre (2017). Conférencier fort sollicité avec cinq présentations pour l’unique mois de février, Patrick Dramé œuvre en ce moment sur des articles portant sur les révoltes coloniales.
Crédit photo @ Michel Caron, UdeS