Par Sara Yacoub
La semaine dernière, le Comité féministe de l’Association générale étudiante de droit a accueilli professeur Patrick Snyder au sein de sa faculté. Ce dernier est professeur agrégé au Département d’histoire de l’Université de Sherbrooke et fait partie du Centre d’études du religieux contemporain. Il a eu l’amabilité d’accepter de donner une conférence dans le cadre de la semaine organisée par le Comité pour souligner le mois de l’Histoire des femmes.
La conférence portait sur les critiques féministes des religions. Plus spécifiquement, Pr Snyder a abordé la réappropriation des textes sacrés par des courants féministes religieux afin d’y interpréter une égalité femme-homme au sein de la religion. De cette façon, les femmes sont en mesure de reprendre un certain niveau d’agentivité au niveau social et religieux.
Pr Snyder a commencé par présenter un bref exposé sur les religions majoritaires afin de permettre au public de comprendre la place qui est accordée aux femmes dans les différentes sociétés traditionnelles religieuses. Par la suite, il a abordé les mouvements religieux féministes, ayant émergé pour donner une agentivité aux femmes tout en respectant le contexte religieux. Cela a permis aux femmes d’exprimer leur foi et leur spiritualité sans pour autant succomber aux normes patriarcales. Ces courants subalternes ont permis de redéfinir la religion pour beaucoup de femmes et de valider les causes féministes tout en restant près de leur foi.
La polémique entourant le port du hijab
Un aspect particulièrement intéressant de la conférence était la mise au point par rapport au port du hijab par les femmes musulmanes. Ce sujet fait polémique dans le monde occidental depuis plusieurs années. Entre autres, beaucoup de féministes prétendent que ce signe religieux opprime les femmes, car elles se font imposer un code vestimentaire qui n’est pas réciproque par rapport aux hommes. Toutefois, ce type de discours est souvent véhiculé par des femmes blanches, qui n’ont jamais vécu la réalité des femmes musulmanes revêtant le hijab, menant à des stéréotypes dangereux sur ces dernières. Cela explique notamment la controverse entourant la Loi sur la laïcité de l’État au Québec, qui s’inscrit dans une longue histoire de débats religieux au sein du gouvernement québécois.
D’une autre part, l’imposition du port du voile dans certains pays a aussi été relevée. Par exemple, le cas de l’Iran, qui a procédé à des règles de modestie pour les femmes depuis la Révolution islamique en 1979, a aussi été examiné dans le cadre de la conférence. En effet, les femmes iraniennes protestent contre ces lois depuis qu’elles ont été adoptées, et cela a même mené à la mort de Mahsa Amini, une jeune femme kurde tuée aux suites de brutalité policière, le 16 septembre dernier.
Ces deux exemples abordés par le professeur Snyder démontrent que le problème n’est pas le voile en tant que tel, mais plutôt l’imposition de le porter ou de le retirer. En effet, ce n’est pas en enlevant le choix aux femmes de porter un signe religieux qu’on assure leur indépendance, car on leur enlève toute agentivité.
Crédit image @Le Comité Féministe AGED